SBF 120 : les gagnants et les perdants de 2023

Les bons résultats de la Bourse de Paris s’expliquent par la bonne santé des grandes capitalisations boursières.

Jocelyn Jovène 29.12.2023
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Depuis le début de l’année, la Bourse de Paris se porte plutôt bien. C’est notamment le cas de l’indice des 120 premières capitalisations boursières (SBF120), calculé par Euronext, qui affiche un gain de 15,5% (hors dividendes).

Les 120 entreprises qui le constituaient fin septembre 2023 ont vu leur capitalisation boursière cumulée passer de 2.434 à 2.799 milliards d’euros selon nos calculs et les données de Morningstar. Mais cette progression est avant tout le fruit des grandes capitalisations boursières. L’indice CAC 40 enregistre un gain de 16,8% cette année, tandis que l’indice CAC Mid & Small ne progresse que de 1,6%.

Cette hausse des indices boursiers a surpris de nombreux investisseurs. Ceux-ci pariaient davantage sur un recul des actions en 2023, craignant une récession aux Etats-Unis. Celle-ci aurait conduit la Fed à baisser ses taux dans le courant de l’année, baisse qui aurait pu soutenir un rebond des actions en fin d’année.

Rien de cela ne s’est produit. A l’opposé des anticipations de nombreux stratégistes et investisseurs (les nôtes y compris), 2023 a été une bonne année pour les marchés actions européens. La baisse de l’inflation, les mesures de soutien à l’économie qui ont maintenu le chômage à un niveau faible dans la plupart des pays développés, ont permis aux entreprises d’afficher des résultats le plus souvent meilleurs qu’attendu par les analystes. Tous ces éléments, ainsi que la formidable avancée de certains secteurs, en particulier la technologie américaine, ont entretenu une remontée des multiples de valorisation, et partant, l’appréciation des cours de Bourse.

Aussi, malgré un contexte économique incertain, marqué par des taux d’intérêt élevés et une inflation en repli, les meilleures performances observées à la Bourse de Paris ont été cette année le fait d’entreprises cycliques, dans l’automobile, les semi-conducteurs, l’industrie, l’hôtellerie. Les perdants sont pour l’essentiel des entreprises qui ont rencontré d’importantes difficultés financières cette année ou qui ont perdu toute crédibilité aux yeux des marchés financiers.

Les 5 meilleurs parcours de 2023

Stellantis (+60%)

Le constructeur automobile affiche une croissance solide malgré un contexte macro-économique volatil, en particulier en Europe et l’incertitude autour des négociations salariales aux Etats-Unis. L’entreprise a néanmoins trouvé un accord et a continué à bénéficier tant d’une progression des volumes de véhicules vendus que de hausses de prix, en ligne avec sa stratégie de montée en gamme et le développement de son offre de voitures électriques.

Virbac (+57%)

Le spécialiste de la santé animale a connu une accélération de sa croissance à changes constants au cours du troisième trimestre à +7,8% (contre +2,8% sur les neuf premiers mois de l’année). Le 19 décembre, la société a revu à la hausse sa prévision de croissance sur l’année (+4% environ), « compte tenu de l’important rebond des ventes observé au troisième trimestre et qui se poursuit au quatrième trimestre ». Elle anticipe une croissance entre 4% et 6% en 2024 avec une marge d’exploitation ajustée stable d’environ 15% des ventes.

X-Fab (+55%)

Le fabricant de semi-conducteurs belge a profité du boom de la demande de semi-conducteurs pour l’automobile et de ses efforts d’investissement pour accroître ses capacités de production. Au cours des neuf premiers mois de l’année, les ventes ont progressé de 20%, et la marge d’EBITDA a atteint 27,8% contre 16,7% un an plus tôt.

Solutions 30 (+55%)

Après une année 2022 tourmentée, l’entreprise a regagné la confiance des investisseurs cette année. Le fournisseur d’assistance numérique, spécialiste dans la mise en service de lignes de fibre optique pour le compte d’opérateurs de télécommunications, semble regagner en partie ses lettres de noblesse boursière, après avoir annoncé des objectifs financiers ambitieux, avec un net redressement de ses marges tout au long de 2023 et en 2024.

