EDF : une nationalisation déjà dans le cours

Le groupe est dans une situation financière de plus en plus périlleuse.

Tancrede Fulop 08.07.2022
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Nous maintenons notre estimation de la juste valeur de 8,80 euros par action EDF (« No Moat ») après que la Première ministre français Elisabeth Borne a confirmé la volonté du gouvernement de porter la participation de l'État français dans EDF de 84 % à 100 %.

Cela ne nous surprend pas puisque le président français Emmanuel Macron s'est engagé le 16 mars à nationaliser EDF en cas de réélection.

Le cours de l'action a bondi de 15 % après ces déclarations et est désormais en ligne avec notre estimation de la juste valeur.

Prime de retrait dans le cours

Nous ne nous attendons pas à une prime significative pour un éventuel retrait de la cote.

Notre estimation de la juste valeur intégrait déjà implicitement une telle prime de retrait de la cote.

En effet, nous n'avions pas intégré les dernières baisses des perspectives de production nucléaire française 2022 et l'impact financier négatif correspondant piloté par l'entreprise.

Cela réduirait notre estimation d'EBITDA 2022 de 7,5 milliards d'euros et notre estimation de la juste valeur de 1,50 EUR à 7,30 EUR.

Cependant, nous calculons que l'impact financier total des arrêts de production de 2022, soit 18,5 milliards d'euros selon les indications de l'entreprise, est basé sur des prix moyens de l'électricité sur le marché d'environ 250 euros/mégawattheure.

Dans le sillage de la récente envolée de la crise du gaz en Europe, les prix à terme de l'électricité en France ont bondi à environ 700 EUR/MWh pour le reste de 2022.

En supposant que ces niveaux persistent, nous calculons que l'impact négatif total des arrêts de production en 2022 monterait en flèche à 30 milliards d'euros, réduisant notre estimation de la juste valeur de 3,80 euros à 5 euros.

Le cours actuel de l'action est supérieur de 80 % à ce niveau.

En fin de compte, nous et le marché avions anticipé le retrait de la cotation en n'incorporant pas pleinement l'impact des problèmes massifs rencontrés par EDF en 2022.

Désalignement d’intérêt

La société ne peut pas rester cotée en raison d'un désalignement des intérêts entre l'État français et les actionnaires minoritaires.

Les mesures agressives du gouvernement français pour limiter les hausses tarifaires et la position vendeuse massive induite par les arrêts de production alors que les prix de l'électricité explosent, ont fortement affaibli EDF alors que les besoins d'investissement restent très élevés.

Si les prix à terme actuels de l'électricité persistent, la dette nette pourrait augmenter de 21 milliards d'euros pour atteindre 64 milliards d'euros fin 2022 selon nos estimations.

En conséquence, le ratio dette nette/EBITDA serait resté supérieur à 3 fois dans les années à venir alors que le groupe vise un niveau de 3 fois dès 2023.

Cela aurait ainsi obligé EDF à se tourner à nouveau vers le marché actions alors que la dernière augmentation de capital avait été réalisée en mai.

Une telle opération ne pourrait réussir sans appliquer une forte décote, à notre avis.

 

© Morningstar, 2022 - L'information contenue dans ce document est à vocation pédagogique et fournie à titre d'information UNIQUEMENT. Il n'a pas vocation et ne devrait pas être considéré comme une invitation ou un encouragement à acheter ou vendre les titres cités. Tout commentaire relève de l'opinion de son auteur et ne devrait pas être considéré comme une recommandation personnalisée. L'information de ce document ne devrait pas être l'unique source conduisant à prendre une décision d'investissement. Veillez à contacter un conseiller financier ou un professionnel de la finance avant de prendre toute décision d'investissement.

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A propos de l'auteur

Tancrede Fulop  est analyste actions chez Morningstar.