Les résultats annuels des entreprises justifient le récent rallye boursier

La saison des résultats n'est plus l'épouvantail qu'elle a pu être il y a quelques trimestres.

Agefi/Dow Jones 12.02.2024
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PARIS (Agefi-Dow Jones)--La saison des résultats n'est plus l'épouvantail qu'elle a pu être il y a quelques trimestres, quand les investisseurs s'inquiétaient des anticipations trop élevées des analystes, que la récession guettait et que la hausse des taux d'intérêt risquait de peser sur les marges.

Depuis, l'horizon s'est éclairci avec la perspective d'un ralentissement en douceur de l'économie et d'une baisse des taux, mais aussi grâce à des investisseurs moins effrayés par les publications de résultats.

Comme pour le troisième trimestre 2023, il n'y a pas eu de catastrophe au quatrième trimestre.

"Pour l'heure, cette saison de résultats est satisfaisante, ni bonne, ni mauvaise, tandis que les indicateurs économiques plaident pour une poursuite de cette tendance macro positive", souligne Florian Ielpo, responsable macro chez Lombard Odier AM.

Plus de la moitié des entreprises du S&P 500 ont déjà publié leurs comptes trimestriels à Wall Street et près de 45% de celles de l'indice Stoxx Europe 600 de ce côté de l'Atlantique.

Davantage de bonnes surprises

"A l'approche de la saison des résultats du quatrième trimestre, le consensus était extrêmement pessimiste sur les Etats-Unis, prévoyant une forte baisse séquentielle des bénéfices", rappelle Binky Chadha, stratégiste actions chez Deutsche Bank.

"En fait, à peu près à mi-parcours, nous notons que les dépassements ont été bien supérieurs à la moyenne historique sur différents paramètres : en termes d'ampleur, dans l'ensemble, en médiane, dans tous les secteurs, sur les ventes et sur les marges", indique-t-il.

Sur ce marché, 83% des entreprises ayant publié ont battu le consensus alors qu'on comptabilise historiquement 74% de bonnes surprises ; l'avance moyenne sur le consensus dépasse 7%, contre 5% d'habitude, la plus élevée en deux ans. "Un niveau aussi élevé de dépassement, pour le quatrième mois consécutif, ne se voit historiquement que lors des débuts de reprise après un ralentissement cyclique majeur", poursuit Binky Chadha.

Après plusieurs mois de baisse des résultats jusqu'à juin 2023, les entreprises américaines confirment leur reprise. La croissance de leurs bénéfices pourrait atteindre 9,5% sur un an au quatrième trimestre après 6,1% au troisième.

"Alors que nous entrons dans la seconde moitié de la saison des résultats, ces chiffres ressortent globalement supérieurs aux attentes", indique Emmanuel Cau, stratégiste actions chez Barclays. "La croissance des bénéfices par action (BPA), hors énergie, devrait être de 6% en Europe et de 9% aux Etats-Unis. Et, pour l'ensemble du marché, de -7% (+2 points au-dessus du consensus) en Europe et +5% (+8 points par rapport au consensus) aux Etats-Unis", poursuit-il.

La bonne nouvelle vient de la résistance des marges malgré une activité en ralentissement. En Europe, les chiffres d'affaires ont reculé de 1,6% (hors secteur énergie) sur un an au quatrième trimestre. "Le ratio BPA sur ventes semble plus élevé que d'habitude, ce qui suggère que les marges sont largement meilleures que prévu, même si les surprises semblent plus fortes aux Etats-Unis qu'en Europe", indique Emmanuel Cau.

La dynamique sectorielle est quasi identique des deux côtés de l'Atlantique. En Europe, la technologie et les valeurs industrielles génèrent l'essentiel de la performance, mais les matériaux et la consommation discrétionnaire sont à la traîne.

Parmi les valeurs défensives, les soins de santé, les services publics et les services de communication ont généré la plupart des bonnes surprises, tandis que les produits de base ont constitué un frein. Les valeurs financières sont plus fortes tandis que les valeurs énergétiques sont largement en ligne.

De bonnes nouvelles mieux accueillies

"La réaction positive des actions suggère que les investisseurs pourraient voir le verre à moitié plein en termes de bénéfices et se concentrer davantage sur la probabilité d'un redressement plus tard cette année, compte tenu des prévisions rassurantes et de l'amélioration des indicateurs d'activité", relève le stratégiste de Barclays.

Bien sûr, il y a eu des publications décevantes ou des révisions à la baisse de prévisions, y compris sur le moyen terme. Elles ont entraîné des chutes en Bourse comme pour BNP Paribas ou L'Oréal, mais après des hausses spectaculaires pendant le rallye de fin d'année.

Mais dans beaucoup de cas, les titres se sont envolés après la publication de bons trimestriels (Hermès), de perspectives rassurantes (Ubisoft), d'un retour du dividende (Unibail) ou d'une hausse des rachats d'actions. La tech américaine illustre ces publications inégales.

"En moyenne, les résultats supérieurs aux attentes ont été largement récompensés, tandis que les échecs n'ont pas été sévèrement punis", relève Emmanuel Cau.

Wall Street a aussi favorablement réagi à cette saison des résultats. "Le S&P 500 est en hausse de 3,7% depuis le début de la saison des résultats, mieux que la hausse typique de 2% au cours des quatre premières semaines de publications", note Binky Chadha, qui relève une stabilité relative du consensus à un moment de l'année où celui-ci est généralement revu en nette baisse. Il anticipe un retour à la croissance des résultats trimestre après trimestre, après la baisse séquentielle des trois derniers mois de 2023.

Cette saison satisfaisante explique en partie la bonne tenue des marchés actions cette année, malgré le regain de volatilité sur les taux longs et l'ajustement des anticipations de baisse des taux directeurs.

Wall Street a un cran d'avance sur l'Europe, avec des gains respectifs de 5,1% et de 4,2% depuis le 1er janvier, en lien avec le différentiel de croissance des résultats et le contexte macroéconomique. "Il est possible que la croissance économique accélère vers la fin de cette année, lorsque les banques centrales auront commencé à réduire leurs taux grâce à la poursuite de la désinflation", estime pour sa part Paul Jackson, stratégiste chez Invesco. "C'est ce qui explique la poursuite de la hausse des actions en ce début d'année. Mais beaucoup de bonnes nouvelles semblent déjà intégrées dans les cours", prévient-il.

-Xavier Diaz, L'Agefi ed: VLV

Agefi-Dow Jones The financial newswire

(END) Dow Jones Newswires

 

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A propos de l'auteur

Agefi/Dow Jones  est une agence de presse financière basée à Paris.