Bourse : les actionnaires préfèrent la distribution de cash à l’investissement

Les sociétés qui privilégient le retour de cash aux actionnaires sont plus chèrement valorisées, mais devraient mieux résister à une hausse de taux.

Jocelyn Jovène 29.05.2015
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Tout le monde n’est pas Warren Buffett. Les investisseurs peuvent tolérer que Berkshire Hathaway ne distribue pas de dividende en particulier au regard de l’excellence en matière d’allocation du capital du conglomérat sous la houlette de Buffett et Munger, il n’en va pas de même au regard des autres entreprises cotées en Bourse.

La pression pour que ces dernières continuent de distribuer des dividendes plutôt que de réinvestir dans leur outil productif est toujours forte. Ainsi, Apple a investi l’an dernier 16 milliards de dollars, mais a distribué 56 milliards à ses actionnaires (son cours de Bourse a d’ailleurs bondi de 38%).

Selon une étude des stratégistes de Citi, en 2014, les entreprises au sein de l’indice MSCI AC World ont réduit leurs investissements de 6% mais ont accru leur distribution de « cash » (dividendes et rachats d’actions) de 15%.

Pour chaque dollar rendu aux actionnaires, ces entreprises n’ont réinvesti que 1,7 dollar (contre 3,8 dollars en 1995).

« Cela reflète une préférence continue des investisseurs pour la distribution de capital plutôt que pour le réinvestissement du capital. Les marchés et secteurs qui privilégie le premier au détriment du second sont récompensés par une surperformance et une meilleure valorisation », écrivent les stratégistes de Citi.

Le « retour de capital » rapporté au cours de Bourse de ces entreprises se situe à 4,6%, et se compare à une médiane de 3,1% pour l’indice représentant l’ensemble des entreprises cotées dans le monde. Mais ces valeurs sont relativement plus chères puisqu’elles affichent un P/E à 12 mois de 19,7x contre 18x pour l’indice.

L’autre enseignement intéressant de l’analyse de Citi est que ces valeurs qui privilégient le retour de cash à l’investissement se comportent relativement mieux que les autres en période de hausse des taux.

Ces valeurs ont plutôt bien réagi pendant le « Taper Tantrum » de mai 2013 (quand Ben Bernanke a évoqué la fin du quantitative easing provocant une brutale hausse des taux longs américains). Pour Citi, ces sociétés devraient bien se comporter lorsque la Fed débutera le resserrement de sa politique monétaire.

Les stratégistes de Citi dressent en outre une liste de 50 sociétés qui génèrent d’importants flux de trésorerie disponible, leurs « vaches à lait » (ou « cash cows »), et notent que l’on trouve surtout ces sociétés dans l’univers des logiciels, des médias, de l’alimentation et du tabac et dans l’équipement technologique… et également surtout aux Etats-Unis, même si les marchés actions sont considérés à raison comme particulièrement bien valorisés.

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Valeurs citées dans l'article

NomValeurVariation (%)Notation Morningstar
Apple Inc169,02 USD1,27Rating
Berkshire Hathaway Inc Class B405,95 USD-0,68Rating

A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.