SAP ouvre un nouveau chapitre de son histoire

La nomination d’un nouveau directeur général est l’occasion de faire le point sur la stratégie de l’éditeur allemand de logiciels.

Brian Colello, CPA 15.11.2019
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La dernière journée investisseurs de SAP a apporté un certain nombre de messages très encourageants.

Nous suivrons toutefois le conseil des co-directeurs généraux Jennifer Morgan et Christian Klein et attendrons de voir s’ils peuvent tenir les objectifs de l’ambition stratégique présentée au marché.

L’éditeur de logiciels a apporté un peu plus de détails quant à la manière dont elle compte atteindre ses objectifs de long terme en matière de ventes et de rentabilité, même si l’orientation stratégique demeure globalement la même.

La société a également cherché à clarifier ce qui semblait être une certaine inquiétude autour de son produit phare S/4HANA, mais sur ce point, les indications du groupe n’ont pas suffi à nous rassurer totalement.

A ce stade, nous maintenons notre estimation de juste valeur de 119 euros par action.

La tâche du nouveau duo n’est pas aisée. Les deux dirigeants ont mis en avant leur souhait de développer un plus grand sens de responsabilité et de s’assurer que les priorités du groupe sont cohérentes dans le temps.

La société estime que la combinaison des compétences de SuccessFactors et Qualtrics (société rachetée en 2018) seront un moteur de croissance important dans le « cloud ». Qualtrics a apporté environ 1.000 nouveaux clients en 12 mois, portant la base de clients à 11.000, et doublant le nombre de clients générant plus de 1 million de dollars de chiffre d’affaires.

Concernant S/4HANA, la société a indiqué que le soucis principal des clients n’était pas de savoir si la migration vers cette nouvelle solution aurait lieu, mais plutôt quand. Les questions, tout aussi importantes, de savoir pourquoi et comment la migration se fera nous semblent également pertinentes.

Le partenariat avec Microsoft dans ce domaine devrait aider la société, SAP tarvaillant sur des outils d’intégration à même de réduire les coûts et délais associés avec la migration vers la nouvelle plate-forme.

SAP a maintenu son ambition 2023 (triplement du chiffre d’affaires « Cloud », 35 milliards de chiffre d’affaires au total, marge brute du cloud de 75% et amélioration de 500 points de base de la marge opérationnelle), tout en offrant des détails de la manière d’y parvenir.

Le segment SaaS/PaaS, plus gros segment dans le « Could » par le chiffre d’affaires, devrait apporter le gros de l’amélioration attendue de la marge brute (passant de 70% en 2019 à 80% en 2023), grâce notamment à l’effet positif de SuccessFactors pour aider les clients à migrer des solutions Oracle, à la contribution de Qualtrics (qui affiche déjà des marges supérieures) et le déploiement de l’infrastructure liée à ces solutions.

La marge brute du « Cloud » devrait s’améliorer de 69% en 2019 à 75% en 2023, mais celle du groupe ne devrait progresser que de 100 points de base – l’amélioration des marges dans le « Cloud » sera en effet mangée d’un effet mix des ventes vers des produits moins margés.

D’un point de vue opérationnel, la société va se concentrer sur les domaines de croissance, éliminer les doublons en termes de coûts et d’offre produit et réduire le niveau de couches hiérarchiques.

SAP vise une marge d’exploitation non-IFRS qui passerait de 29% en 2018 à 34% en 2023, la réduction des dépenses d’exploitaiton permettant de générer 400 points de base sur les 500 visés.

Le groupe devrait affecter plus de ressources à ses produits les plus rentables et à des projets plus innovants.

Des mesures seront également prises en vue de rationaliser les relations avec les 16.000 partenaires et redistributeurs dont le groupe dispose, ce qui devrait se traduire par 100 millions d’euros d’économies.

L’ensemble de ces initiatives devraient permettre de dégager un flux de trésorerie disponible de 4,5 milliards d’euros en 2020 (contre 2,8 milliards en 2018).

D’ici 2023, la dette nette du groupe devrait être réduite de 6,2 milliards d’euros, à 600 millions d’euros. Le retour de cash aux actionnaires se poursuivra à hauteur de 1,5 milliard d’euros et la distribution de dividendes.

Ce que les « Bulls » disent :

- SAP maintient et étend sa position de leader sur le marché des ERP, bénéficiant de la transition de ses clients vers sa plate-forme S/4HANA.

- Le rachat de Qualtrics devrait permettre au groupe de déployer son expertise en gestion des données auprès des ses clients et accélérer l’adoption de S/4HANA.

- Ses partenariats devraient être une source d’économies en matière d’investissements dans une infrastructure dédiée et gagner rapidement des parts de marché dans l’univers du « Cloud ».

Ce que les « Bears » disent :

- La transition vers de nouvelles solutions d’ERP d’ici 2025 pourrait conduire à un taux de perte de clients, lesquels pourraient privilégier d’autres fournisseurs d’ERP ou de solutions SaaS.

- La présence du groupe dans le « Cloud » pourrait échouer à gagner en taille, les clients préférant utiliser les solutions d’Amazon ou de Microsoft.

- Le prix premium que doivent payer les clients de SAP pour ses bases de données dédiées pourrait ne pas susciter l’engouement espéré auprès des clients du groupe, d’autres solutions de bases de données non-relationnelles comme NoSQL ou Hadoop devenant de plus en plus populaires en matières de process de données ou d’analyse.

 

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A propos de l'auteur

Brian Colello, CPA  est analyste actions senior chez Morningstar.