Accor (+48%)

Accor a pleinement tiré parti de la reprise de l’activité post-COVID. Le groupe hôtelier prévoit une forte croissance de son revenu moyen par chambre (plus de 20% en 2023) et a relevé ses objectifs financiers pour l’année avec un excédent brut d’exploitation compris entre 955 et 985 millions d’euros (contre 930-970 millions auparavant). Autant de nouvelles qui ont rassuré les investisseurs et alimenté un regain d’intérêt pour le groupe hôtelier.

Les 5 perdants de 2023

Orpea (-96%)

Depuis janvier 2022 et la publication du livre Les Fossoyeurs de Victor Castanet, l’opérateur de maisons de retraite s’est retrouvé pris dans un scandale politique et une crise financière l’obligeant à engager une restructuration financière dont les effets se sont produits tout au long des exercices 2022 et 2023. Un nouveau conseil d’administration vient d’être nommé, comprenant 13 représentants des actionnaires, dont la CDC, CNP Assurances, la MAIF et MACSF Epargne Retraite. Ce groupement détient un peu plus de 50% du capital.

Clariane (ex-Korian -76%)

Autre acteur de l’hébergement de personnes âgées, Clariane (ex-Korian) a également connu un exercice 2023 difficile, en particulier au moment de l’annonce de ses ventes du troisième trimestre. L’entreprise a conclu un important plan de restructuration financière mi-novembre, qui prévoit des cessions d’actifs et une augmentation de capital de 300 millions d’euros (Clariane affiche une capitalisation boursière de 262 millions d’euros au moment de la rédaction de cet article), entraînant une dilution massive des actionnaires existants.

Euroapi (-59%)

Le spécialiste des principes actifs pour l’industrie pharmaceutique issue d’une scission du groupe Sanofi en mai 2022 a plongé en Bourse après avoir abandonné ses objectifs financiers à court et moyen terme. La société a multiplié les avertissements sur résultat alors qu’elle s’inscrit dans les projets de relocalisation d’activités stratégiques en Europe. La multiplication des déceptions a coûté son poste au DG Karl Rotthier, remplacé par intérim début novembre par Viviane Monges, présidente du conseil d’administration.

Worldline (-57%)

L’année 2023 n’avait pas trop mal commencé pour le spécialiste du traitement des transactions financières, jusqu’au premier semestre. Mais la confiance dans l’équipe de direction s’est effondrée lorsque Worldline a annoncé ne plus pouvoir tenir ses objectifs de résultats et de cash, et surtout lorsqu’elle a indiqué que le régulateur allemand lui avait demandé de « nettoyer » son portefeuille de clients au motif que certains d’entre eux avaient un profil douteux – une décision qui a fait ressurgir les craintes d’un incident de type Wirecard. Sanction ultime : le titre a été éjecté du CAC 40, remplacé par Vivendi.

Retrouvez les articles sur Worldline.

Alstom (-47%)

Le constructeur de matériel ferroviaire digère l’acquisition de Bombardier Transport dans la douleur. Alors qu’il avait déjà surpris négativement les marchés en annonçant en 2022 une forte détérioration de sa position de trésorerie, Alstom a réitéré l’exercice en 2023, perdant une fois de plus la confiance des investisseurs. L’arrivée d’un nouveau directeur financier n’a pas vraiment permis de restaurer cette confiance. Le groupe a non seulement annoncé une détérioration dans la génération de trésorerie liée à une mauvaise gestion de ses stocks, mais il a de surcroît indiqué qu’il envisage une augmentation de capital et va procéder à des cessions d’actifs pour renforcer son bilan. La sanction boursière a été à l’image de la déception. Un gros travail en matière de communication sera donc au menu des dirigeants en 2024.

Retrouvez les articles sur Alstom

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.