On peut anticiper 3.800 à 4.000 points

Gérant d’un fonds qui se revendique résolument value, Centrale Actions France, Marc Renaud explique pourquoi la value c’est être audacieux lorsque les marchés sont sous-évalués.

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Votre fonds se revendique value pourtant vous souffrez autant que le CAC 40, comment cela s’explique-t-il ?

Jusqu’à il y a 3 mois nous avons connu de bonnes performances, depuis nous souffrons plus que l’indice. Cela est lié au fait que nous avons pris des positions sur des valeurs que nous jugeons bradées comme Axa, Alstom ou certaines SSII et que le marché ne nous a pas encore donné raison.

Nous sommes value, cela signifie que nous cherchons en permanence les sous-évaluations. Ce parti-pris nous a permis de ne pas nous prendre les doigts dans la bulle technologique même si nous avons par le passé pu connaître des trimestres où nos performances étaient moins flatteuses que celles du CAC 40. Sur le moyen et long terme, notre approche s’est révélée gagnante.

Nous avons su nous positionner sur les valeurs moyennes quand il le fallait et peut-être que notre retour sur certaines grosses capi s’est effectué trop tôt. Faire du timing est un exercice délicat. En outre, lorsque l’on gère un fonds value, dans les phases d’excès du marché on présente toujours un biais contrarian.

Les sous-valorisations actuelles vous semblent donc excessives ?

Pour moi, les planchers ont été franchis depuis longtemps. Il n’y a rien dans mes modèles qui justifie des niveaux pareils.

Dans la situation actuelle où les planchers successifs ont été enfoncés, on peut se référer à l’analyse chartiste qui table sur des seuils solides à 2.500 points. Selon mes modèles, on peut anticiper et justifier des niveaux à 3.800 ou 4.000 points. Les niveaux atteints aujourd’hui m’ont conduit à revenir sur des valeurs auxquelles je n’avais pas touché pendant 3 ans comme STMicroelectronics, Atos ou Orange.

Vous vous benchmarkez sur le CAC40 mais vous vous autorisez un terrain de chasse bien plus large…

En effet, notre benchmark est le CAC40 mais nous n’hésitons pas à en sortir. Jusqu’au mois de mai nous sommes beaucoup allés sur les moyennes capi et durant la bulle technologique il nous est arrivé d’être investis à hauteur de 45% hors des valeurs composant l’indice CAC40.

Il est clair que les inefficiences sont plutôt du côté des moyennes que des grandes capi. Les moyennes capi sont moins suivies et on y trouve plus de truffes lorsque l’on a une approche value, alors que les grandes capi offrent moins de surprises dans la mesure où toute la gestion benchmarkée est active sur ces valeurs. Ceci dit, en ce moment cela est moins vrai, on trouve des aberrations sur les grandes capi.

Comment réagissent vos clients à la situation actuelle ?

Le fonds existe depuis 6 ans et nos clients connaissent notre façon de gérer. Ils comprennent que nous puissions être mal orientés certains trimestres, même si mon explication actuelle ne pourra pas tenir pendant 2 ans…

Il y a parfois une incompréhension de la part du public sur ce qu’est l’approche value. On pense que la value est défensive, mais en réalité quand on est value on est prudent lorsque le marché est surévalué et audacieux lorsqu’il est sous-évalué.

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A propos de l'auteur

Frédéric Lorenzini

Frédéric Lorenzini  est Directeur de la Recherche de Morningstar France.