La croissance rentable du SBF 120 se frotte aux effets de l'inflation

La question du pouvoir de négociation sur les prix, évidente au premier semestre, va s'intensifier au second.

Agefi/Dow Jones 20.09.2023
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paris

Crédit photo: AP

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Une résistance pour combien de temps ? Sur les six premiers mois de l'année, les 105 sociétés de l'indice SBF 120 analysées par l'Observatoire ATH de l'information financière, ont réalisé 1.100 milliards d'euros de chiffre d'affaires, un montant en hausse de 4% sur un an. Ce niveau reste toutefois inférieur à l'inflation française, de 5,3% à fin juin. Ces sociétés ont dégagé 139 milliards d'euros de résultat opérationnel au premier semestre, en baisse de 6% sur un an. La marge opérationnelle moyenne a ainsi reculé de 1 point en un an, à 13%.

Ces chiffres sont à relativiser en fonction des biais sectoriels. Ainsi, l'automobile pèse 172 milliards d'euros de ventes (dont 98 milliards d'euros pour Stellantis et 27 milliards d'euros pour Renault), un montant en hausse de 15%. Le résultat opérationnel du secteur progresse de 21%, à 20 milliards d'euros, et sa marge de 0,6 point de pourcentage, à 11,6%.

Pour sa part, l'énergie réalise 167 milliards d'euros de chiffre d'affaires, dont 119 milliards pour TotalEnergies et 47 milliards pour Engie. Soit un recul de 11% (essentiellement dû à Total) après une année 2022 exceptionnelle avec la flambée des prix liée à la guerre en Ukraine. La marge opérationnelle est ainsi tombée à 11,6%.

Pour les autres secteurs - hors ArcelorMittal, dont l'activité et la rentabilité sont en fort recul en raison de la baisse des prix de l'acier -, les ventes progressent de 6,8% et la marge recule de 0,4 point, à 13,4%. Les 92 sociétés concernées, indicateurs de la santé de l'indice, "se portent bien", se félicite François Aupic, associé chez RSM. "Nous nous attendions à des résultats moins performants et plus nuancés après le très bon premier semestre 2022", ajoute-t-il.

Mais une question se pose : les entreprises du SBF 120 vont-elles pouvoir maintenir ce dynamisme au second semestre 2023 ? Autrement dit, "ces sociétés ont-elles la capacité de répercuter sur leurs prix de vente, la multitude d'inflations, sur l'énergie, sur les salaires, sur l'IT [les technologies de l'information, ndlr]... ?", s'interroge Philippe Blin, associé du cabinet Sefac. Alors que l'inflation s'installe à un niveau élevé, la rentabilité opérationnelle pourrait avoir atteint un sommet.

En outre, "les nouvelles réglementations énergétiques et RSE [responsabilité sociétale des entreprises, ndlr] engendreront de nouveaux coûts qui pèseront aussi sur les marges", prévient François Aupic. "Mais attention, les sociétés ne doivent pas faiblir sur le levier technologique, qui permet d'améliorer les process, de gagner des parts de marchés et d'accroître la rentabilité", poursuit l'expert.

Un retournement pourrait avoir lieu dans le sillage du BTP

Les sociétés "vont se faire rattraper par le pouvoir d'achat des ménages", anticipe Philippe Blin. "La baisse des quantités dans les produits de grande consommation va trouver ses limites et, pour les achats lourds comme l'automobile, il sera difficile de convaincre de nouveaux clients pour acquérir des véhicules électriques", estime-t-il. Des éléments qui pourraient peser sur l'évolution des ventes.

Dans leurs commentaires de résultats, les sociétés du SBF 120 se félicitent de leur bonne résistance et de leur résilience, qu'elles attribuent, selon les cas, à un bon positionnement stratégique, à une très bonne maîtrise des coûts, à la résilience et la qualité du modèle économique ou encore à la performance des équipes, relève l'étude ATH.

Toutefois, si les grandes entreprises du SBF 120 résistent bien, les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les petites et moyennes entreprises (PME) peinent davantage. "Le secteur du BTP est en réelle difficulté depuis le début de l'année, et certains secteurs industriels commencent à souffrir", constate François Aupic. "Mais pour les autres compartiments, l'activité reste soutenue."

Des perspectives moins encourageantes et des coûts de financement plus élevés conduisent à l'attentisme. "Un retournement pourrait avoir lieu - il commence dans le BTP - mais il est difficile de savoir quand et de quelle ampleur", conclut François Aupic.

 -Bruno de Roulhac, L'Agefi ed: VLV

Agefi-Dow Jones The financial newswire

(END) Dow Jones Newswires

 

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A propos de l'auteur

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