Une ambiance de fin de monde, à nouveau ?

Les signes de fuite vers la qualité se multiplient. Les investisseurs devraient faire preuve de prudence au moins à court terme.

Jocelyn Jovène 16.01.2015
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La croissance américaine repart. La Fed, la BCE et la Banque du Japon sont toujours dans une posture accommodante. L’euro et le pétrole chutent, ce qui devrait être favorable à une grande partie de la cote. Et pourtant, les investisseurs sont de plus en plus nerveux. Leur nervosité s'est accrue cette semaine après la décision surprise de la BNS d'abolir le cours plancher avec l'euro. Cette nouvelle a provoqué une onde de choc à travers de nombreuses classes d'actifs.

Depuis le début de l’année, l’or a déjà pris 7%. Le rendement du 10 ans américain recule 44 points de base depuis le début de l’année. A 1,75% il n’est plus qu’à une trentaine de points de base du plus bas atteint en juillet 2012, lorsque le marché « priçait » l’implosion de la zone euro. Le rendement du Bund et de l’OAT ne cessent de reculer à des plus bas historiques.

Le dollar continue de s’apprécier face à un panier de devises. Il atteint même des plus niveaux pas vus depuis 2009

La volatilité des actions européennes (mesurée par le VSTOXX) ou américaines (mesurée par le VIX) atteint les niveaux observés pendant la correction d’octobre dernier.

Pendant ce temps, alors que la plupart des brokers faisaient le pari d’un raffermissement de la croissance économique mondiale, les marchés actions souffrent : l’indice MSCI World cède 2,8% depuis le début de l’année, pénalisé notamment par le recul de… Wall Street.

Alors que les Etats-Unis sont sensés connaître la croissance la plus rapide et jouer un rôle de « moteur de la croissance mondiale », le S&P 500, après une belle année 2014, perd 3,1% depuis le 1er janvier. La BCE doit annoncer dès le 22 janvier une série de mesures pour soutenir le système financier européen, ce qui serait là aussi favorable aux actifs risqués.

Certes, il peut sembler hâtif de tirer des conclusions sur l’évolution des marchés financiers, surtout après tout juste deux semaines de cotations. Mais il y a bien quelque-chose qui se passe sur les marchés et qui ne s’est visiblement pas encore apparu au grand jour.

Il n’empêche, la conjonction d’autant d’indicateurs d’une fuite vers la qualité devrait conduire les investisseurs à adopter une attitude prudente et à attendre d’y voir plus clair avant de commencer à s’exposer aux actifs risqués. Et se rappeler l’enseignement de Benjamin Graham : c’est lors des phases de volatilité que les opportunités les plus intéressantes se présentent.

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.