Areva suspend ses prévisions, le titre plonge

Le groupe nucléaire présentera de nouveaux objectifs avant la publication de ses résultats annuels.

Jocelyn Jovène 19.11.2014
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Rien ne va plus chez Areva, pas même sa communication financière. Dans un communiqué diffusé mardi soir, le groupe nucléaire indique qu'il suspend ses prévisions financières pour 2015 et 2016, "dans le cadre des travaux menés à échéance régulière par le directoire".

L'explication de cette abandon de ses objectifs financiers est justifié selon le groupe par plusieurs éléments, notamment un nouveau planning de flux de trésorerie lié au projet d'EPR Olkiluoto 3 en Finlande (qui a déjà coûté plusieurs milliards d'euros au groupe suite à l'accumulation de retards), le "glissement du calendrier de redémarrage des réacteurs japonais", la "révision des hypothèses de lancement de nouvelles constructions de réacteurs" et "l'atonie persistante du marché des services à la base installée, y compris en France".

La nouvelle a provoqué une rechute du titre qui retrouve son niveau de juin 2012. A 10h, il perdait 17% à 10 euros.

Plusieurs courtiers, parmi lesquels Natixis Securites ou Kepler Cheuvreux, ont indiqué qu'ils révisaient à la baisse leur objectif de cours et ont adopté une vue plus prudente sur le titre.

"Même si nous considérons toujours qu'Areva a, à moyen terme, la capacité de réussir sa mutation industrielle dans un environnement nucléaire offrant des opportunités de croissance, trois nettoyages successifs soulignent, au minimum, un sérieux problème de visibilité", écrivent les analystes de Natixis dans une note aux investisseurs.

Pour Kepler, "Areva continuera à brûler du cash en 2014 et 2015 (respectivement 600 et 400 millions d'euros selon nos estimations) (...). Avec une dette de 5 milliards d'euros en moyenne sur les deux prochaines années et un EBITDA de moins de 1 milliard d'euros, nous ne pouvons exclure le scénario d'une recapitalisation de 1,5-2 milliards d'euros pour maintenir le ratio dette nette/EBITDA à environ 3x."

L'hypothèse d'une levée de fonds est également évoquée par les analystes crédit de Tullett Prebon, qui voient une nouvelle tension sur les spreads de crédit du groupe nucléaire. "Le rating devrait reculer d'un cran mais les spreads actuels reflètent déjà un profil High Yield", écrit le broker dans une note.

Ces difficultés d'Areva reflètent à la fois une conjoncture morose en Europe et dans de nombreux pays émergents, mais également la difficile maîtrise des projets stratégiques, notamment ceux liés aux nouvelles générations de réacteurs nucléaires.

Cette nouvelle décevante vient s'ajouter à une série d'avertissements sur résultats déjà longue pour Areva.

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.