La plupart d'entre nous n’achèteraient pas une maison simplement parce qu'elle semble belle de l'extérieur : nous ferions une visite complète. Nous examinerions la cuisine, vérifierions que la toiture ne fuit pas et que les fondations sont solides.
L'investissement dans un fonds requiert la même attention.
Il faut l'étudier de fond en comble avant d'investir. Si le fonds a bien performé par le passé, ce n'est pas suffisant pour y risquer son argent. Il faut comprendre dans quoi le fonds investit - et comment. Il faut savoir ce qu'il y a dans un fonds pour décider s'il vous convient.
L'approche de Morningstar
Les actifs dans lesquels un fonds investit sont si importants que les analystes Morningstar y consacrent une grande partie de leur temps.
Ils examinent les portefeuilles, évoquent avec les gérants leur stratégie, leurs choix de valeurs et leurs derniers arbitrages.
Savoir ce qu'un fonds détient vous aide à comprendre les mouvements passés, à fixer des objectifs réalistes et à l'intégrer à vos autres investissements.
Au niveau le plus basique, un fonds peut détenir des actions, des obligations, des liquidités (d'habitude du monétaire) ou bien une combinaison de ces trois actifs.
Si un fonds investit en obligations, il peut se concentrer exclusivement sur les obligations émises par des gouvernements ou des sociétés aux bilans très solides avec une probabilité de remboursement de leur dette élevée.
Il peut aussi s'aventurer dans le « high yield » (haut rendement), émis par des sociétés au futur plus incertain.
Les choix de votre gérant vont avoir un impact important sur la performance de votre fonds. Par
exemple, s'il affecte une grande partie de l’argent collecté à un segment très volatil, comme celui des obligations de faible qualité, votre fonds pourra générer de gros rendements à certains moments, mais il y a aussi de grandes chances que vous perdiez de l'argent à d’autres.
Boîte de style des fonds obligataires
La boîte de style Morningstar vous offre une rapide synthèse visuelle de la composition d'un fonds, grâce à une grille de 9 carrés de styles d'investissements indiquant où votre fonds est investi.
Pour les fonds obligataires, la boîte de style se concentre sur deux déterminants clés : la sensibilité du fonds aux évolutions des taux d'intérêt et la qualité de crédit des obligations dans lesquelles il investit.
Ces deux facteurs constituent les deux axes de la boîte de style.
Nous mettons à jour la boîte de style de chaque fonds dès que nous recevons de nouvelles données de la société de gestion. Ainsi la boîte de style permet à l'investisseur de voir si le fonds a changé d'approche.
Alors que la boîte de style actions utilise un axe allant des valeurs de croissance aux valeurs décotées (growth/value) et un autre allant des petites aux grandes capitalisations, la boîte de style obligataire a un axe dédié à la sensibilité aux taux d'intérêt (la « duration » que nous évoquerons plus tard) et un autre à la qualité de crédit.
La sensibilité aux taux d'intérêt est sur l'axe horizontal et est ventilée en trois catégories libellées « faible », « moyenne » et « élevée », la qualité de crédit apparaît sur l'axe vertical en trois catégories dénommées « faible », « moyenne » et « élevée ».
Le positionnement du fonds sur ces deux axes est calculé à partir des moyennes pondérées du portefeuille, cela veut dire que nos calculs donnent davantage de poids à une grosse position qu'à une plus petite dans un portefeuille.
La duration
Abordons tout d'abord la sensibilité aux taux d'intérêt. Connaître la sensibilité aux taux vous permet d'estimer dans quelle mesure le fonds va réagir lorsque les taux montent ou baissent.
Lorsqu'ils montent cela pèse sur les cours des obligations déjà émises, en particulier celles ayant les maturités les plus longues, car les investisseurs préfèrent acheter une nouvelle obligation avec un coupon et donc un rendement plus élevé, plutôt que de conserver une obligation à long terme qui a un rendement inférieur.
L'inverse se passe lorsque les taux baissent. Les investisseurs préféreront acheter une obligation déjà émise avec un rendement plus élevé, plutôt que d'opter pour une nouvelle obligation avec un rendement plus faible. Cette demande tire les cours des obligations existantes.
Pour mesurer la sensibilité aux taux d'intérêt d'une obligation on utilise le concept de duration.
La duration se définit comme le temps moyen que devra attendre le porteur pour recevoir les intérêts et le remboursement du montant principal de l'obligation. Cette mesure du temps est exprimée en années.
En règle générale, toute variation de 1% des taux d'intérêt déclenchera la hausse ou la baisse d'un fonds du montant de sa duration. Par exemple, un fonds obligataire avec une duration de 8 années, perdra environ 8 % si les taux d'intérêt montent de 1 %.
Cela dit, les gérants obligataires ont tendance à ajouter au portefeuille des obligations avec des rendements plus élevés au fil du temps. Dans ce cas, vous pouvez constater une hausse du rendement qui compense en partie la baisse de la valorisation.
Sur la base de la duration, nous ventilons la sensibilité des fonds aux taux d'intérêt en trois catégories :
Faible : Pour apparaître dans cette partie de la boîte de style obligataire, la duration effective moyenne du fonds doit se situer en dessous de 3,5 années.
Moyenne : Pour apparaître dans cette partie de la boîte de style obligataire, la duration effective moyenne du fonds doit se situer entre 3,5 et 6 années.
Elevée : Cette partie de la boîte de style obligataire regroupe les fonds ayant une duration effective moyenne supérieure à 6 années.
Qualité de crédit
Pour déterminer le positionnement du fonds sur l'axe vertical, nous examinons la qualité moyenne de crédit des obligations en portefeuille en tenant compte des taux de défauts en fonction des différentes notations (le taux de défaut augmente lorsque la notation baisse).
En étudiant la qualité de crédit des obligations, vous pouvez vous faire une idée de la capacité de l'émetteur à continuer de rembourser aux porteurs les intérêts dus – un point important si vous recherchez une régularité du revenu, ce qui est le cas de nombreux porteurs obligataires.
Sur la base des seuils suivants, Morningstar calcule une notation crédit moyenne pondérée sur l'axe vertical de la boîte de style :
Qualité de crédit « faible » : cela correspond à une notation de crédit moyenne pondérée par les actifs inférieure à BBB
Qualité de crédit «moyenne» : cela correspond à une notation de crédit moyenne pondérée par les actifs inférieure à AA mais supérieure ou égale à BBB.
Qualité de crédit «élevée» : cela correspond à une notation de crédit moyenne pondérée par les actifs supérieure ou égale à AA.
Nos catégories de fonds renvoient également à la boîte de style.
Par exemple, la catégorie des fonds « high yield » - qui investissent dans des « junk bonds » - regroupe la plupart des fonds ayant une qualité de crédit jugée « faible» dans la boîte de style, alors que notre catégorie « Obligations Emprunts d’Etat Court Terme » regroupe les fonds achetant des obligations gouvernementales, avec une duration peu élevée.
Le nombre de lignes dans un fonds obligataire n'a pas un impact très important sur son évolution.
Toutefois, toutes choses égales par ailleurs, un fonds obligataire avec un nombre de lignes plus important aura tendance à être mois volatil qu'un fonds plus concentré sur un nombre limité d'émetteurs.
Un fonds obligataire peut s'avérer particulièrement risqué s'il s'aventure sur des obligations de qualité inférieure et se cantonne à peu de lignes. Cela a du sens, car le parcours du fonds dépendra alors de l'évolution d'un nombre restreint de signatures risquées.