Matières premières trop chères, indices boursiers incertains, situation internationale peu lisible… Pas de doute, nous sommes de nouveau entrés dans une période de volatilité et les investisseurs s’interrogent de plus en plus sur les fonds à adopter pour traverser une passe dont on ne sait pas si elle aura une sortie par le haut ou par le bas.
Et parmi les questions les plus reçues revient régulièrement celle de savoir quel type de fonds il convient d’opter et quels sont les grands profils de fonds : faut-il suivre le marché ou essayer de se mettre à l’écart ?
Disons schématiquement qu’en matière de gestion il existe deux extrêmes : la gestion passive qui suit le marché et évolue dans le sillage d’un indice, et d’autre part la gestion active qui veut s’abstraire du marché et ne pas subir sa dictature.
La gestion passive quand les marchés sont bien orientés
Le gestion passive part souvent du présupposer que sur le long terme il n’est structurellement pas possible de faire mieux que le marché. La gestion est alors passive dans la mesure où elle colle à l’indice : le gérant met en portefeuille essentiellement des titres qui composent l’indice. La forme la plus aboutie de cette gestion passive, ou indicielle, est constituée par les ETF (Exchange Traded Fund) encore appelés trackers.
Dans le cas du marché français, le fonds EasyETF Cac40 par exemple reproduit fidèlement le comportement de l’indice phare de la bourse de Paris. Autres avantages des ETF : ils affichent des frais planchers (et pour cause puisqu’il n’y a à proprement parler pas de gestion) et ils sont cotés en bourse en continu. Si on est convaincu que le marché va monter et qu’on ne cherche pas à le surperformer (à faire mieux) alors il ne faut pas chercher midi à 14h : il suffit d’acheter un ETF.
Autre cas il faut se tourner vers un tracker : lorsque l’on s’intéresse à une classe d’actif un peu exotique, ou difficilement maîtrisable, comme l’Inde, le Chine ou tout simplement les matières premières. Plutôt que de chercher un fonds qui va jouer la classe d’actifs avec plus ou moins de bonheur, le plus simple est de jouer par exemple le Lyxor ETF Commodities dans le cas des matières premières.
Le petit quelque chose en plus…
Alors bien sûr, on peut être tenté de profiter d’une tendance haussière en se disant que l’on va essayer de faire un peu mieux et de gratter un petit quelque chose. C’est la gestion indicielle active que l’on retrouve par exemple dans le fonds ING Actions France Indice CAC 40 qui se fixe somme objectif "de sur-performer l'indice CAC 40 sur le long terme par la mise en oeuvre d'une gestion active à base indicielle en sur ou sous pondérant certaines valeurs. " Concrètement cela signifie que le gérant investit essentiellement en valeurs du CAC 40 et en s’autorisant une sur ou sous-pondération du titre par rapport à son poids dans l’indice.
Cette approche bien sûr peut produire de bons résultats. Mais il faut garder à l’esprit que le gérant peine à faire régulièrement mieux que son indice et que le fonds supporte, assez logiquement, des frais de gestion plus importants que ceux d’un simple ETF.
Notons que cette gestion indicielle active peut-être plus ou moins sous contrainte : certains gérants ne s’autorisent qu’une sur ou sous-pondération de 2 à 4% d’un titre par rapport à son poids dans l’indice alors que d’autres comme avec le fonds BNP Paribas Smallcap France (dont l’objectif est "d'obtenir une performance supérieure à celle de l'indice SBF second marché, sur une période d'investissements de 3 à 4 ans") se fixent une limite à la hausse mais aucune à la baisse, avec la possibilité d’investir hors indice.
La gestion de conviction
A l’opposé de la gestion passive et de ses différentes moutures indicielles on trouve la gestion active avec là encore des déclinaisons. Le cas le plus tranché de gestion active se rencontre avec le gérant qui déclare ne pas se soucier de savoir comment se comporte l’indice mais qui ambitionne de gagner de l’argent, sans nécessairement suivre ou même faire mieux que l’indice. C’est l’univers des "stock pickers", ces sélectionneurs de valeurs qui se fondent sur leurs seules convictions : Didier Le Ménestrel qui gère le fonds Agressor à la Financière de l’Echiquier ou de Gérard Augustin-Normand de Richelieu Finance.
Bien souvent ces stock pickers ne profitent pas de toute la hausse des marchés, mais en revanche lorsque les indices s’effondrent ils amortissent mieux le choc. Il suffit pour s’en convaincre de regarder les courbes de performances sur 1 an, 3 ans et 5 ans des fonds Agressor et Richelieu Patrimoine.
Mais en matière de gestion active la construction de portefeuille n’est pas nécessairement que "bottom-up", c'est-à-dire du bas vers le haut par la seule sélection de valeurs. Certains gérants allient stock picking et approche top-down. Dans ce cas, le gérant commence par réaliser une analyse globale de type macro-économique : baisse de la consommation des ménages, hausse des matières premières, consolidation dans le secteur des industries lourdes, etc. Une fois que le gérant a identifié des tendances lourdes et des thèmes qui lui paraissent porteurs, il cherche des valeurs appartenant à ces thèmes ou secteurs. C’est ce que fait par exemple la gérante du fonds Carmignac Emergents : elle commence par se faire une opinion sur chaque région et grand pays émergents afin de lui fixer une pondération dans le portefeuille, puis elle sélectionne les valeurs dans le cadre qu’elle s’est fixé.
On le voit, cette approche permet de s’abstraire du marché… à condition ne pas succomber aux phénomènes de mode. C’est à l’aune de sa capacité à sortir des sentiers battus que l’on mesure le caractère actif d’une gestion.