Banques européennes : la taxe italienne peut-elle faire tâche d’huile ?

Plusieurs couriters soulignent le caractère punitif et peu logique d’une décision à courte vue.

Jocelyn Jovène 08.08.2023
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Crédit photo: AP

L’annonce surprise par le gouvernement italien d’une taxe non déductible sur les marges d’intérêt des banques italiennes plonge le secteur dans l’incertitude au niveau européen.

Si la plupart des établissements italiens reculent de plus de 5% ce mardi 8 août, les autres banques européennes sont en repli de 2% à 3% et pèsent sur les indices boursiers européens.

Selon les calculs de Citi, cette taxe sur les profits pourrait représenter 19% des résultats des banques italiennes en 2023, soit environ 3% de leur actif net tangible et 0,5% de leurs actifs pondérés du risque.

« Cette taxe est négative pour les banques en raison de l’impact à la fois sur le capital et les profits ainsi que pour le coût des fonds propres », souligne les analystes de Citi dans une note.

JPMorgan estime que cette taxe devrait se traduire par une augmentation de 3,5 milliards d’euros de la charge d’impôts des établissements transalpins, avec un impact particulièrement fort pour Intesa SanpaoloBanco BPM et dans une moindre mesure Unicredit.

Si la banque pense que la taxe finale sera revue lors du recalibrage budgétaire de septembre-octobre, « l’impact sur les résultats pourrait être significatif ».

« Pénaliser les banques de ne pas répercuter la hausse des taux d’intérêt sur les dépôts après des années sans avoir répercuté les taux d’intérêt négatifs sur les consommateurs ou lorsque les emprunteurs bénéficiaient de coûts de financement très bas n’est pas très jute », observent pour leur part les analystes de Deutsche Bank.

Ils ajoutent que les expériences passées en la matière n’ont pas été concluantes. Ce fut le cas en 2007, lorsque le gouvernement italien imposa une limite sur la déductibilité des dépenses d’intérêt, ou en 2015, lorsque les intermédiaires financiers (hors sociétés de gestion) subirent une taxe de 3,5% sur leur résultat avan timpôt, rappelle la banque allemande.

Sur le plan boursier, Deutsche Bank observe qu’une expérience similaire en Espagne n’avait produit qu’une baisse temporaire des cours de Bourse, laquelle fut suivie d’un rebond à leur niveau d’avant correction un mois plus tard.

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.