ETF: le poids de la devise

L’élément monétaire est potentiellement décisif. En tout cas, il est préférable se couvrir.

Valerio Baselli 09.02.2015
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Lorsque l'on investit avec un horizon mondial, le facteur monétaire peut faire la différence entre les gagnants et les perdants. “Depuis sa création, l’euro a eu un impact majeur sur les portefeuilles exposés à des actions internationales, en particulier pour ceux qui les gardaient pendant une longue période”, affirme Matteo Paganini, analyste en chef chez FXCM, expliquant comment la force de la monnaie unique a été un poids pour les investisseurs dans la zone euro.

Le jeu monétaire

Normalement, le rendement des titres étrangers est donné par la performance du marché qui, toutefois, doit être retraité des fluctuations monétaires. Cela peut se traduire par des différences importantes. Fondamentalement, si la devise étrangère s’apprécie face à la monnaie locale, l’effet sera positif, parce que les actifs libellés dans une autre devise acquerront de la valeur. Inversement, si la monnaie locale (l’euro pour nous) se renforce, cela aurait un effet négatif sur les actifs étrangers, donc sur la performance de l’indice sous-jacent.

Historiquement, l’euro a été surévalué

“Lorsque l’euro est né, on a cru que la volatilité des taux de change pour les investisseurs du Vieux Continent allait baisser de manière significative, mais le contraire s’est produit”, explique Matteo Paganini. “La monnaie unique a atteint 1,60 contre le dollar en venant de 0,80. Plus récemment, la volatilité a été très élevée. D’ailleurs, les politiques de l’ancien président de la BCE, Jean-Claude Trichet, ont beaucoup poussé dans ce sens”. Le français avait porté le taux d'intérêt jusqu’à 4,25% en juillet 2008 pour combattre une inflation élevée, qui en réalité était principalement liée aux coûts très élevés des matières premières. Cela a attiré d'énormes flux vers la monnaie unique, amplifiant son appréciation face aux autres devises.

Change euro - dollar à 10 ans (janvier 2005 - janvier 2015)

 

Source: Morningstar.

Le graphique ci-dessus montre clairement comment la monnaie unique a reculé face au dollar au cours des dernières mois, et les récentes décisions de la BCE suggèrent que la tendance ne fait que commencer. Selon les analystes de Goldman Sachs, les deux devises pourraient atteindre la parité d'ici 2016. Convient-il, donc, d'exploiter ces mouvements et s’exposer à des titres étrangers sans protection?

 

“Nous croyons qu’en ce moment les conditions sont réunies pour voir l’euro descendre encore. Cependant, le niveau de la volatilité restera très élevé, donc nous pensons que, indépendamment de l’horizon d’investissement, il est toujours préférable de couvrir le risque de change”, affirme Paganini.

 

La couverture a un coût (et un effet)

 

Comme le démontre le graphique ci-dessous il ne faut pas faire l’erreur de croire que le rendement couvert par le risque de change coïncide parfaitement avec la performance en monnaie locale. D'abord, parce qu'il y a toujours des frais à payer. Ensuite, parce que les gestionnaires de fonds (ou les émetteurs d’ETF), afin de créer un instrument couvert, utilisent souvent des contrats dérivés, qui sont assujettis, entre autres choses, aux effets de portage et de roulement.

 

Les contrats à terme doivent être remplacés périodiquement lorsqu’ils arrivent à échéance; le «roll» est déterminé par la différence entre la valeur du contrat existant et celle des échéances ultérieures. Ce rendement peut être positif ou négatif.

 

Rendement 2004 – 2014 de l’indice MSCI World couvert contre le risque de change, pas couvert et en monnaies locales.

 

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A propos de l'auteur

Valerio Baselli

Valerio Baselli  est éditorialiste sénior chez Morningstar.