Prudence accrue sur les émergents

J.P.Morgan Asset Management s'attend à une nouvelle période de sous-performance des marchés émergents.

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Jusqu’à une période récente, les flux d’investissements concernant les marchés émergents ont été globalement positifs. Depuis 2009, c’est environ 3.900 milliards USD qui ont été investis dans les actifs des marchés émergents, à la fois en dettes et en actions, afflux justifié par des performances plus élevées. Les investisseurs obligataires étaient motivés par l’idée que la dynamique de la dette était en voie de stabilisation, l’inflation en recul et la gestion macro-économique en amélioration ; les investisseurs actions se sont focalisés sur l’idée qu’une forte croissance s’imposerait.

La forte demande pour les classes d’actifs des marchés émergents a permis à des entités souveraines et à certaines entreprises d’accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour d’importants volumes et à des prix favorables, facilitant la mise en oeuvre de politiques expansionnistes. Mais on assiste aussi à une prise de conscience croissante que l’accès à cette liquidité massive a creusé les déséquilibres entre politiques monétaires et fait progresser les déficits extérieurs, éléments susceptibles de générer des vulnérabilités au cas où cet afflux venait un jour à s’inverser.

Cette évolution est dans une certaine mesure arrivée à son terme au cours de ces dernières semaines après les déclarations de Ben Bernanke sur la réduction progressive des achats d’actifs par la Réserve fédérale aux Etats-Unis. La hausse des rendements des bons du Trésor américain a contribué à faire baisser la plupart des devises émergentes par rapport au dollar, tout en contribuant à la hausse des rendements obligataires émergents et à l’élargissement des spreads de crédit souverains émergents.

Nous avons assisté à des sorties de capitaux importantes de la part des fonds actions spécialisés sur les marchés émergents et des fonds de dettes. La violence de certains de ces mouvements peut probablement être mise sur le compte de positionnements précédemment trop massifs. Mais, au même moment, la vulnérabilité d’un grand nombre d’économies émergentes ne doit plus être négligée.

Au fur et à mesure que les taux d’intérêt vont se normaliser aux Etats-Unis et que la capacité d’attraction relative des actifs va se réduire, la conclusion inévitable est que le contexte du financement de la plupart des économies émergentes au cours des 12 prochains mois devrait se détériorer. L’offre de capital international va se raréfier et devenir plus chère du fait du caractère moins accommodant de la politique monétaire des Etats-Unis. A certains égards, on peut s’en réjouir dans la mesure où ceci va permettre une correction des déséquilibres politiques dans les économies émergentes considérées individuellement.

Mais, comme toujours, cette période de correction va être inconfortable dans la mesure où l’on va assister à un resserrement des politiques monétaires et/ou budgétaires pour effectuer ce nécessaire rééquilibrage. Nous prévoyons donc une nouvelle sous-performance de l’univers des marchés émergents, les taux de croissance étant censés adopter un rythme moins élevé. Dans un tel cadre, nous anticipons un affaiblissement des devises émergentes, une hausse des rendements obligataires et un élargissement des spreads de crédit.

Ce texte a été rédigé par Joanthan Lowe, stratégiste chez J.P.Morgan Asset Management.

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