La FCA demande des efforts aux sociétés de gestion britanniques

Le régulateur estime que la rentabilité de l’industrie est excessive, qu’elle fait preuve de peu de transparence.

Morningstar 28.06.2017
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La Financial Conduct Authority vient de publier son rapport sur l’industrie de la gestion d’actifs au Royaume-Uni, et suggère que d’importants progrès peuvent être accomplis en matière de transparence, de concurrence et de réduction des frais.

L’industrie britannique de la gestion d’actifs gère environ 7.000 milliards de livres (près de 8.000 milliards d’euros) et rend un service à l’économie domestique et aux épargnants.

Mais l’autorité demande que des efforts soient entrepris pour fournir une information plus claire, réduire les frais de gestion et accroître le degré de concurrence dans le secteur.

Andrew Bailey, directeur de la FCA, s’est montré très critique quant à la façon dont l’industrie est aujourd’hui gérée. « Malgré le grand nombre d’intervenants, l’analyse de la FCA fait apparaître un niveau de rentabilité élevée, sur une longue période de temps. La FCA a également trouvé que les investisseurs ne savent pas clairement quels sont les objectifs des fonds qui leur sont vendus et que la performance des fonds n’est pas toujours mesurée face à l’indice de référence le plus approprié. »

Il a ajouté : « dans l’environnement actuel de faibles taux d’intérêt, il est vital que le public puisse obtenir un rendement qui lui permette d’épargner suffisamment. Plus de concurrence est nécessaire pour y parvenir. »

Plusieurs pistes de réflexion

Le rapport met en avant plusieurs « remèdes ». L’un des plus radicaux est d’imposer aux gestionnaires d’actifs de publier un seul niveau de tarif, regroupant l’ensemble des frais de gestion (« all-in »). Ce tarif tiendrait compte de frais, tels que les frais de trading, qui ne sont souvent pas inclus dans les frais de gestion courants présentés aux investisseurs.

L’espoir est que cette mesure accroisse la concurrence et fasse au final baisser les frais de gestion.

Cette charge n’est pas nouvelle. Dans une version intermédiaire de son rapport publiée en novembre 2016, la FCA s’était déjà montrée très critique à l’égard du niveau des frais appliqués par les sociétés de gestion.

Ce niveau de frais élevés se traduit par un niveau de rentabilité conséquent, que la FCA estime à 36% (calculé sur la base d’un échantillon).

Les autres mesures proposées prévoient le renforcement de l’obligation des gérants de fonds d’agir dans le meilleur intérêt de leurs clients. Pour y parvenir, la FCA recommande que le conseil d’administration des sociétés de gestion comporte au moins deux administrateurs indépendants.

Un accueil favorable

Les réactions au rapport ont été plutôt positives. Sean Hagerty, directeur de Vanguard Europe a estimé que le rapport de la FCA « constitue un moment important pour les investisseurs. Nous soutenons son effort pour réduire les coûts et la complexité en matière d’investissement. Les consommateurs bénéficient toujours de prix plus faibles, d’une meilleure qualité et d’une information plus transparente. »

Martin Gilbert, directeur général d’Aberdeen Asset Management, a également bien accueilli le rapport. « Ses recommandations pour améliorer les protections des investisseurs à travers une meilleure gouvernance et d’accroître la concurrence via plus de transparence sur les frais et les objectifs sont constructifs », a-t-il souligné.

La FCA va-t-elle assez loin

Pour d’autres commentateurs, la FCA ne va pas assez loin. Gina Miller, de SCM Direct, estime que « si la FCA a un agenda favorable au consommateur, le fait qu’ils traînent des pieds sur d’autres aspects déçoit. L’industrie britannique de la gestion d’actifs a volé les investisseurs pendant des décennies et il est temps que le régulateur agisse plutôt que de consulter l’industrie et ses représentants. »

Patrick Connolly, CFP chez Chase de Vere, estime pour sa part que « pendant trop longtemps, les consommateurs ont subi des frais excessifs, une performance médiocre et un manque de transparence ». Il a estimé que le problème était particulièrement évident pour l’indexation cachée ou les fonds de fonds.

Si la concurrence existe vraiment dans la gestion passive, les frais de gestion très bas qu’elle pratique ne sont pas les seuls que les investisseurs paient, car s’y ajoutent souvent les frais des plates-formes qui distribuent ces produits.

 

 

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