Que faire quand le gérant de votre fonds s’en va ?

Avant de vendre le fonds concerné, les investisseurs doivent se poser plusieurs questions.

Mara Dobrescu 18.11.2014
Facebook Twitter LinkedIn

L’industrie de la gestion collective est marquée par une instabilité des effectifs et il n’est pas rare qu’un gérant quitte une société pour s’installer à son propre compte ou pour rejoindre une société concurrente. Ainsi, fin septembre, le légendaire directeur des investissements de PIMCO, Bill Gross, annonçait son départ pour rejoindre la société Janus. Début octobre, c’était au tour de Francisco García Paramés, le CIO de Bestinver, de quitter la société où il avait pourtant passé plus d’une vingtaine d’années, pour lancer sa propre boutique de gestion.

Lorsque de tels changements ont lieu, les investisseurs doivent se poser plusieurs questions avant de décider s’il convient de conserver ou de vendre le fonds.

A quel point le gérant était-il impliqué dans la stratégie ?

Certains fonds sont gérés par des modèles quantitatifs, à l’image des fonds indiciels où il n’y a que peu d’intervention humaine. Dans ce cas, un départ dans l’équipe n’est pas forcément catastrophique.

Est-ce que le changement de gérant est de nature à faire évoluer le profil du fonds ?

Certaines approches bénéficient d’une gestion véritablement collégiale, avec des équipes de gérants et analystes qui déterminent ensemble le positionnement des portefeuilles, pour toute une gamme de fonds. Le départ d’un gérant aura donc un impact limité, pourvu que les autres ressources à disposition du fonds restent intactes.

Il ne faut donc pas céder à la panique et prendre le temps de la réflexion. Néanmoins, si vous arrivez à la conclusion que le départ du gérant aura un impact significatif sur le fonds, d’autres facteurs sont à prendre en compte avant de décider de se séparer du fonds.

Quelle est l’expérience et l’expertise de la personne qui remplacera le gérant ?

Il est important de vérifier l’expérience totale du nouveau gérant, mais également son expertise sur la classe d’actifs qui forme l’univers d’investissement du fonds. Un gérant qui a jusqu’alors géré des fonds de petites capitalisations japonaises n’a aucune légitimité à gérer par exemple un portefeuille de grandes valeurs de la zone euro.

Le fonds répond-il toujours à vos besoins ?

Si le nouveau gérant apporte avec lui une nouvelle manière de gérer le fonds, celui-ci ne répondra peut-être plus nécessairement à vos attentes ou à la place que vous lui aviez réservée dans votre portefeuille. Par exemple, si vous aviez acheté un fonds d’actions françaises et que le nouveau gérant a décidé d’élargir l’univers à l’Europe, cela peut perturber l’allocation géographique de votre portefeuille. Il peut alors être envisageable de se séparer du fonds.

Au niveau des fonds notés par les Analystes Morningstar, dès qu’intervient un changement du gérant, la note du fonds concerné est mise « Sous Surveillance ». Nous réévaluons ensuite le fonds à l’aune de nos cinq piliers de recherche.

Nous rencontrons le nouveau gérant et utilisons d’autres sources d’information pour essayer de cerner, comme évoqué ci-dessus, son niveau d’expérience, son style de gestion, mais aussi son interaction avec l’équipe déjà en place. Nous attribuons ensuite une nouvelle Note des Analystes Morningstar qui traduit notre conviction sur le potentiel du fonds.

Ainsi, suite au départ de Bill Gross, la note des Analystes Morningstar du fonds PIMCO GIS Total Return (désormais géré par une équipe de trois gérants - Mark Kiesel, Mihir Worah et Scott Mather) a été abaissée à Bronze, contre Gold précédemment.

De manière plus générale, une société de gestion où il y a une forte instabilité des équipes milite généralement pour la prudence. Un fonds qui change de gérant tous les ans est à éviter !

Nous préférons chez Morningstar les gérants qui sont aux côtés des investisseurs pour le long terme : cela passe notamment par un alignement de leurs intérêts sur ceux des porteurs de parts. Une telle stabilité est favorisée par des structures de rémunération orientées vers le long terme (avec des bonus qui prennent en compte la performance des fonds gérés sur un horizon significatif, 3 et 5 ans), ainsi que par des investissements personnels conséquents des gérants dans les fonds dont ils ont la charge.

Facebook Twitter LinkedIn

A propos de l'auteur

Mara Dobrescu

Mara Dobrescu  est analyste Fonds chez Morningstar France