Crédit : le marché ignore l’arrêt du gouvernement

La recherche de bonnes affaires pousse les gérants de portefeuilles à faire fi du débat budgétaire aux Etats-Unis, et à faire comme si rien ne se passait.

Dave Sekera, CFA 09.10.2013
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Le marché du crédit semble ignorer les échanges rhétoriques autour du budget et du plafond de dette américains. Les spreads de crédit ont évolué dans une bande étroite la semaine dernière, dans un marché sans direction. Toute velléité d’écartement des spreads attirait des traders qui les ramenaient vers une bande plus étroite de fluctuation.

Cette chasse aux bonnes affaires se porte bien, les gérants ignorant les débats au sein du Congrès américain, faisant comme si rien d’important ne s’y passait. Tous les gros titres annonçant l’imminence d’un défaut du gouvernement américain ne sont absolument pas intégrés par les investisseurs. Après avoir été au bord du gouffre à plusieurs reprises ces dernières années pour être sauvé dans une décision de dernière minute, les investisseurs ont adopté un réflexe de Pavlov et espèrent que cela sera à nouveau le cas cette fois-ci.

L’impact de l’arrêt du gouvernement n’est pourtant pas anodin si l’on en croit Bob Johnson, le directeur de la recherche économique de Morningstar. Au regard de l’impact politique et des répercussions qui sont déjà observées, il semble que tant le Congrès que l’exécutif américain sont condamnés à trouver en même temps une solution sur le budget et sur le plafond de dette au cours des deux prochaines semaines.

Malgré un regain de rhétorique politique, la volatilité des indices reste étonnamment basse. Depuis que nous avons revu notre avis sur les obligations d’entreprises de « neutre » à « surpondérer », les spreads de crédit ont évolué dans une fourchette plutôt étroite. Au cours des douze derniers mois, le spread moyen du Morningstar Corporate Bond Index a évolué entre +129 et +167 et se situe actuellement au milieu de cette fourchette. L’écart-type (mesure de dispersion) de cette série est de 8 points de base contre 30 points de base en 2012.

Les spreads ont rebondi cet été, les investisseurs vendant leurs obligations de long terme pour faire face à l’impact de la hausse des taux. Mais dès que cette dernière a commencé à ralentir, les spreads ont repris environ la moitié de leur mouvement d’écartement. La fourchette de fluctuation cette année n’atteint pour l’heure que 38 points de base, pour une fourchette moyenne de 137 points de base au cours des 13 années passées.

Même en excluant la crise de 2008-2009, la moyenne ressort à 80 points de base, ce qui reste le double de ce que l’on observe depuis le 1er janvier. L’écart-type moyen est de 39 points de base sur 13 ans, ou 22 points de base si l’on exclut l’effet de la crise.

Nous continuons de croire que sur une perspective de long terme, les spreads de crédit sont raisonnablement valorisés dans la fourchette de fluctuation actuelle. Au sein de notre univers de couverture, nos analystes crédit ont une vue équilibrée estimant que le risque de crédit sera stable ou s’améliorera légèrement, mais pensent aussi que le resserrement des spreads sera contrebalancé par une hausse du risque idiosyncratique.

Cependant, à court terme, l’assouplissement quantitatif de la Fed assure un flot de liquidités continu sur les marchés, ce qui devrait pousser les spreads vers le bas de leur fourchette de fluctuation.

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A propos de l'auteur

Dave Sekera, CFA  Dave Sekera, CFA, is chief U.S. market strategist for Morningstar.