Comgest ne voit pas de « hard landing » en Chine

Le discours des entreprises chinoises est plus modéré, mais la valorisation actuelle des actions offre des opportunités.

Jocelyn Jovène 07.10.2015
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Traditionnellement, les observateurs qui souhaitaient se faire une idée de l’état de l’économie chinoise suivaient des indicateurs tels que la consommation d’électricité, le PMI manufacturier, le taux d’investissement ou l’évolution des exportations.

Mais cela, c’était avant. Depuis que, sous l’impulsion du nouveau pouvoir central, le pays gère, certes dans la douleur, sa mue d’une économie tirée par l’investissement industriel et les exportations à une économie centrée sur la consommation domestique et les services, il est plus opportun de regarder le taux d’occupation des hôtels, les dépenses de commerce électronique, le nombre de polices d’assurance souscrites ou la vente de billets de cinéma, observe Yu Baijing, co-gérante du fonds Comgest Growth Greater China (noté « Bronze » par Morningstar).

Cette transition a récemment provoqué une violente correction boursière en Chine et de nouvelles craintes sur le ralentissement de l’économie, voire un « hard landing ». Des réactions très exagérées selon la gérante.

Certes, le discours des entreprises est plus prudent, mais les perspectives de développement dans de nombreux secteurs de l’économie, comme l’assurance ou les biens de consommation courante, sont toujours aussi solides.

Les sociétés détenues en portefeuille – parmi lesquelles China Life Insurance, Inner Mongolia Yili Industrial (produits laitiers), Kweichow Moutai (spiritueux), Ping An Insurance, NetEase, SAIC Motor Corp ou Wuxi PharmaTech - devraient toutefois être en mesure de voir leurs profits croître de 11% par an au cours des cinq prochaines années, a indiqué la gérante au cours d’un entretien avec Morningstar.

Les investisseurs devraient plutôt s’attacher à la transformation sous-jacente du pays, qui passe notamment par un vaste programme de réformes de structure dans le secteur public notamment.

La politique anti-corruption était la première étape d’un transfert de pouvoir des provinces vers Pékin. Le gouvernement central dispose désormais des leviers nécessaires pour mettre en place des réformes ambitieuses, au moment où les gouvernements locaux sont confrontés à un endettement significatif.

Les services jouent d’ailleurs ont rôle prépondérant dans la croissance économique, en contribuant à hauteur de 64% aux variations du PIB fin 2014, rappelle-t-elle.

A cela s’ajoute une valorisation relativement attrayante, après la correction boursière de cet été. Le P/E à 12 mois du MSCI China était de 8x fin septembre, soit un écart-type en-dessous de sa moyenne historique des dix dernières années.

Une situation qui a conduit l’équipe en charge de la gestion du fonds à rebalancer certaines positions. Depuis le début de l’année, profitant de la hausse de la Bourse, certaines positions – Hengan, Golden Eagle Retail Group, Tingyi ou MediaTek - ont été vendues, quelques nouveaux noms sont entrées en portefeuille – Airtac ou Weifu High-Tech.

L’exposition à des titres comme China Mobile, Minth, TSMC ou Zhengzhou Yutong Bus a été accrue.

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.