Atos annonce le départ du président Bertrand Meunier et reporte sa scission au T2 2024

Jean-Pierre Mustier prend la présidence non-exécutive du conseil d'administraiton du groupe de services informatiques.

Agefi/Dow Jones 16.10.2023
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Crédit photo: AP

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Atos a annoncé lundi la démission, avec effet immédiat, de Bertrand Meunier de ses fonctions de président et d'administrateur et la nomination de Jean-Pierre Mustier en tant que président non exécutif. Le groupe de services numériques a également indiqué que son projet de scission en deux entités, qui comprend la cession de ses activités historiques d'infogérance à l'homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky, ne serait pas bouclé avant le début du deuxième trimestre 2024.

Suite à ces annonces, l'action Atos grimpait de 5,3% à la Bourse de Paris, à 5,14 euros, avant de céder de nouveau du terrain en Bourse.

Bertrand Meunier présidait le conseil d'administration d'Atos depuis 2019 et avait initié le projet controversé de séparation du groupe en deux entités, avec d'un côté l'activité de cybersécurité Eviden et de l'autre Tech Foundations, ses activités historiques de services d'infogérance.

Bertrand Meunier est remplacé par Jean Pierre Mustier, administrateur indépendant du conseil d'administration d'Atos depuis mai 2023, a rappelé le groupe dans un communiqué. Jean-Pierre Mustier a précédemment dirigé la banque italienne Unicredit.

Atos a également annoncé la nomination, avec effet immédiat, de Laurent Collet-Billon en tant que vice-président non exécutif. Ancien directeur général de la Direction Générale de l'Armement (DGA), Laurent Collet-Billon est administrateur indépendant d'Atos depuis mai 2023.

Un président contesté

Bertrand Meunier était fortement contesté par des actionnaires minoritaires depuis plusieurs mois. Une résolution demandant son départ, déposée par le gestionnaire d'actifs Sycomore AM lors d'une assemblée générale mouvementée fin juin, avait obtenu 34% des voix. Sycomore a cependant fini par sortir du capital d'Atos fin juillet en réaction à l'ampleur des pertes subies par le groupe au premier semestre.

D'autres actionnaires minoritaires, ainsi qu'un groupe de députés et de sénateurs, ont exprimé de fortes réserves face au projet de cession à Daniel Kretinsky des activités de Tech Foundations, annoncé début août. L'homme d'affaires tchèque doit racheter la branche d'infogérance d'Atos, en difficulté, et prendre 7,5% du capital d'Eviden.

En septembre, deux fonds représentant des actionnaires minoritaires, Alix AM et Ciam, ont porté plainte à tour de rôle auprès du parquet national financier (PNF), le premier contre deux dirigeants d'Atos, Nourdine Bihmane et Diane Galbe, pour corruption active et passive et le second contre Bertrand Meunier et contre X pour diffision d'informations trompeuses.

En outre, l'Union des actionnaires d'Atos constructifs (Udaac), une association créée cet été qui regroupe des actionnaires minoritaires, a adressé une lettre à l'Autorité des marchés financiers (AMF), demandant à la société de clarifier plusieurs points de son plan de cession et rappelant à l'AMF la possibilité d'exercer son "pouvoir d'injonction".

Dans une déclaration transmise à l'agence Agefi-Dow Jones, l'Udaac a indiqué lundi prendre acte de la démission du président du conseil d'administration d'Atos et "suspendre" l'envoi de son assignation. Bertrand Meunier "devra, le moment venu, rendre des comptes aux autorités publiques et à ses anciens actionnaires", estime l'Udaac.

En attendant, l'Udaac se dit "soucieuse" de voir la nouvelle direction, sous l'égide d'Yves Bernaert qui a été nommé directeur général au début du mois, et le conseil d'administration travailler "de manière constructive à trouver des solutions sans avoir besoin de tromper le marché pour autant".

Une importante dépréciation d'actifs envisagée

Dans un communiqué séparé, Atos a indiqué s'attendre à réaliser sa scission en deux entités au début du deuxième trimestre de 2024, "compte tenu du calendrier prévu pour l'obtention des autorisations réglementaires". Atos envisageait auparavant de boucler cette opération d'ici à la fin de cette année.

L'assemblée générale des actionnaires visant à approuver cette opération sera organisée au préalable et sera précédée d'une journée investisseurs, a précisé Atos.

En amont de l'assemblée générale, Atos présentera les "informations pertinentes" concernant les états financiers proforma aux bornes de Tech Foundations et d'Eviden, actuellement en cours d'établissement dans le cadre de l'opération envisagée.

"Le test annuel de dépréciation des actifs ("impairment test") que le groupe effectue en fin d'exercice pourrait conduire cette année à la comptabilisation d'une dépréciation significative découlant, parmi d'autres facteurs, de l'opération actuellement envisagée portant sur Tech Foundations, ainsi que du prix de l'action d'Atos, s'il devait rester aux niveaux actuels", a prévenu Atos.

Depuis fin juillet et les annonces successives de lourdes pertes au premier semestre et de l'ouverture des discussions avec Daniel Kretinsky, le cours de Bourse d'Atos accuse un repli d'environ 60%.

Le groupe a également indiqué que les négociations exclusives menées avec EPEI, le fonds de Daniel Kretinsky, "pourraient aboutir à la modification de certains paramètres financiers de l'opération envisagée".

"Si l'opération avec EPEI n'a pas lieu, le groupe devra accéder aux marchés de capitaux (dettes et actions) et/ou envisager la vente d'actifs supplémentaires, afin d'assurer une liquidité adéquate pour faire face aux échéances de la dette en 2025", a précisé Atos.

-Alice Doré, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 90; adore@agefi.fr ed: VLV

(Capucine Cousin, L'Agefi, et Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones, ont contribué à cet article)

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