Petit fonds deviendra grand

La taille des encours sous gestion n’est pas le seul critère utilisé pour noter un fonds.

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Un des critères majeurs que nous retenons pour initier la couverture qualitative d’un nouveau fonds est sa taille. En effet, plus un fonds est gros, plus le nombre d’investisseurs intéressés par une opinion indépendante sur ses perspectives est important. Or, la taille des encours n’est pas le seul critère qui nous intéresse et Morningstar couvre également des fonds plus petits si l’équipe de recherche pense qu’a priori ils présentent un intérêt particulier pour les investisseurs. « Petits » en valeur absolue, ou par rapport à la taille des autres fonds de leur catégorie.

 

Le tableau ci-contre présente les fonds qui ont une bonne note qualitative (Supérieur et Elite) et dont les encours sont inférieurs à 250 millions d’euros. Prenons le cas du fonds BL Equities America par exemple. Il n’est pas véritablement petit mais avec 215 millions d’encours, alors que les plus gros fonds de la catégorie dépassent largement le milliard d’actifs sous gestion, il n’aurait pas été couvert sur le seul critère de la taille. Dans ce cas, la stratégie nous a paru intéressante car  elle reprend l’approche disciplinée que la société de gestion de Banque de Luxembourg a développée avec beaucoup de succès sur son fonds d’actions européennes, pour l’appliquer à l’univers américain.

 

En tête du tableau, le fonds Franklin Mutual Euroland, noté Elite, n’a quant à lui que 14 millions d’euros d’actifs sous gestion. Lancé en octobre 2008, ce fonds permet aux investisseurs qui souhaitent s’exposer aux actions de la zone euro de bénéficier de la longue expérience de son gérant, Philippe Brugère-Trélat, et de la grande qualité  de l’approche value du groupe Mutual Series. Là aussi, c’est notre connaissance de l’équipe, Franklin Mutual European gère 3,2 milliards d’actifs et est noté Elite, qui nous a permis d’identifier ce fonds en amont.

 

L’équipe de recherche de 30 analystes de Morningstar en Europe met également à profit l’expertise accumulée par le groupe aux Etats-Unis depuis 1984 pour dénicher de bons fonds susceptibles d’intéresser des investisseurs européens. Le fonds d’obligations internationales Loomis Sayles Global Opportunities Bond par exemple est la version enregistrée à la vente en Europe du fonds américain Loomis Sayles Global Bond Retail que nos collègues outre-Atlantique couvrent depuis de  nombreuses années. Là-bas, c’est un « Analyst Pick », c'est-à-dire que le fonds fait partie des plus fortes convictions de l’équipe. Ici, nous apprécions également beaucoup la stratégie. Cependant, elle est notée Supérieur et pas Elite, en raison de de frais de gestion qui sont plus élevés que la médiane de la catégorie des fonds enregistrés à la vente en Europe.

 

Les frais de gestion sont d’ailleurs un autre critère de sélection utilisé pour initier la couverture d’un fonds. Métropole France, par exemple, pesait moins de 50 millions lorsque nous l’avons noté pour la première fois en janvier 2010. Au-delà de notre considération pour l’équipe et son style de gestion cohérent, le total des frais sur encours, à 1,6% contre 1,8% pour la médiane de la catégorie Actions France Grandes Capitalisations, donne selon nous au fonds un avantage compétitif supplémentaire pour surperformer sur le long terme. Au-delà du montant des frais de gestion, c’est parfois leur structure même qui permet de distinguer certains fonds. Moneta Micro Entreprise par exemple avait retenu notre attention dès le lancement de la notation qualitative en février 2009 car la société ne prélevait pas de commissions de mouvement, une pratique malheureusement très répandue dans l’Hexagone. Nous n’avions pas été déçus par les autres piliers que nous analysons lors de l’attribution d’une note qualitative (équipe, processus d’investissement, société de gestion, performance) puisque le fonds est noté Elite. Ce fonds, notamment investi sur des toutes petites capitalisations, est par contre appelé à rester à une taille raisonnable puisqu’il ferme aux nouvelles souscriptions au-delà de 120 millions d’encours dans le but de protéger les intérêts des investisseurs existants. En revanche, notre analyse du fonds nous avait permis de découvrir un autre fonds de la société, Moneta Multi Caps, également noté Elite, qui investit sur tous les segments de capitalisations mais qui, fort de son succès, n’a plus sa place dans le tableau ci-contre.

 

Thomas Lancereau, CFA, est directeur de l’analyse fonds Morningstar France.

 

 Cet article a initialement été publié dans le numéro 3 (Juin 2011) de Morningstar Professionnal

 

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A propos de l'auteur

Thomas Lancereau, CFA

Thomas Lancereau, CFA  Directeur de l'Analyse des Fonds, Morningstar France