Value : un très large choix

Le monde des titres de type "value" ne se limite aux sociétés à faible croissance. Gérant du fonds Actions Value, Marc Favard donne son point de vue sur la question.

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Vous gérez un fonds "value" qui comporte près de 20% de valeurs TMT, quelle est votre définition de la "value" ?

Dans le cadre de notre gestion, nous cherchons des sociétés sous évaluées avec des facteurs d’évolution, un catalyseur qui fait que cela va se modifier.

Nos critères d’évaluation sont assez larges, on évite d’être trop restrictif en ne retenant par exemple que des PER faibles. D’autres critères interviennent, comme la possibilité d’OPA, le changement de management, des éléments purement boursiers, etc.

En ce qui concerne les valeurs de type TMT, nous nous sommes désengagés des techno début 2000 pour y revenir à partir d'août 2001 en investissant dans les média et dans les télécoms. Je revis ce qui s’est passé en 2000 où pendant 2 mois on a souffert en voyant les valeurs techno qui continuaient à monter. Peut-être que nous sommes sortis des techno un peu trop tôt et que nous y sommes rentrés un peu trop tôt aussi. C’est la difficulté avec une approche value : on vend souvent trop tôt et on achète souvent trop tôt en période de rupture ou de renversement de tendance.

Mais concrètement, en fonction de quels critères une valeur techno peut-elle être "value" ?

Nous utilisons 3 critères importants : la valorisation, la solvabilité et la stabilité du résultat de l’entreprise. Il faut éviter d’être trop maximaliste et pondérer ces trois points de vue.

La valorisation s’analyse en terme de PER, mais pas uniquement car la signification du PER est aussi liée au secteur d’activité de l’entreprise. S’il n’y a pas de résultat on peut aussi rester si d’autres ratios sont encourageants comme la décote du titre par rapport à ses actifs nets ou le ratio VE sur CA. A ce niveau, Alcatel est valorisé 0,6 fois alors que Nokia l’est 2 fois.

La solvabilité de l’entreprise concerne essentiellement son endettement. Quant à la stabilité du résultat, on veille à ce qu’il n’y ait pas trop de volatilité des résultats

Votre approche de la "value " est assez opportuniste…

Jusqu’à un certain point. En réalité notre portefeuille comporte 3 poches : des valeurs conservatrices avec par exemple AGF, Audika, Crédit Lyonnais, Rue Impériale ou Castorama, des valeurs où on parie sur la reprise comme Axa, Carrefour, NRJ, Rhodia ou Eramet. On essaye d’anticiper pour trouver les titres "value" de demain.

Enfin, il y a les valeurs qui représentent un pari sur les technologiques comme Alcatel, Bouygues, Cap Gemini, STMicroelectronics… Il s’agit là d’une poche liée à la conjoncture, le pari peut se faire sur un autre thème.

La value, c’est de bien pondérer ces 3 approches ?

Certains acteurs jouent essentiellement des valeurs défensives, à travers des secteurs comme l’immobilier ou l’alimentaire, ou bien encore les small caps. Notre approche consiste à ne pas se limiter. Ainsi, actuellement nous sommes investis sur l’Amérique du Nord à travers des valeurs comme Lucent ou American Express pour jouer la reprise américaine. Nous pourrions ne pas être exposés à l’Amérique du Nord.

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A propos de l'auteur

Frédéric Lorenzini

Frédéric Lorenzini  est Directeur de la Recherche de Morningstar France.