Allocation : moins de cash, plus d’actions

L’incertitude politique pèse sur l’allocation par zone géographique, au détriment de l’Europe.

Jocelyn Jovène 13.12.2016
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« Wall St. is bullish » (« Wall Street est optimiste »). Les investisseurs reviennent de façon plus marquée vers les actifs risqués depuis quelques semaines.

Selon la dernière enquête de Bank of America Merrill Lynch, les actions sont redevenues un actif prisé, mais pas dans toutes les régions. Le Japon et les Etats-Unis ont les faveurs des investisseurs. L’Europe a contrario est toujours délaissée, reflet sans doute des incertitudes politiques, et ce en dépit d’une conjoncture qui s’améliore et d’une Banque centrale européenne accommodante.

Le retournement de style sur le marché profite aux titres « value », et en particulier à deux secteurs : les matériaux de base et les banques. La santé, la technologie, et la consommation courante sont en revanche sous-pondérés dans les allocations.

Ce mouvement de rotation, décrit par nos boîtes de style, reflète la remontée des anticipations de croissance et d’inflation chez les investisseurs. 57% pensent que la croissance mondiale est bien en train de repartir (un plus haut depuis 19 mois) et 84% estiment que l’inflation va croître (retrouvant les plus hauts atteints par l’enquête en juin 2004).

Les résultats de l’enquête sont confortés par les données de collecte de Morningstar, qui faisaient apparaître une grande sélectivité des investisseurs à l’égard du risque.

Pour les investisseurs, les paris les plus populaires actuellement sont les positions « longues » sur le dollar et dans une moindre mesure les paris de « faible volatilité » (« low vol ») et le crédit européen ou américain.

L’enquête fait également ressortir le risque politique comme le principal facteur d’incertitude. Cela ne doit guère surprendre au regard de l’agenda politique chargé en Europe, tandis qu’aux Etats-Unis l’année sera marquée par la prise de fonction de Donald Trump et la mise en œuvre de sa politique de relance centrée sur les infrastructures et les réductions d’impôts.

L’autre facteur de risque majeur pour les investisseurs est un krach obligataire. La remontée des taux longs a été rapide depuis cet été. En dépit de l’annonce attendue d’une hausse des taux directeurs de la Fed ce mois-ci et la poursuite de la normalisation de la politique monétaire américaine, de nombreux investisseurs s’inquiètent d’un retard trop important que prendraient les autorités monétaires sur l’évolution de l’inflation, en particulier si les hausses de salaires devaient s’accélérer et peser plus fortement sur la rentabilité des entreprises (récession des profits).

Le mois est également marqué par un revirement de sentiment à l’égard des actifs émergents. La remontée des taux longs et du dollar est en effet un facteur de risque pour la classe d’actifs, que l’on retrouve dans une forte réduction des pondérations qui lui sont affectées.

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.