Le cycle électoral en 2024 est un risque pour la dette mondiale

Le deuxième trimestre n'a été qu'un rapide répit pour la dette mondiale.

Agefi/Dow Jones 17.11.2023
Facebook Twitter LinkedIn

US

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le deuxième trimestre n'a été qu'un rapide répit pour la dette mondiale.

Celle-ci est repartie à la hausse à 307.300 milliards de dollars au troisième trimestre, progressant à la fois dans les pays développés et émergents, selon le dernier rapport trimestriel sur la dette mondiale de l'Institut de la finance internationale (IIF).

Sur un an, celle-ci a augmenté de plus de 18.000 milliards de dollars, dont 9.500 milliards cette année. Et de 60.000 milliards de dollars depuis 2018.

"Les plus importantes progressions ont eu lieu aux Etats-Unis, au Japon, en France et au Royaume-Uni", notent les analystes de l'IIF pour les pays développés. Sur les marchés émergents, la Chine, l'Inde, le Brésil et le Mexique sont les principaux contributeurs.

"L'augmentation des niveaux d'endettement a été plus évidente dans le secteur public, alors que les déficits budgétaires restent bien au-dessus des niveaux d'avant la pandémie de Covid dans de nombreuses économies matures et émergentes", indique Emre Tiftik, directeur recherche durable à l'IIF.

Il relève toutefois que la dette se stabilise par rapport au produit intérieur brut (PIB). Le ratio de dette sur PIB s'établit à 333%. "Mais il y a une forte disparité entre les pays développés et émergents", poursuit-il. De fait, la baisse dans les premiers compense la hausse des seconds.

"Le ratio de dette sur PIB a atteint un nouveau record dans les émergents à 255%, soit plus de 32 points de plus qu'au troisième trimestre 2018", note l'analyste. Il s'agit d'une progression de 2 points de pourcentage par rapport au trimestre précédent et de 7 points sur un an. La Russie, la Chine, l'Arabie saoudite ou la Malaisie sont les principales économies ayant vu ce ratio augmenter.

L'effet de l'inflation

Le ratio de dette sur PIB pour les pays développés est revenu à 379%, en baisse de 2 points sur le trimestre et de 11 points sur un an.

"Le mot magique qui se cache derrière cette baisse du ratio dette sur PIB est l'inflation", a relevé Carmen Reinhart, professeur d'économie à la Harvard Kennedy School, lors de la présentation du rapport.

Les marchés développés ont également bénéficié d'une croissance résiliente, notamment aux Etats-Unis. Mais cette dynamique devrait s'inverser.

L'IIF s'attend d'abord à une poursuite de la hausse de l'endettement mondial à 310.000 milliards de dollars cette année, mais aussi à une détérioration du ratio de dette sur PIB.

"La dynamique de croissance reste faible au niveau mondial et les pressions inflationnistes continuent de diminuer", ajoutent les analystes de l'IIF. L'une de leurs inquiétudes majeures est l'augmentation continue des déficits publics qui restent supérieurs à l'avant-crise Covid.

Cela devrait ajouter 5.300 milliards de dollars de dette supplémentaire dans le monde entre 2024 et 2027, selon leurs estimations.

De nombreux scrutins en 2024

L'année 2024 est une année électorale, ce qui pourrait inciter de nombreux gouvernements à augmenter les dépenses publiques, anticipe Emre Tiftik.

"Deux tiers de la population mondiale va voter en 2024", a souligné Joyce Chang, responsable de la recherche mondiale chez JPMorgan CIB.

Cela concerne plus de 50 pays. "Si les prochaines élections conduisent à des politiques populistes visant à contrôler les tensions sociales, le résultat pourrait être encore davantage d'emprunts publics et encore moins de restrictions budgétaires", estime ce dernier pour qui une brusque augmentation des dépenses publiques au cours de ce cycle électoral pourrait encore accentuer le fardeau des intérêts pour de nombreux débiteurs souverains - déjà à des niveaux élevés.

Ce scénario pourrait également avoir un impact sur le sentiment des investisseurs dans un environnement de taux durablement élevés, "pouvant conduire à des mini-cycles de hausse et baisse sur les marchés de taux", ajoute-t-il, faisant référence aux récents mouvements sur le marché américain.

Pour Carmen Reinhart, la nouvelle phase de baisse de l'inflation avec des taux d'intérêt toujours élevés va être un défi.

Ce type de configuration s'est déjà vu par le passé, principalement dans les années 1970-1980.

"Le problème cette fois est que la dette est bien plus importante et que la volatilité des taux est plus élevée", indique-t-elle. L'endettement a grossi dans les décennies 1990 et 2000 avec la baisse de l'inflation et des taux et la faible volatilité.

Désormais, le levier d'endettement est plus risqué, car il s'accompagne aussi d'une volatilité plus élevée.

-Xavier Diaz, L'Agefi ed: VLV

Agefi-Dow Jones The financial newswire

(END) Dow Jones Newswires

 

© Morningstar, 2023 - L'information contenue dans ce document est à vocation pédagogique et fournie à titre d'information UNIQUEMENT. Il n'a pas vocation et ne devrait pas être considéré comme une invitation ou un encouragement à acheter ou vendre les titres cités. Tout commentaire relève de l'opinion de son auteur et ne devrait pas être considéré comme une recommandation personnalisée. L'information de ce document ne devrait pas être l'unique source conduisant à prendre une décision d'investissement. Veillez à contacter un conseiller financier ou un professionnel de la finance avant de prendre toute décision d'investissement.

Facebook Twitter LinkedIn

A propos de l'auteur

Agefi/Dow Jones  est une agence de presse financière basée à Paris.