Fuite en avant

La Deutsche Bank envisage de se délocaliser. Qui prendra la suite ?

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Certes ce n'est pas la Bundesbank (la banque centrale allemande, l'équivalent de la Banque de France) mais les déclarations cette semaine de Josef Ackermann, patron de la Deutsche Bank (l'équivalent germain de la Société Générale ou du Crédit Lyonnais) ont jeté le trouble Outre-Rhin.

Il y a quelques mois déjà des rumeurs avaient couru. Peu crédibles et un peu folles. Mais cette fois Joseph Ackermann a explicitement déclaré que, compte tenu de la fiscalité qui pèse sur les entreprises et du fait qu'une très large partie de ses bénéfices étaient réalisés à l'étranger, il pourrait envisager de délocaliser son siège social sous des cieux fiscalement plus accueillants.

Deutsche Bank n'est pas la première entreprise à brandir la menace de la délocalisation, et ne serait pas la première à franchir le pas. D'autres, de moins grande envergure, l'ont déjà fait. Et récemment l'industriel Infineon laissait entendre qu'il pourrait faire la même chose.

Activités immatérielles

L'affaire est pour ainsi dire banale, et en France la société franco-italienne STMicroelectronics n'a-t-elle pas son siège en Hollande…

Reste qu'avec Deutsche Bank un nouveau cap est franchi. Va que l'on délocalise dans les pays à faible coût de main d'œuvre l'industrie textile, la sidérurgie, la sous-traitance électronique, les centres d'appel, la saisie au kilomètre… Mais voir partir une activité aussi chargée de symboles que la banque !

Un tiers de confiance à qui l'on confie son argent, et de fait une certaine part de ses secrets, qui au même titre que le médecin ou le gendarme incarne la sécurité, la stabilité. Une institution, pour ainsi dire, ravalée au statut de boutiquier.

Avance illusoire

Cette affaire nous rappelle, une fois de plus, qu'en réalité la grande majorité des activités économiques sont délocalisables. Il n'y a guère que les services de proximité qui ne le soient pas, on ne s'imagine pas aller acheter sa baguette de pain à Dublin ou à Bangalore, pour le reste tout semble structurellement pouvoir être délocalisé.

La doctrine selon laquelle on peut délocaliser les productions dites à faible valeur ajoutée dès lors que l'on est capable de générer et de garder des productions à forte valeur ajoutée, au Sud la manufacture au Nord la conception, l'ingénierie et la high-tech, est mise à mal

Technologies, savoir-faire et expertises apparaissent éminemment transférables. Et cette fluidité ira en augmentant. Les industriels et les stratèges d'entreprise le savent bien. Les investisseurs devraient en prendre clairement conscience.

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A propos de l'auteur

Frédéric Lorenzini

Frédéric Lorenzini  est Directeur de la Recherche de Morningstar France.