EssilorLuxottica encombré par ses problèmes de gouvernance

La relation tendue entre Leonardo Del Vecchio et Hubert Sagnières pèse sur la bonne marche de la fusion et sur le cours de Bourse du groupe opthalmique.

Jocelyn Jovène 21.03.2019
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Rien de va plus chez EssilorLuxoticca. La bataille autour de la nomination du directeur général de l’ensemble né l’an dernier de la fusion entre le leader mondial français des verres opthalmiques et le fabricant italien de lunettes tourne à l’aigre.

Leonardo Del Vecchio, à travers sa holding Delfin, actionnaire de 31% du groupe, s’en est pris au statu quo décidé par le conseil d’administration lors de sa réunion du 18 mars et a indiqué qu’il se « réserve le droit de prendre les mesures nécessaires ou appropriées pour protéger ses intérêts, ainsi que ceux d’EssilorLuxottica et ses parties prenantes. »

Il a aussi publiquement critiqué l’attitude d’Hubert Sagnières, qui « n’accepte que ce qu’il propose lui-même. »

Alors qu’un chasseur de tête a été mandaté pour trouver un nouveau directeur général, Leonard Del Vecchio a proposé de transférer certaines fonctions opérationnelles à Francesco Milleri, le plaçant de fait dans le siège de pilote du nouvel ensemble – situation que n’accepte pas la partie française.

L’incapacité à trouver une solution à cette crise de gouvernance retarde la mise en œuvre effective de la fusion (la réalisation des synergies a d’ailleurs été repoussée de deux ans) et pénalise le cours de Bourse.

Le 8 mars dernier, les résultats du groupe avaient déjà déçu les investisseurs, en partie du fait du report des synergies que la fusion devait apporter, mais également au regard de la prévision pour 2019 – une croissance des ventes comprise entre 3,5% et 5% (après +3,2% en 2018 sur une base pro forma), et une progression du résultat opérationnel de 0,8 à 1,2 fois celle des ventes.

« Le marché est de plus en plus inquiet de la gouvernance du nouvel ensemble et de la capacité d’atteindre l’objectif de synergies sans une personne responsable pour piloter cette strucutre de management complexe ; le comité d’intégration est dirigé par deux responsables d’Essilor et Luxottica qui rapportent directement aux président et vice-président du groupe », notait Morningstar dans une note datée du 8 mars.

Les propos de Leonardo Del Vecchio et la réaction d’Essilor ne plaisent pas : l’action EssilorLuxottica perd plus de 6% à la Bourse de Paris à la mi-journée et recule de 11% depuis le début de l’année, alors que l’indice CAC 40 progresse de 13% dans le même temps.

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est le rédacteur en chef de Morningstar France.