Les marchés et la stagflation

L'envolée des cours du pétrole renforce le scénario d'une stagflation.

Jocelyn Jovène 07.03.2022
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ukraine

L’intensification du conflit entre la Russie et l’Ukraine et des menaces de représailles de la part du monde occidental à l’égard du régime de Vladimir Poutine ont conduit à une nouvelle baisse significative des marchés financiers dans le monde en fin de semaine dernière.

L’indice CAC 40 retrouve son niveau de mars 2021, tandis que sa valorisation retrouve les niveaux observés au pic de la pandémie de COVID-19.

L’envolée des prix des matières premières, et en premier lieu du pétrole, est dans tous les esprits.

Elle ravive les tensions inflationnistes et conduit à d’importantes pertes de pouvoir d’achat, en particulier pour les ménages les plus modestes, et tend donc à renforcer les inégalités. Le baril de pétrole (Brent) cote autour de 139$ actuellement, un niveau pas vu depuis 2008.

Selon les économistes et stratégistes matières premières de Bank of America, chaque variation de 1 million de barils/jour inattendue de l’offre ou de la demande de pétrole provoque une variation de 20 dollars.

Si les importants de pétrole de Russie devaient s’arrêter, cela représenterait un manque d’offre de 5 millions de barils/jour, voire davantage en l’absence de mesures compensatoires, portant le cours du pétrole vers 200 dollars le baril.

Si un cours du baril représente une perte de croissance de l’ordre de 1%, un baril à 200 dollars se traduirait, selon Bank of America, par une perte de croissance de 2%.

Un tel scénario rendrait la tâche des banques centrales sans doute plus compliquée encore.

Pour les marchés actions, on tend vers un environnement de marché qui ressemble de plus en plus à celui des années 1970 (toutes choses égales par ailleurs), marqué par la stagflation : recul de l’activité économique et hausse des prix.

Dans cet environnement, les marchés actions avaient reculé de manière significative.

Il est intéressant de noter qu’avec un plongeon de 15% depuis le début de l’année, l’indice CAC 40 a sans doute intégré une bonne partie des mauvaises nouvelles.

Mais la psychologie humaine est telle que tant que l’issue du conflit ne se dessinera pas plus précisément, les investisseurs se tiendront à l’écart des actifs risqués pendant un certain temps.

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.