Actions japonaises : quoi de neuf ?

La chute récente des prix fait oublier à de nombreux investisseurs l'analyse des fondamentaux et de la valorisation des actions japonaises.

Morningstar 22.07.2016
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Cet article rédigé par Dan Kemp, CIO Morningstar Investment Management Europe, a été publié en juin 2016 dans la revue International Investment.

Peu de choses excitent plus un investisseur « value » que la chute du prix d’un actif déjà attrayant. Toutefois, avant d’agir, il est important de savoir si cette baisse de valeur reflète un changement fondamental de la valeur intrinsèque de l’actif en question ou s’il s’agit seulement d’une variation de prix.

Le recul des actions japonaises depuis le début de l’année (-12%) après l’annonce de la Banque du Japon (« BoJ ») de ne pas accroître à ce stade la taille de son programme d’assouplissement quantitatif offre une bonne étude de cas. Afin d’évaluer la pertinence de la décision de la « BoJ », il est important de prendre en considération l’horizon de temps de l’investisseur.

Nous savons que sur longue période, les actions reflètent la valeur des flux de trésorerie futurs des actifs sous-jacents et le savoir-faire en matière d’allocation de ces flux. Les investisseurs de long terme, comme les fondations, tendent à évaluer les cash-flows de leurs placements sur un horizon de temps long, ignorant les nouvelles qui peuvent avoir un impact à court terme.

A l’inverse, les investisseurs plus court-termistes se préoccupent plus de leur allocation tactique pour capter les effets de momentum et s’intéressent à la façon dont les investisseurs évaluent immédiatement les classes d’actifs.

La majorité des investisseurs, qui se situent entre ces deux extrêmes, se préoccupent davantage de l’évolution des cours de Bourse que des fondamentaux et du long terme.

A travers ce prisme, la décision de la BoJ a un impact significatif pour les investisseurs plus court-termistes, car ce type de décision a un impact majeur sur l’évolution des indices boursiers. Cela peut s’illustrer dans le graphique suivant, qui illustre l’évolution des flux sur les actions japonaises au cours des 10 dernières années et montre le changement de sentiment des investisseurs début 2013 après l’élection de Shinzo Abe.

Toutefois, l’annonce récente intervient au moment où l’économie japonaises pourrait retomber en récession, après être déjà entrée de nouveau en déflation. Il est donc logique que les investisseurs ne soient guère emballés et que leur sentiment soit devenu négatif à partir d’avril.

A l’inverse, la décision de la BoJ n’a que peu ou pas d’impact sur la valeur de long terme des actions japonaises et ne devrait pas affecter les allocations stratégiques des investisseurs.

Pour les investisseurs dont l’horizon de placement se situe entre ces deux extrêmes, l’impact est plus nuancé. D’un côté, la baisse des prix et l’absence de changement de juste valeur augmente la décote de valorisation des actions japonaises, renforçant l’idée qu’il s’agit d’une opportunité d’investissement attrayante. D’un autre côté, les changements de politique monétaire retirent un mécanisme de réalisation de cette valeur et leur capacité à produire des rendements excédentaires.

Lorsqu’on met en regard ces forces contraires, il est important de se rappeler que les investisseurs accordent trop d’importance aux nouvelles récentes qu’à l’analyse fondamentale. C’est un biais psychologique classique sur les marchés financiers.

Par conséquent, il peut nous arriver de surestimer l’importance de nouvelles récentes, alors qu’en réalité, la valorisation est un bien meilleur instrument pour prévoir le rendement futur d’une classe d’actifs que les prévisions économiques ou les tendances politiques. Il est donc important de se focaliser sur l’analyse fondamentale et d’atténuer le plus possible le bruit alentours.

Bien que la politique monétaire ne soit plus un soutien aussi fort qu’auparavant, nous sommes confiant dans le fait que la décote de valorisation se réduira avec le temps et donc que d’autres mécanismes permettant la réalisation de cette valeur émergeront.

Une fois identifiée l’opportunité d’investissement, la question est de savoir comment l’exploiter lorsque l’on est un conseiller financier ou un gérant de portefeuille. La première chose à faire est de rebalancer portefeuille pour être en phase avec l’allocation cible. Cela résultera en une injection de capitaux au détriment de celles qui ont le mieux performé.

L’alternative est d’ajouter de manière sélective des actifs japonais au détriment d’autres actifs moins attrayants. Lorsque l’on choisit cette voie, il faut avoir à l’esprit deux choses. La première est que les marchés sont imprévisibles et que les performances sur la seule valorisation peuvent ne pas se produire sur un horizon d’investissement en phase avec les besoins de l’investisseur. Investir trop tôt dans une phase de baisse peut conduire à réduire ses positions au pire moment. Il est tout aussi important de se rappeler que le potentiel de rebond sur le long terme est plus significatif et probable qu’un rebond de court terme. Le capital doit donc être investi pour une longue période de temps.

La deuxième est que pendant les phases de crise, « toutes les corrélations reviennent vers 1 ». Cela n’est pas littéralement vrai, mais il faut noter que les opportunités d’investissement peuvent émerger par paquets qui peuvent être liés les uns aux autres. Ces relations tendent à se renforcer pendant les phases de crise car les investisseurs vendent sans discernement. Plutôt que de regarder aux corrélations historiques, il est important de se rappeler l’importance des moteurs de performance fondamentaux de chaque actif d’un portefeuille et de voir comment ils se comportent les uns avec les autres.

En ce qui concerne les actions japonaises, ou n’importe quel autre actif, il est important de noter que ces concepts doivent avant tout aider les investisseurs à s’engager sur le long terme que d’être obligé de sortir de leurs positions au mauvais moment. C’est cette implication constante sur le long terme couplée à l’appréciation de la valeur fondamentale qui permettent aux investisseurs de convertir un sentiment de panique en une source de performance pour leurs clients.

Flux mensuels vers les actions japonaises

Japanese equities flows

Source: Morningstar Direct

 

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