Buffett justifie sa prudence

Plutôt chahuté durant l'assemblée générale à distance, Warren Buffett a justifié sa prudence tout au long de l'année écoulée.  

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Warren Buffett wide

Si nous devions résumer nos principaux enseignements de l’assemblée générale de Berkshire Hathaway, qui a eu lieu ce samedi 1er mai à Los Angeles dans un format très restreint, nous soulignerions les points suivants: le manque d'activité d’achats par Berkshire lors de la chute des marchés pendant la crise du coronavirus au cours du premier trimestre 2020, la nécessité pour l'entreprise d'augmenter potentiellement ses réserves de pertes liées à la pandémie, l'idée que Buffett pourrait augmenter son coussin de 20 milliards de dollars qu'il avait mis en place pour les opérations d'assurance, ses réflexions sur l’utilisation du cash de Berkshire pour réaliser des opérations de croissance externe, et le positionnement concurrentiel de Geico et de BNSF par rapport à des pairs plus performants.

Le cash avant tout

Notre sentiment général pendant une grande partie de l'année écoulée a été que Berkshire avait raison de garder ses réserves de liquidités, et qu'avec des opportunités d'investissement viables peu nombreuses au cours des 12 derniers mois, la meilleure option pour l’utilisation de la trésorerie excédentaire disponible a été le rachat de ses propres actions.

La première question qui a retenu notre attention a critiqué Buffett pour ne pas avoir suivi sa propre maxime l'année dernière: « avoir peur quand tout le monde est avide et être avide quand tout le monde a peur » en étant « peureux quand tout le monde était encore plus peureux dans les premiers mois de la pandémie de COVID-19, en vendant les titres des compagnie aérienne quasiment au plus bas, et ne profitant pas de la peur qui régnait alors sur le marché pour acheter des actions à des décotes exceptionnelles, et hésitant à racheter d'importantes quantités d'actions Berkshire à des prix très attractifs. »

Transport aérien: un cas d'école

Berkshire ayant des participations minoritaires dans les quatre principales compagnies aériennes américaines et le contrôle de Precision Castparts (qui lui a coûté 9,8 milliards de dollars pour dépréciations de goodwill et d'actifs incorporels au cours du deuxième trimestre de 2020), la décision de sortir du transport aérien consistait davantage à limiter la casse.

Buffett a ajouté lors de la réunion de samedi que la décision de vendre les participations de la compagnie aérienne est intervenue avant l'arrivée des programmes de soutien fédéraux au printemps dernier, et que le risque d’une faillite était plus élevé qu'il n'était à l'aise de prendre.

Avec le recul, tout semble toujours différent, et si les actions des compagnies aériennes ont fortement rebondi depuis mars 2020, c'est grâce au soutien offert par le gouvernement fédéral, ainsi qu'à certaines augmentations de capital.

Opportunités manquées ?

Suite à cette question, une critique dirigée contre Buffett a porté sur la façon dont il avait passé des années à insister sur le fait qu'il avait son « pistolet à éléphant » prêt pour réaliser une grosse acquisition (essentiellement comme un moyen de préserver le trésor croissant de Berkshire au fil des ans).

À notre avis, le premier semestre de 2020 aurait dû être l'une de ces rares périodes pour saisir des opportunités uniques, tout comme ce fut le cas lors de la crise financière de 2008-09.

L’an dernier déjà et cette année encore, Buffett a observé que de nombreuses entreprises avaient bénéficié des effets de la politique monétaire, qui leur permettait d'obtenir de l'argent sur les marchés à de biens meilleures conditions que celle que Berkshire leur aurait données. Cela ne veut pas dire que la société n'a pas reçu d'appels, mais Buffett a affirmé : « nous avons reçu des appels ... mais ils n’étaient pas intéressants. »

Préserver le capital

Charlie Munger, le vice-président de Berkshire Hathaway, a également répondu à la question du manque d'activité de Berkshire l'année dernière dans une interview à la mi-avril 2020 avec le Wall Street Journal, où il a noté que « Warren veut assurer que Berkshire soit une source de sécurité pour les personnes y ont investi 90% de leur patrimoine. Nous serons toujours du bon côté. Cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas faire quelque chose d'assez agressif ou saisir une opportunité. Mais fondamentalement, nous serons assez conservateurs. Et nous sortirons renforcés de cet épisode. »

Comme nous l'avons noté précédemment, la principale chose que nous avons retirée de la réunion de l'année dernière était que Berkshire était extrêmement prudent, compte tenu de toutes les incertitudes entourant la pandémie de COVID-19 et la récession qui a suivi.

Contrairement à la célèbre maxime de Buffett : « avoir peur quand les autres sont avides et être avide quand les autres ont peur », Berkshire a été prudent tandis que d'autres ont sauté sur les marchés, ce qui a conduit à une accumulation encore plus importante de liquidités au bilan de Berkshire Hathaway.

Charlie Munger a ajouté lors de la réunion de cette année que « c'est fou de penser que quelqu'un va être assez intelligent pour tenir l'argent dans ses bras, puis sortir dans une crise folle et tout dépenser. Il y a toujours une personne qui fait cela par accident. Mais c'est une norme trop stricte. Quiconque s'attend à ce que le Berkshire a perdu la tête. »

Ce sentiment de prudence de la part de Berkshire/Buffett/Munger, n'a pas complètement disparu.

Quelques emplettes

Certes, la société a dépensé 8,5 milliards de dollars pour acquérir la quasi-totalité des activités de transport et de stockage de gaz naturel de Dominion Energy au cours de la deuxième moitié de l'année dernière, a investi 26,2 milliards de dollars en actions au cours du dernier semestre et a procédé à des rachats d'actions tout au long de l'année, mais nous avons toujours le sentiment que Buffett préfère être prudent en ce moment.

Il a laissé entendre que Berkshire était susceptible de relever le « coussin » de 20 milliards de dollars pour son activité d’assurance.

Etant donné que la taille des activités d'assurance de Berkshire continue de croître et que l'année dernière, nous avons assisté à un événement sans précédent, cela pourrait nécessiter des niveaux de liquidité plus élevés à l'avenir.

Cela a d’ailleurs donné lieu à un échange intéressant entre Buffett et Ajit Jain, le patron des opérations d’assurance de Berkshire Hathaway, qui a confirmé la nécessité d’un tel renforcement des liquidités réservées à l’activité dont il est responsable.

Nous estimons que Berkshire dispose malgré tout de 116,7 milliards de dollars d’argent disponible pour des acquisitions ou des rachats d’actions.

 

© Morningstar, 2021 - L'information contenue dans ce document est à vocation pédagogique et fournie à titre d'information UNIQUEMENT. Il n'a pas vocation et ne devrait pas être considéré comme une invitation ou un encouragement à acheter ou vendre les titres cités. Tout commentaire relève de l'opinion de son auteur et ne devrait pas être considéré comme une recommandation personnalisée. L'information de ce document ne devrait pas être l'unique source conduisant à prendre une décision d'investissement. Veillez à contacter un conseiller financier ou un professionnel de la finance avant de prendre toute décision d'investissement.

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Valeurs citées dans l'article

NomValeurVariation (%)Notation Morningstar
Berkshire Hathaway Inc Class A600 300,00 USD0,36Rating
Berkshire Hathaway Inc Class B397,74 USD0,21Rating
Dominion Energy Inc48,32 USD3,12Rating

A propos de l'auteur

Greggory Warren, CFA  Greggory Warren, CFA, is a senior stock analyst with Morningstar.