Les investisseurs sont-ils rationnels ? Prise en main

Les distorsions cognitives sont souvent la cause des mauvaises performances. Comment les minimiser? Voyage au coeur de la finance comportementale.

Valerio Baselli 26.03.2012
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La peur, la cupidité, la hâte, le sentiment d'insécurité, l’excès de confiance… il s’agit là de quelques-unes des émotions qui entrent en jeu quand il s'agit d'investir. Commençons un voyage dans le monde de la finance comportementale afin d'aider les investisseurs à devenir plus lucides et, par conséquent, plus attentifs aux erreurs faites inconsciemment lors de la gestion d'un portefeuille. La première étape de ce voyage fournit une introduction générale au sujet. Nous explorerons les erreurs les plus communes dans les prochains épisodes.

Economie comportementale

La behavioural economics est une discipline qui se trouve à la frontière entre l'économie et la psychologie. Parmi ses nombreux domaines d’étude, on trouve plus précisément, la finance comportementale qui applique la science de la psychologie cognitive à la compréhension des décisions financières et à la manière dont celles-ci influent les prix de marché et l’allocation des ressources des investisseurs. Economie comportementale et finance comportementale s’intéressent à la rationalité, ou plutôt à son absence, chez les agents économiques.

La finance comportementale est une discipline relativement nouvelle qui a, en partie, révisé certaines des théories les plus importantes néoclassiques qui ont pour base l'hypothèse selon laquelle les agents économiques sont parfaitement rationnels et informés. Le travail le plus important sur l'économie et la finance comportementale a été écrit par Kahneman et Tversky en 1979. L'étude, Prospect theory: Decision Making Under Risk, utilisait des techniques de la psychologie cognitive pour expliquer un certain nombre d'anomalies documentées dans la prise de décision économique rationnelle. Une autre étape dans le développement d'études de l'économie comportementale a été une édition spéciale de 1997 du Quarterly Journal of Economics, l'une des publications de premier plan dans l'économie politique, dédié à ce thème. Enfin, nous notons l'attribution du prix Nobel d’économie à Daniel Kahneman en 2002 "pour avoir intégré les résultats de la recherche psychologique dans la science économique, en particulier au sujet du jugement humain et théorie de la décision dans des conditions d'incertitude".

Entre certitude et espérance

Comment appliquer ces théories dans la pratique? Prenons un exemple simple. Disons qu'un individu est confronté à deux options : l’option A lui donne 50% de chances de gagner 1.000 € et l'option B 25% de chances de gagner 2.000 €. Une personne parfaitement rationnel serait complètement indifférent à ce choix, puisque l’utilité attendue serait la même (0,50 * 1.000 = 0,25 * 2.000 = 500).

Mais les économistes comportementaux ont montré les limites de cette façon de voir. Considérons une situation légèrement différente: l'option A dit que l'individu a 50% des chances de gagner 1.000 € et l'option B donne la possibilité de recevoir 450 € immédiatement. L'investisseur rationnel choisirait toujours l'option A, car l’utilité attendue est plus élevée (0,50 * 1.000 = 500 contre 1,00 * 450 = 450). Toutefois, il n'est pas nécessaire d'être un grand clerc pour comprendre que n’importe qui choisirait l'option B. 

Essentiellement, la finance comportementale a démontré au fil des ans que les investisseurs souvent ne se comportent pas rationnellement face à un bénéfice futur et incertain. Donc, connaître et savoir différencier ces distorsions cognitives est important pour les investisseurs et les gestionnaires.

La semaine prochaine, nous parlerons de l'aversion aux pertes (loss aversion) et de comment les stratégies passives peuvent vous aider à la gérer.

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A propos de l'auteur

Valerio Baselli

Valerio Baselli  est éditorialiste sénior chez Morningstar.