Les baleines, un bien public inestimable

Les cétacés sont considérés comme une solution naturelle à la lutte contre le changement climatique, dont la valeur a été estimée à 1.000 milliards de dollars.

Jocelyn Jovène 16.01.2020
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Protéger les baleines, c’est non seulement contribuer à préserver la biodiversité, mais c’est aussi participer indirectement à la lutte contre le changement climatique.

Un rapport conjoint du Fonds monétaire international et du Great Whale Conservancy a récemment mis en évidence l’impact positif des baleines et a même chiffré la valeur de cette contribution à 1.000 milliards de dollars, soit 2 millions de dollars par cétacé. « En matière de préservation de la planète, une baleine vaut mille arbres », écrivent les auteurs de l’étude dans un article publié décembre 2019 dans le magazine Finance & Development du FMI.

Pour lutter contre le changement climatique, l’Homme doit relever deux défis : trouver des moyens efficaces de réduction des émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre ; développer des technologies et trouver les fonds nécessaires pour financer ces efforts.

Parmi les solutions envisagées, la capture du CO2 par l’intermédiaire de puits est aujourd’hui considérée comme complexe, coûteuse et pas assez testée.

Une alternative, ne nécessitant aucune technologie et pourtant efficace en matière de capture de CO2, réside dans l’augmentation de la population de baleines.

Là où il y a des baleines, il y a du phytoplancton. Ces micro-organismes jouent un rôle majeur dans la production d’oxygène, puisqu’ils contribuent à environ la moitié de sa production dans notre atmosphère.

Ce phytoplancton joue également un rôle très important dans la capture de carbone, estimée à 37 milliards de tonnes (40% du dioxyde de carbone produit).

Les baleines elles-mêmes sont un vecteur de capture de carbone, lequel a deux avantages : elles sont les plus gros mamifères au monde et ont une durée de vie très longue (60 ans en moyenne). Une baleine peut ainsi séquestrer 33 tonnes de CO2 en moyenne.

La baleine, de par son cycle naturel, a un effet multiplicateur sur le phytoplancton. A travers ses déchets, qui contiennent notamment du fer et de l’azote, et leurs mouvements (de haut en bas à travers les océans), une baleine joue un rôle de pompe et de convoyeur, ce qui assure une activité de fertilisation sur laquelle se développe le phytoplancton.

Selon l’étude, si la population de baleines pouvait revenir vers 4 à 5 millions d’individus, niveau observé avant le début de la chasse à la baleine de par le monde (contre 1,3 million aujourd’hui), elle pourrait contribuer très significativement à la production de phytoplancton dans les océans et à la capture de carbone.

Un bien public mondial

« Améliorer la protection des baleines des activités humaines produirait de grands bénéfices pour les humains, la planète et les baleines elles-mêmes. (…) Tout ce qu’il faut faire est de laisser vivre les baleines. »

L’existence des baleines et la croissance de leur population se traduit par une externalité positive pour l’homme, sans diminuer son bien-être. On peut donc parler de « bien public » au sens économique du terme.

Et ce bien public a une valeur immense. Selon les auteurs de l’étude, en estimant la quantité de carbone séquestré par une baleine au cours de sa vie et à partir du prix du carbone que l’on discompte à aujourd’hui, et en tenant compte d’impact économique indirects (tourisme, contribution à la biodiversité des océans), la valeur d’une baleine serait de 2 millions de dollars, soit 1.000 milliards de dollars sur la base de la population actuelle.

Si cette dernière augmentait pour atteindre ses niveaux d’avant chasse à la baleine, la création de valeur serait donc très conséquente.

Et selon les auteurs de l’étude, il ne faudrait que 30 ans pour doubler la population de baleines.

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est le rédacteur en chef de Morningstar France.