Etats-Unis : le consommateur résiste

Au regard de la volatilité sur les marchés, les incertitudes liées à la Chine et sur les taux, on pourrait s’attendre à une certaine frilosité du consommateur américain. A tort.

Robert Johnson, CFA 06.10.2015
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Malgré le ralentissement de la croissance économique mondiale, nos prévisions ont peu évolué depuis le mois de juin.

Notre prévision de croissance a été relevée de 10 points de base, car nous pensons que l’économie se porte un peu mieux que ce que nous avions anticipé il y a seulement trois mois. Compte tenu des éléments sur l’état de la consommation des ménages, nous pensons que la croissance du PIB américain pourrait atteindre 3% au cours du troisième trimestre.

Source: Morningstar.

Le consommateur continue de bien se porter, les exportations nettes n’ont pas conduit au désastre tant redouté, et les dépenses publiques ne reculent plus. Le marché immobilier continue d’apporter une contribution significative à la croissance du PIB. L’investissement est plus modéré.

Ce qui a changé au cours du 3ème trimestre

Les principaux changements observés au cours des trois derniers mois sont liés à la Chine. La devise a été dévaluée, et de nombreux indicateurs économiques pointent vers un ralentissement du pays. Cette tendance n’est pas nouvelle et Morningstar a souligné à plusieurs reprises les risques liés à ce pays.

Pourtant, l’annonce de la dévaluation du yuan a remis sur le devant de la scène certaines des faiblesses de l’économie chinoise. Comme nous l’avions anticipé, une Chine qui ralentit a été un élément positif pour l’économie américaine, car une petite diminution des exportations a été plus que contrebalancé par la chute du cours des matières premières, qui provoquent un transfert de richesses en faveur du consommateur américain.

L’autre élément important a concerné la Fed et l’évolution de l’emploi américain. La Fed n’a cessé de reporter sa décision de remonter son taux directeur. Bizarrement, le marché de l’emploi s’est amélioré beaucoup plus que ce qu’anticipait la Fed, mais l’inflation est restée en-deçà de son objectif.

Comme nous l’avons écrit, nous sommes moins inquiets que la Fed à propos de la situation économique en Chine et souhaitons voir une petite hausse des taux directeurs prochainement. En reportant sa décision, la Fed a semé le doute et créé une incertitude qui déplaît fortement aux marchés financiers. L’incertitude est le pire ennemi des marchés et ces derniers ont réagi en conséquence. A mi-parcours d’année, les marchés actions US et émergents avaient peu évolué. Sur le seul troisième trimestre, ils ont subi une correction importante, même si elle n’a pas créé de réelle opportunité pour les investisseurs.

La croissance américaine est solide, mais des défis demeurent

Les Etats-Unis semblent toujours dans une situation économique décente lorsqu’on les compare au reste du monde, avec une dépendance plus limitée au commerce international que la plupart des autres blocs régionaux. La bonne tenue du consommateur américain est un autre facteur de poids positif.

Cela ne veut pas dire que le pays sera imperméable aux problèmes du moment. Les mesures de la santé du consommateur sont positives, mais elles ont tendance à ne pas s’accélérer et certaines se sont mêmes affaiblies récemment. Après une pause, les indicateurs de production manufacturière se sont eux aussi réduits récemment, en partie à cause de la nouvelle faiblesse du cours des matières premières.

Toutefois, sur la base des éléments connus au terme du troisième trimestre, l’année 2015 prend une tournure plutôt encourageante avec une croissance solidement ancrée autour des 2,5%. Les tendances démographiques sur le long terme pointent elles vers un taux de croissance de l’économie entre 2% et 2,5%.

 

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A propos de l'auteur

Robert Johnson, CFA  Robert Johnson, CFA, is director of economic analysis with Morningstar.