Crédit : le marché intègre un environnement bénin

Les spreads de crédit sont à leur juste valeur, estime Dave Sekera de Morningstar.

Dave Sekera, CFA 31.03.2014
Facebook Twitter LinkedIn

Les vues de Morningstar en résumé :

  • Les marchés des obligations privées anticipent un environnement favorable aux États-Unis ;
  • La performance de la classe d’actifs pour le reste de 2014 sera contrainte par des spreds de crédit serrés et par la hausse des taux d'intérêt.
  • Le spread entre les secteurs financiers et industriels se maintient.
  • La croissance économique en Chine montre de nouveaux signes de ralentissement.
  • Les dégradations de note ont été plus importantes que les révisions en hausse au cours du premier trimestre.

Un environnement favorable aux États-Unis

A la date du 17 mars, l’indce Morningstar Corporate Bond a gagné de 2,4%. Cependant, l’essentiel de cette performance s’explique par la baisse des taux d'intérêt à long terme plutôt que par un resserrement des spreads de crédit.

Source: Morningstar

Le mouvement récent de fuite vers la qualité a conduit une baisse de 33 points de base à 2,70% et 3,63% des rendements sur les 10 ans et 30 ans des bons du Trésor respectivement. Au cours de la même période, le spread moyen de l'indice Morningstar Corporate Bond s’est resserré sur ses plus bas niveaux depuis avant la crise financière de 2008-09, mais il s’est récemment de nouveau écarté et est maintenant inchangé pour l'année à 120.

Parmi les autres segments obligataires à ce jour, notre indice des bons du Trésor a augmenté de 1,5%, l’indice US Agency Index a progressé de 0,9%, et notre indice obligataire hypothécaire a gagné 1,8%. La recul des rendements est lié aux données économiques plus faibles que prévu aux États-Unis, perturbée par le temps exceptionnellement froid ainsi que la diminution des anticipations d'inflation. En outre, le ralentissement de la croissance économique et l’augmentation du nombre de défauts en Chine, ainsi que les troubles politiques dans les marchés émergents, en particulier en Ukraine, ont pesé sur le moral des investisseurs.

Après avoir atteint de nouveaux plus bas post-crise du crédit, le récent élargissement des spreads de crédit est très doux par rapport à la fourchette de négociation des indices au cours de la dernière année. A son niveau actuel, le spread de l'indice a retrouvé les niveaux observés au moment où la crise en Ukraine avait pesé sur les actifs risqués à la fin du mois de janvier.

Source: Morningstar.

En outre, les spreads sont encore nettement plus serrés qu’à l'été dernier lorsque le marché des obligations privées a subi un mouvement de vente lié à la hausse des taux des bons du Trésor. Considérant que les spreads de crédit sont près de leurs niveaux les plus resserrés depuis avant la crise financière de 2008-09, les investisseurs sont convaincus que toute contagion potentielle de l'Ukraine ou de la faiblesse économique de la Chine aura un impact très limité aux Etats-Unis.

Basé sur une perspective fondamentale de long terme, nous continuons de penser que les spreads de crédit des entreprises sont correctement valorisés. A travers l'ensemble de notre univers de couverture, nos analystes estiment que le risque de crédit des entreprises devrait rester stable ou s'améliorer légèrement, alors que le resserrement des spreads de crédit sera probablement compensé par une augmentation du risque idiosyncrasique (opérations de fusions financées par de la dette, l'augmentation de l'activisme des actionnaires, etc…).

Toutefois, étant donné que les spreads sont déjà resserrés à un niveau proche de leur juste valeur, nous pensons qu'il y a un risque à court terme qu’ils s’écartent rapidement si le ralentissement en Chine devait s'accélérer ou si la contagion de la crise politique en Ukraine devait se propager dans d'autres anciens Etats soviétiques ou en Europe de l'Est.

Bien que la fuite vers la qualité a poussé les taux d'intérêt vers le bas, nous continuons à penser que les taux longs vont continuer de progresser vers les normes historiques par rapport à l'inflation, les anticipations d'inflation, et la pente de la courbe des taux.

Si la direction que la Fed prend pour réduire et finalement arrêter son programme d'achat d'actifs au cours de cette année est encore incertaine, nous pensons que les taux à long terme vont augmenter et revenir à des niveaux normalisés au moment où la Fed sera proche de la fin de son programme. À un niveau normalisé, nous pensons que le Trésor à 10 ans pourrait se situer entre 3,25% et 3,75%.

Pour aller plus loin

L'intégralité de l'analyse de Dave Sekera est disponible sur Morningstar.com.

Facebook Twitter LinkedIn

A propos de l'auteur

Dave Sekera, CFA  Dave Sekera, CFA, is chief U.S. market strategist for Morningstar.