Du nettoyage dans les TMT

Les valeurs technologiques sont particulièrement maltraitées en bourse. Les gérants doivent naviguer entre plusieurs écueils…

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C’est peu de dire que les fonds investis sur les technologiques sont à la peine. Ils cumulent les handicaps : effondrement de la bulle internet, désintérêt des investisseurs, découvertes de pratiques comptables discutables et enfin contexte boursier déprimé.

Alors que le CAC 40 a lâché 20% depuis le début de l’année, la catégorie des fonds TMT affiche un recul moyen de 37% sur la même période. Et parmi les 250 fonds que compte en France cette catégorie aucun n’offre de performance positive : les moins touchés limitent leurs pertes à 5%, les plus atteints ont perdu plus de la moitié de leur valeur depuis janvier.

Difficile dans ces conditions de spéculer sur un rebond. Certes c’est lorsque l’on touche le fond que l’on peut rebondir… mais les valeurs technologiques ont-elles touché le fond ?

Le calvaire des télécoms

Pourtant, certains gérants jugeant que les niveaux de valorisation atteints par certains acteurs de l’univers des TMT sont attractifs n’hésitent à faire leurs emplettes. C’est le cas par exemple de Thierry Flecchia gérant du fonds Oddo Avenir investi en valeurs moyennes qui en début de semaine indiquait qu’il y a des affaires à réaliser dans ce domaine…

Le stock picking dans les TMT requiert toutefois un sérieux talent et des nerfs solides. Du côté des télécommunications, l’horizon apparaît en effet bien bouché et les titres sont, à tort ou à raison, massacrés en bourse. France Télécom traîne un endettement pharaonique, le patron de Deutsche Telekom est sur la sellette et les analystes s’interrogent sur la présentation des comptes de l’Espagnol Telefonica. Après l’affaire Worldcom, les télécoms en arrivent même à sentir le soufre.

Outre leur endettement, les grands opérateurs téléphoniques sont confrontés au ralentissement de croissance de leur marché et à une concurrence à couteau tiré. Du coup les industriels en amont, les équipementiers, sont pris dans la tourmente : Alcatel annonce plan de réduction d’effectifs sur plan de réduction d’effectifs et les Nokia et Ericsson doivent structurer leurs gammes à grands pas.

"Comment croire que France Télécom pourrait disparaître alors que son actionnaire majoritaire est l’Etat français ? " rappelle avec beaucoup de bon sens Didier Le Menestrel de la Financière de l’Echiquier. Si on peut être à peu près certain que l’opérateur historique français honorera ses dettes, que dire en revanche de son avenir boursier ?

Prise en compte des cycles

Dans le domaine des médias, les remises en question ont été tout aussi sévères. Portés par l’engouement pour l’internet et l’annonce messianique de la société de l’information, les groupes de media n’ont pas échappé à la tourmente.

Au-delà du cas Vivendi Universal qui cumule endettement, acquisitions en haut de cycle et synergies aléatoires, force est de constater que le secteur media revient à une perception plus conforme à la réalité économique, à savoir comme obéissant lui aussi à des cycles et dépendant en bonne part de la vigueur du marché publicitaire.

Reste le T de techno, un univers où se côtoient fournisseurs de hardware et de software, prestataires de services et fournisseurs de solutions.

Grand nettoyage

Dans cet univers, les industries lourdes que sont les fondeurs comme Intel ou STMicroelectronics retrouvent en définitive sans surprise leur adaptation aux cycles de marché qu’ils connaissent depuis près d’une trentaine d’années. "Soutiers" de la quincaillerie numérique, acteurs indispensables mais peu visibles, ces valeurs ont été relativement épargnées par la bulle spéculative, même si en 1999 STMicroelectronics connut un parcours boursier à couper le souffle.

Du côté des prestataires de services, douche froide en revanche. Les web agencies et autres magiciens de l’internet ont pour l’essentiel sombré corps et biens. Les SSII transversales sont moins en danger mais elles doivent faire avec des donneurs d’ordres plus économes et dont nombre de grands projets ont été mis en sommeil.

Quant au logiciel, il s’est considérablement assaini. Les business plans les plus créatifs ont eu raison des entrepreneurs les plus aventureux et les pseudo marchés porteurs ont avorté avant de voir le jour. Bref, restent aujourd’hui des entreprises qui ont survécu et apparaissent solides. C’est le cas par exemple d’un eBay dans l’internet qui est devenu leader en matière d’enchères et se montre capable de générer des bénéfices.

Pour l’investisseur, il est plus que jamais nécessaire de regarder ce que les fonds "ont dans le ventre". Lorsqu’il est disponible, on consultera le portefeuille du fonds auquel on s’intéresse afin, au travers des 10 premières lignes de l’inventaire, de se faire une idée du style du gérant. Cette analyse gagnera à être complétée par un coup d’œil sur la Boîte de style du fonds qui se présente comme une synthèse quantitative du portefeuille.

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A propos de l'auteur

Frédéric Lorenzini

Frédéric Lorenzini  est Directeur de la Recherche de Morningstar France.