Amundi AM : la normalisation est un faux ami

Parier sur une normalisation rapide ou chercher à capter des primes de risque dans certaines classes d’actifs peuvent conduire à des déconvenues selon Amundi AM.

Jocelyn Jovène 10.10.2013
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Depuis quelques mois, rassurés par l’amélioration tendancielle d’indicateurs macro-économiques en Europe, aux Etats-Unis, voire en Chine, les marchés font le pari d’une normalisation du cycle économique, de la politique monétaire et plébiscitent les actifs risqués.

Après avoir été secouée par la perspective d’une réduction des achats d’actifs, qui ne s’est pas encore produite, la Bourse évolue depuis l’été dans un environnement plutôt favorable. C’est toutefois oublier que cette situation est en grande partie provoquée par l’action des banques centrales.

« Nous ne croyons pas à une normalisation rapide, y compris à l’Ouest. Les marchés se trompent de bataille. Le risque est toujours celui d’une croissance molle et de l’absence de création d’emplois », a affirmé Pascal Blanqué, directeur général délégué d’Amundi, au cours d’une conférence de presse le 9 octobre à Paris. « La normalisation est un faux ami ».

« Nous pensons qu’il y a un risque pour les investisseurs. Ces derniers sont poussés à aller capter des primes de risque sur des classes d’actifs où ils pourraient se retrouver piégés. En gros, ils se retrouvent à faire du ‘fake alpha’ », a-t-il expliqué.

Pour Pascal Blanqué, le monde est entré dans un nouveau régime macro-financier, où la « lisibilité du couple croissance-inflation est durablement faible », où l’action des banques centrales est moins lisible et où les prix d’équilibre des actifs sont devenus plus difficiles à établir.

En termes d’allocation, Amundi AM estime que les obligations sont chères et vont le rester, et que leur rôle doit être revisité. Les investisseurs doivent davantage raisonner en termes relatifs et élargir leur univers d’investissement.

Dans l’univers du crédit, le gestionnaire d’actif estime qu’il est toujours pertinent de suivre une stratégie de portage tant que les taux courts sont bas. L’univers est d’ailleurs alimenté par une hausse sensible des émissions (convertibles, « high yield » ou « investment grade »).

Au sein des actions, les investisseurs devraient privilégier l’Europe, classe d’actifs où les flux semblent revenir depuis juin dernier - une vue très consensuelle. Alors que jusqu’ici, la hausse des marchés a été portée par la réduction de la prime de risque actions et son corollaire, la remontée des multiples de valorisation, la hausse à venir des actions européennes devrait reposer principalement sur la croissance des bénéfices, laquelle devrait se situer autour de 14% l’an prochain.

Amundi estime qu’en dehors de l’Europe, les actions américaines présentent une valorisation généreuse, tandis que les marchés émergents poursuivent leur processus d’ajustement. Toutefois, l’univers des marchés émergents est hétérogène et peut présenter des opportunités d’investissement, au sein des actions comme de la dette.

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.