Doutes sur la pharmacie

Les valeurs du secteur sont dans la tourmente depuis quelques jours. Toutes n’ont pas les mêmes raisons d’être touchées.

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Vendredi dernier, le titre Pfizer a perdu plus de 13% à la bourse de Paris, quant à l’action AstraZeneca elle abandonnait près de 8% à New-York… En publiant de mauvaises nouvelles, ces deux laboratoires pharmaceutiques ont jeté le trouble sur l’ensemble des valeurs du secteur.

Il est vrai que les informations ont de quoi doucher l’enthousiasme des investisseurs : Pfizer et AstraZeneca ont annoncé que de 2 de leurs molécules vedettes, dont le fameux Celebrex, faisaient l’objet d’enquêtes contradictoires. On soupçonne en effet qu’elles puissent avoir comme effet secondaire d’entraîner des malaises cardiaques…

Du coup nombre de valeurs pharmaceutiques ont souffert vendredi dernier : à Paris Sanofi Aventis perdait 1,73% sur la séance, Transgène 1,16%, Arkopharma 1,59% et Merck 1,50%... Bref, le secteur était à la peine et l’indice des valeurs pharmaceutiques a abandonné 1,72% sur la journée.

Revers des valeurs défensives

Pour sévères que furent ces baisses, elles ne doivent pas toutefois être surestimées. Car l’indice sectoriel pharmaceutique avait sensiblement progressé depuis le début de l’année : alors que le CAC40 enregistrait une progression de l’ordre de 6% depuis le 1er janvier, l’indice sectoriel pharmaceutique avait de son côté gagné plus de 15% sur cette période !

Rien de surprenant dans ces conditions que certains investisseurs choisissent de prendre leurs bénéfices à l’annonce de mauvaises nouvelles. Ils se montrent maintenant prudents sur les titres pharmaceutiques qui dans un contexte de marché incertain avaient joué leur rôle de valeurs défensives et qui s’étaient fortement valorisées. Aujourd’hui ces titres lâchent un peu de leurs gains mais gardent un profil défensif. Bref une correction somme toute salutaire.

Les valeurs pharmaceutiques bénéficient en effet d’un courant porteur avec le vieillissement de la population, et corrélativement le gonflement des dépenses de santé. Une tendance lourde qui a par exemple incité l’américain Johnson & Johnson à faire la semaine dernière une offre de rachat de plus de 3 milliards de dollars sur le fournisseur de pacemaker et de défibrillateur cardiaque Guidant.

Un marché à plusieurs vitesses

Si le marché de la santé est globalement porteur, différents facteurs de risques sont néanmoins apparus récemment à l’horizon, et sont susceptibles de peser sur le parcours boursier de plusieurs valeurs. Il y a d’abord les questions que soulèvent certains effets secondaires de plusieurs préparations, chez Pfizer, AstraZeneca mais aussi Merck et bien d’autres. Il faut donc s’attendre au cours des semaines et mois qui viennent à une succession de révélations plus ou mois spectaculaires qui vont peser sur les valeurs du secteur.

A cela il faut ajouter l’évolution réglementaire et des cadres du marché. Si le marché de la santé est structurellement porteur et en croissance, parallèlement les pouvoirs publiques des économies développées se montrent de plus en plus interventionnistes afin, sinon de contenir, de canaliser l’évolution des coûts. Les observateurs tendent à penser que l’accroissement des volumes va vraisemblablement s’accompagner d’un tassement des marges.

Dans ce contexte, plus analystes accordent une prime aux laboratoires pharmaceutiques de moins grande envergure tels que Scherring, des laboratoire qui travaillent sur un nombre limité de spécialités, parfois même sur des niches où ils jouissent d’une relative tranquillité commerciale.

Au niveau des fonds qui jouent le secteur de la santé, une petite famille en France comptant une centaine de produits, on constate une performance moyenne médiocre de la catégorie depuis le début de l’année (à peine supérieure à 0%). Mais derrière cette moyenne se cachent, comme souvent, de grandes disparités, avec des performances allant de -12% à +24%...

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A propos de l'auteur

Frédéric Lorenzini

Frédéric Lorenzini  est Directeur de la Recherche de Morningstar France.