L'administrateur référent gagne de nouvelles recrues au sein du SBF 120

Un outil de plus en plus utilisé pour améliorer la gouvernance et servir de contrepoids au pouvoir des PDG.  

Agefi/Dow Jones 27.03.2023
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Crédit photo : AP

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Un administrateur référent de plus en plus indispensable dans la gouvernance française.

Ces derniers jours, plusieurs sociétés, CarrefourTotalEnergies et FDJ, ont réaffirmé ce rôle par les nominations proposées à leur prochaine assemblée générale (AG).

L'administrateur référent a 15 ans d'existence en France. Issue de la philosophie anglo-saxonne du « lead independent director », « cette fonction a été mise en place pour donner des gages de partage du pouvoir dans les sociétés à PDG.

Leurs attributions, inscrites plus souvent dans le règlement intérieur du conseil que dans les statuts de l'entreprise, sont encore légères », explique Frédéric Genevrier, président d'OFG Recherche, bureau d'analyse en gouvernance.

« Toutefois, un mouvement de professionnalisation et de prise au sérieux de cette fonction se généralise », ajoute-t-il.

A l'instar de Carrefour. Dans le cadre de l'évaluation annuelle de son fonctionnement et pour l'exécution du plan stratégique « Carrefour 2026 », le conseil d'administration du distributeur a décidé d'étendre le rôle de l'administrateur référent indépendant. Désormais, il validera l'ordre du jour des réunions du conseil d'administration et il conduira chaque année deux « executive sessions », réunions du conseil sans le PDG, Alexandre Bompard.

En outre, il est membre des comités d'audit, des rémunérations et stratégique. Actuel administrateur référent indépendant de Carrefour depuis avril 2020, Stéphane Israël, CEO d'Arianespace, est déjà président du comité d'audit.

Pour OFG, le renforcement de ces missions « donne quelques gages », alors qu'Alexandre Bompard demandera lors de l'AG du 26 mai prochain d'être reconduit pour trois ans, avec un an d'avance, afin d'aligner son mandat sur la durée du plan stratégique.

TotalEnergies va supprimer les droits de vote double

Signe de l'importance de cette fonction, le conseil de TotalEnergies a choisi de nommer une forte personnalité comme référent.

Jacques Aschenbroich, ancien PDG de Valeo et aujourd'hui président d'Orange, est administrateur de l'énergéticien depuis 2021. Il prendra ses fonctions à l'issue de l'AG du 26 mai prochain. Il succédera à Marie-Christine Coisne-Roquette, qui perd son statut d'indépendante en raison de ses 12 années de présence au conseil.

« L'actionnariat anglo-saxon de TotalEnergies, de plus en plus important, ne s'oppose pas à une gouvernance à PDG, mais veut avoir un contact direct avec le conseil, via l'administrateur référent », souligne Olivia Flahault, cofondatrice d'OFG Recherche.

Et pour répondre aux attentes de ces investisseurs et en séduire de nouveaux, TotalEnergies proposera aussi la suppression des droits de vote double lors de sa prochaine AG.

BlackRock est le premier actionnaire de TotalEnergies avec 6,2% du capital et 5,3% des droits de vote, après les salariés (6,8% du capital et 11,4% des droits de vote) fin 2021, selon les derniers chiffres présentés par la société sur son site.

« Les choix de TotalEnergies et de Carrefour sont l'expression de la volonté de leur PDG de donner des signes pour construire un dialogue positif avec les actionnaires minoritaires », poursuit Frédéric Genevrier.

Il s'agit d'un « bon outil de communication vis-à-vis du marché », selon lui. L'Autorité des marchés financiers (AMF) met régulièrement en avant le rôle de l'administrateur référent dans le dialogue avec les actionnaires.

Les référents se multiplient dans le SBF 120

Pour sa part, La Française des Jeux (FDJ) proposera lors de son AG du 27 avril d'élire Philipe Lazare comme administrateur.

L'ancien PDG d'Ingenico, censeur de FDJ depuis l'an dernier et membre du comité du Haut comité de gouvernement d'entreprise (HCGE) depuis novembre 2019, succédera à Pierre Pringuet, comme administrateur référent et président du comité de la gouvernance, des nominations et des rémunérations. Il siégera aussi au comité d'audit. "FDJ n'a qu'à bien se tenir !", glisse OFG.

Selon le dernier rapport du HCGE, 42 sociétés du SBF 120, dont 22 du CAC 40 se sont dotées d'un administrateur référent.

Au total, 68% des sociétés du SBF 120 ayant opté pour l'unicité des fonctions ont fait ce choix. Un taux qui monte à 92% dans le CAC 40 et qui progresse chaque année.

Toutes les sociétés, sauf une, précisent les missions dévolues à cet acteur de la gouvernance.

Pour sa part, l'AMF voit dans la nomination d'un administrateur référent, une manière de « prévenir d'éventuels conflits d'intérêts et déséquilibres au sein du conseil ».

Dans son rapport 2021 sur le gouvernement d'entreprise, le régulateur recommandait aux sociétés de publier chaque année un bilan de l'activité de cet administrateur référent, « afin que puissent être appréciés, d'une part, la nature des diligences et missions conduites, et d'autre part, l'usage qu'il a pu faire des prérogatives qui lui ont été reconnues ».

-Bruno de Roulhac, L'Agefi ed: VLV

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(END) Dow Jones Newswires

 

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