Rechercher du rendement pour la retraite : l’avis de Morningstar

Le rendement du dividende n’est qu’un moyen parmi d’autres de générer

Christine Benz 18.05.2016
Facebook Twitter LinkedIn

Cet article a été initialement publié en novembre 2015 sur www.morningstar.com. Son intérêt est de montrer comment la problématique de la génération de revenu est traitée outre-Atlantique.

La génération d’un complément de revenu peut être la préoccupation de nombreux retraités. Aux Etats-Unis, c’est une réalité et certains sont obsédés par la capacité à disposer d’un revenu, et donc à placer toute leur épargen dans des produits à même de générer du rendement.

Cette préoccupation faisait sens lorsque les taux d’intérêt étaient plus élevés qu’aujourd’hui. Un portefeuille suffisamment diversifié mais assez peu risqué pouvait permettre de produire un rendement suffisant pour couvrir une partie de ses dépenses. Cette idée de disposer d’un capital qui produirait un revenu régulier a longtemps fait recette. Mais ce n’est pas la seule approche possible.

Générer uniquement un revenu

Cette stratégie vise à n’utiliser que le produit de ce qu’un portefeuille d’obligations, d’actions, voire de cash peut produire.

Pour : N’ayant pas besoin de consommer le capital, cela donne l’assurance d’une « durée de vie » suffisamment longue pour couvrir ses besoins. Cela peut même laisser envisager de laisser un capital à ses héritiers.

Contre : D’un strict point de vue de style de vie, de nombreux retraités préfèrent avoir un flux régulier et prévisible de revenus, tout comme c’était le cas lorsqu’ils recevaient leur paie. Mais ne s’appuyer que sur le seul rendement de son portefeuille de titres place à la merci de l’environnement de taux d’intérêt. Lorsque ces derniers sont très bas, la génération de revenu est donc contrainte. Cela peut mettre sous pression certains investisseurs et les obliger à consommer une partie de leur capital. Ou alors à aller vers des placements présentés comme sûrs car ayant un profil obligataire, mais plus risqués.

Réinvestir et rebalancer : rendement total

Le retraité réinvestit tous ses revenus, dividendes et gains en capital dans son portefeuille. Il rebalance son portefeuille régulièrement, cédant les positions qui ont gagné le plus pour ramener l’ensemble du portefeuille en ligne avec son allocation cible (cette allocation pouvant devenir plus prudente au fil du temps).

Pour : Le gros avantage de l’approche visant un rendement total est qu’elle est directement liée à l’évolution des marchés, ce qui permet de tirer parti du potentiel d’appréciation du capital. Les actifs quis sous-performent peuvent rester en place en attendant de jours meilleurs ou être renforcés s’ils ont un réel potentiel d’appréciation.

Dans un marché baissier, un investisseur aurait ainsi écrémé la part de son portefeuille investi en obligations de qualité sans toucher à sa poche actions. Avec le rebond des marchés actions, il pourrait vendre certains titres et se retrouver ainsi en ligne avec son allocation cible.

Contre : Rebalancer trop souvent a un coût et cela peut conduire à agir plus tôt que nécessaire, donc potentiellement réduire le potentiel d’appréciation du portefeuille. Cela nécessite de disposer d’un capital suffisant pour se constituer un panier comportant essentiellement des liquidités pour couvrir les dépenses courantes de 2-3 ans, et de disposer d’autres « paniers » qui permettent à l’investisseur d’avoir plus de temps pour arbitrer en fonction des opportunités de marché.

Revenu et rebalancement : approche combinée

Cette stratégie utilise à la fois l’approche « rendement total » et l’approche « revenu ». Le portefeuille est rebalancé régulièrement. La génération de revenu des actifs (cash, obligations, dividende) sert à couvrir les dépenses du ménage. Si elle n’est pas suffisante, le retraité peut envisager de rebalancer pour trouver des sources de revenu additionnelles.

Pour : Cette approche permet d’avoir une vue sur le niveau de revenu que peut générer son portefeuille. Cette distribution de revenu peut même servir de protection dans les phases de volatilité des marchés, les titres à rendement fixe ou à dividende étant théoriquement moins volatils que le reste du marché. Ce surcroît de rendement peut également servir à éviter de consommer son capital.

Contre : Comme le revenu et la distribution de dividendes ne sont pas réinvestis, le rendement total du portefeuille sur le long terme est potentiellement inférieur.

Facebook Twitter LinkedIn

A propos de l'auteur

Christine Benz

Christine Benz  responsable des questions de finance personnelle de Morningstar.