L’Argentine, ses obligations, ses actions, ses devises…

En défaut de paiement, l’Argentine a perdu la confiance des prêteurs. Les investisseurs se rabattent sur les marchés actions, mais l’introduction d’un nouvelle devise, l’argentino, pourrait mettre à mal ce dernier îlot de stabilité.

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Entre 120 et 150 millions de dollars, c’est le montant de la dette que les autorités argentines sont bien en mal de rembourser aujourd’hui. Il est vrai que les Argentins eux-même sont bien en mal de trouver des autorités dans leur pays, avec le président de la Rua qui a démissionné à la sauvette, un ancien ministre des finances frappé d’interdiction de sortie de territoire et un troisième président de la République en l’espace d’une semaine.

Quant aux investisseurs, ils sont peu ou prou mis à diète. Les investisseurs locaux devraient réussir à se faire en partie rembourser leurs avoirs tant la situation politique et sociale est instable dans le pays.

Quant aux investisseurs étrangers, il leur est « proposé » un moratoire ainsi que de nouveaux taux de rémunération.

Bulle nationale

De leur côté les industriels ayant investi dans le pays ne peuvent rien faire d’autre que le dos rond. Les Carrefour, Casino et autre grande enseigne de la distribution française ou européenne peuvent bien dire qu’ils sont confiants sur le long terme, ont-ils le choix ?

Il est vrai qu’un peso arrimé au dollar assurait à chacun, particuliers comme industriels, un pouvoir d’achat confortable. Mais pendant ce temps cette parité laisseait l’Argentine vivre au-dessus de ses moyens et pratiquer allègrement l’endettement. Aujourd’hui cette parité est de moins en moins défendable et les autorités ont d’ores et déjà commencer à limiter la convertibilité du peso.

Une situation qu’ont connu nombre de pays émergent. Comme le Nigéria qui au début des années 80, fort de la manne pétrolière, avait établi une parité fixe sur le dollar. Aujourd’hui le naira, la devise nigériane, s’échange à 100 pour 1 dollar contre 1 pour 1 vingt ans plus tôt.

Bulle boursière

Au cours des dernières semaines, alors que les porteurs d’obligations argentines buvaient la soupe à la grimace, les actions argentines gagnaient du terrain, territoire de refuge pour des investisseurs déroutés : l’indice MSCI Argentina a gagné plus de 67% en un mois, ramenant ainsi son recul depuis le début de l’année à moins de 15%…

Les investisseurs en actions seraient toutefois bien inspirés de demeurer vigilants. Car leurs actifs risquent eux aussi de souffrir de la crise que traverse le pays.

Si pour l’heure la parité avec le dollar n’est pas encore, officiellement, remise en cause, l’apparition à côté du peso et de la monnaie régionale le patacon, d’une nouvelle devise, l’argentino suscite des questions.

Outre que l’argentino rend un peu plus complexe encore l’édifice monétaire du pays, il n’est pas absurde de penser qu’il pourrait bien à terme se substituer au coûteux, et de moins en moins convertible, peso dès lors que les autorité centrales auront remis à plat leur politique de change.

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A propos de l'auteur

Frédéric Lorenzini

Frédéric Lorenzini  est Directeur de la Recherche de Morningstar France.