Les ETF en Europe pourraient atteindre 1.000 milliards d’euros en 2020

L’adoption de ces outils de gestion passive pourrait s’accélérer dans les années à venir.

Hortense Bioy, CFA 01.03.2017
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Les actifs sous gestion des ETF domiciliés en Europe ont doublé de taille pour atteindre 550 milliards d’euros au cours des cinq dernières années. Ces supports d’investissement sont aujourd’hui de taille équivalente aux fonds indiciels traditionnels.

La période 2014-2016 a été marquée par une croissance soutenue de l’activité. La collecte a atteint 55 milliards d’euros en moyenne durant cette période, contre 19 milliards d’euros en moyenne au cours des trois années précédentes.

Fin 2016, les ETF représentaient 7,5% des actifs sous gestion de l’ensemble de l’industrie de gestion d’actifs, contre 5% cinq ans auparavant. Les ETF vendus en Europe représentent 17% du marché mondial des ETF, selon les données Morningstar.

1 billion en 2020

Les perspectives du marché des ETF sont encourageantes. Aidés par un environnement réglementaire porteur, l’innovation des fournisseurs d’ETF et la reconnaissance croissance de l’intérêt de frais de gestion les plus faibles possibles pour générer de la performance sur le long terme, les investisseurs se tournent de plus en plus vers ce type d’outils.

En supposant que les tendances récentes se poursuivent, l’industrie en Europe pourrait bien atteindre, voire dépasser 1 billion d’euros (1.000 milliards) d’ici 2020.

Parmi les moteurs de croissance figurent notamment les ETF obligataires. Jusqu’ici, le marché était presqu’exclusivement animé par les lancements de produits actions. La profondeur et l’étendue de la gamme d’ETF s’est enrichie ces dernières années, et touche des classes d’actifs différentes, notamment les obligations.

Dans l’univers des matières premières, la fortune des ETF a été ces dernières années en grande partie déterminée par l’intérêt des investisseurs pour l’or, qui reste un métal précieux dominant. Les actifs investis en ETP ont rebondi, même si, à 7,8%, leur part de marché est bien inférieure aux 19% observés il y a cinq ans.

Consolidation de l’industrie

Le marché européen est concentré. Les trois premiers acteurs contrôlent environ les deux tiers des actifs sous gestion, mais la distance entre le numéro un (iShares) et les numéros deux (db X-trackers) et trois (Lyxor), est significatif.

La nature fragmentée du marché sur un plan géographique explique la structure du marché en Europe. Devenir un acteur pan-européen nécessite de bâtir un réseau de distribution étendu et de disposer d’une offre de produits compétitive disponible sur plusieurs places boursières pour répondre aux besoins d’une clientèle diversifiée.

Ceci s’est traduit par une offre parfois importante pour la même exposition en termes d’indices répliqués. Par exemple, on compte pas moins de 12 ETF qui suivent l’indice Euro Stoxx 50. Chacun de ces ETF est disponible sur une ou plusieurs des 13 places boursières où ils sont échangés.

Peu d’opérations de concentration ont eu lieu ces dernières années : rachat des activités de Credit Suisse par iShares ; rapprochement entre WisdomTree et BosstETP, ou reprise des activités Market Access ETF de RBS par China Post.

ComStage, filiale de Commerzbank, pourrait être l’un des prochains acteurs qui serait mis en vente ; Source est souvent cité comme un autre acteur qui pourrait être cédé.

L’impact de la réglementation

La plus grande transparence imposée à l’industrie financière par la réglementation dans de nombreux pays développés devrait être un élément favorable pour les fonds à bas coûts de toutes sortes, et les ETF et fonds indiciels devraient en particulier en bénéficier.

En Europe, la directive MIFID II, qui doit entrer en vigueur en janvier 2018, devrait rendre plus transparentes les transactions autour des ETF. La réglementation, dont l’un des objectifs est la protection des investisseurs, devrait également contribuer à améliorer la liquidité des marchés, et améliorer l’information sur le réel degré de liquidité des instruments financiers, ETF y compris.

En améliorant l’information des investisseurs sur les frais, les prix et la liquidité, MIFID II devrait agir en faveur des ETF.

Par ailleurs, MIFID II devrait conduire à la disparition progressive des rétro-commissions et promouvoir un modèle économique centré sur les honoraires pour les conseillers financiers. Toutefois l’impact des règles actuellement en discussion pourrait être bien inférieur aux attentes.

Incertitude sur le Brexit

Les conséquences du Brexit pour l’industrie des ETF sont incertaines. Le caractère national des marchés européens a toujours été un élément contrariant pour les ETF, qui sont des produits pan-européens par nature.

En outre, le Royaume-Uni n’est pas la place de choix pour domicilier des ETF. Toutefois, la place de Londres joue un rôle central au regard de son rôle de « hub » pour attirer des capitaux, déployer des activités de gestion d’actifs qui serviront le marché européen. En outre, le LES est une place de cotation importante pour de nombreux ETF.

La bonne nouvelle est que l’industrie financière britannique semble soutenir la directive MIFID II et qu’un intense travail de lobbying est à l’œuvre pour maintenir un régime réglementaire équivalent à celui existant et préserver ainsi un accès au marché unique.

 

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A propos de l'auteur

Hortense Bioy, CFA

Hortense Bioy, CFA  est directrice mondiale de la recherche sur l'investissement durable chez Morningstar