La Russie, un casse-tête pour les investisseurs

La Bourse de Moscou est fortement sous-évaluée. A long terme, le pari peut s’avérer payant, mais au prix d’une forte volatilité à court terme.

Valerio Baselli 23.01.2015
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“What comes down must go up”, dit-on outre-Atlantique. Le plus difficile, bien sûr, est de savoir quand. En 2014, au centre des préoccupations médiatiques, politiques et économiques, il y avait la Russie. Le principal indice boursier de la Bourse de Moscou, le MICEX, est chuté l'année dernière de 46% (en euros, en monnaie locale - le rouble - la perte a été de 7%). Un investisseur "contrarien", donc, se demanderait si le pays des Tsars pourrait être un bon pari pour l’avenir.

Une situation complexe

En réalité, le contexte russe est loin d'être simple. Au conflit avec l'Ukraine et les sanctions économiques qui ont suivi, il faut ajouter l’effondrement du prix du pétrole.

La crise s’est aggravée le 15 décembre, lorsque le rouble a perdu 10% face au dollar en une seule journée, ce qui a poussé la banque centrale à relever le taux d'intérêt à 17% (contre 10,5% auparavant) et à financer la plus grande compagnie pétrolière dans le pays (Rosneft) avec 11 milliards de dollars afin de payer les dettes arrivant à échéance à la fin de l’année. Cela a soulevé de sérieuses préoccupations quant à la capacité des entreprises russes d’honorer leurs engagements.

Les prévisions pour 2015

“Les événements de l’an dernier et les possibles développements négatifs ont été largement intégrés par les marchés”, observe Igor Danilenko, responsable actions pour TKB BNP Paribas Investment Partners. “Par exemple, au cours des dernières semaines la réponse du rouble à la baisse du pétrole a été plus modérée qu’au cours du mois de décembre. Cependant, les grandes banques d'investissement, les institutions internationales et les autorités russes s’accordent à prévoir une récession de 5% en 2015. Je pense que la baisse potentielle du marché pour 2015 devrait être limitée”, explique le gérant. “Le prix actuel du pétrole (45-50 dollars le baril) n’est pas soutenable à moyen et à long terme, même s’il peut rester à ces niveaux pendant quelques mois”.

Malgré ces difficultés, il y a quelques points positifs. “L'excédent des opérations courantes devrait augmenter cette année du fait d’une baisse 50% des importations, ce qui devrait fournir une source de financements pour rembourser la dette extérieure et stabiliser le rouble”, a déclaré Danilenko. “En plus, les exportations russe de matières premières sont très diverses: au-delà du pétrole, du gaz, des métaux et des diamants, le secteur de l’or, en particulier, est en excellente santé.”

Un pari hautement risqué

Si le conflit entre Moscou et Kiev, ainsi que l’effondrement du pétrole puis du rouble, peuvent être considérés comme des “cygnes noirs”, c’est-à-dire des événements difficiles voire impossibles à prévoir, il faut admettre que l’économie russe n’était pas très en forme avant tout cela. Aujourd'hui, est-il intéressant d’exposer une partie de son portefeuille?

“Les valorisations sont très faibles et cela offre la possibilité de obtenir de la performance”, explique Danilenko, “en particulier pour les investisseurs ayant un horizon de temps assez long, et qui peuvent résister à la volatilité qui va sûrement rester élevée cette année. De nombreuses entreprises russes, en particulier les exportateurs, sont en mesure de payer des dividendes à deux chiffres, même en devises fortes”. Il est évident, cependant, que les risques demeurent.

“Une baisse potentielle de la note souveraine pourrait conduire à une pression supplémentaire sur les obligations et les actions, car elle déclencherait une vente automatique par des investisseurs passifs, tels que les ETF, qui ne sont pas autorisés à posséder des titres non-investment grade”.

Des gérants plus prudentes, mais avec des différences

Même les gestionnaires professionnels sont bien conscients du danger d’investir en Russie. Ce n’est pas surprenant, donc, que l’exposition moyenne aux titres cotés à Moscou des fonds de la catégorie Morningstar Actions Marchés Emergents (disponibles à la vente en France) soit passé de 6,14% à 2,52% au cours de la dernière année.

Et pourtant, si nous regardons seulement les fonds avec une note des analystes Morningstar « Silver » (il n'y a pas de Gold dans cette catégorie), nous observons de grandes différences : on passe, en effet, de 8,63% du fonds Brandes Emerging Market Equities au 0,24% du fonds Echiquier Global Emergents.

Cliquez ici pour voir les fonds de la catégorie Actions Russie.

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A propos de l'auteur

Valerio Baselli

Valerio Baselli  est éditorialiste sénior chez Morningstar.