Tesla défie le krach

Au cours actuel, le marché n’envisage que des bonnes nouvelles pour Tesla et semble ignorer tout risque à court ou moyen terme.

Jocelyn Jovène 15.04.2020
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Le coronavirus n’a pas affecté Tesla. Alors que le marché automobile mondial est attendu en forte baisse cette année, en raison des mesures de confinement liées à la maladie Covid-19, les investisseurs ont décidé que Tesla n’était pas concerné.

Si le titre a connu un parcours pour le moins volatil depuis le début de l’année, il affiche néanmoins un progression de 28% quand les principaux constructeurs américains (General Motors, Ford, Fiat Chrysler Automobiles) enregistrent des chutes de respectivement 41%, 45% et 50% au cours de la même période.

La capitalisation boursière de la firme dirigée par Elon Musk atteint 131 milliards de dollars, soit davantage que celle cumulée de ses rivaux nord-américains (respectivement 33, 21 et 17 milliards de dollars).

« Tesla est incroyable. Le marché agit comme si l’entreprise était immune au coronavirus, ce qui est absurde à mon avis », observe David Whiston, analyste du secteur chez Morningstar. « Leur usine principale (Fremont, Californie) est à l’arrêt. La seule usine active est celle de Shanghai, mais elle ne sert que le marché chinois et ne produit que des Model 3s. En aucune manière cette usine ne peut compenser la perte de production de Fremont. »

Cette surperformance n’est visiblement pas liée aux fondamentaux de l’entreprise, mais plus à son caractère de valeur de croissance sur le long terme.

Selon certains courtiers, le titre bénéficierait d’un « flux de nouvelles » positives : des ventes qui repartiraient en Chine, une bonne dynamique de réservations de son « Cybertruck », la perspective d’implantation d’une nouvelle usine (dans le Missouri) et le prochain lancement d’une usine de batteries.

La question plus centrale est de savoir quelle sera la tendance des livraisons au cours des prochains trimestres, en particulier aux deuxième et troisième trimestres, et la consommation de trésorerie (« cash burn ») du constructeur.

« Vu le niveau du cours de Bourse, Tesla devrait sans doute en profiter pour émetter des titres et renforcer son trésor de guerre », suggère David Whiston.

Le titre est une des valeurs les plus échangées en Bourse. Selon Morgan Stanley, le 14 avril, les échanges d’actions Tesla ont atteint 22 milliards de dollars, soit davantage qu’Apple (14 milliards) ou Amazon (moins de 19 milliards).

La valeur est donc devenu une denrée rare que les investisseurs s’arrachent.

Morningstar n’a pas modifié son estimation de juste valeur (239 dollars). Sur la base du dernier cours de clôture (709,89 dollars), le titre semble fortement surévalué.

Au cours actuel, il se traite 55 fois les bénéfices attendus en 2021 (consensus Factset). Tout incertitude sur l’avenir du modèle de Tesla ou déception sur la situation financière du constructeur pourrait donc se traduire par une volatilité élevée du cours de Bourse.

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est le rédacteur en chef de Morningstar France.