Entre panique et espoir, les gérants tentent d’expliquer la correction

Les sociétés de gestion multiplient les tentatives d’explication à la correction boursière, qui prend de l’ampleur depuis quelques jours.

Jocelyn Jovène 16.10.2014
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Face à une volatilité pas vue depuis de nombreux mois sur les marchés financiers, les gérants de portefeuilles sont obligés de communiquer davantage pour tenter de rassurer leurs clients.

La correction boursière prend des proportions inédites, qui seraient justifiées par les craintes d’une détérioration plus importante des perspectives de l’économie mondiale, et notamment la possibilité d’une troisième récession en zone euro.

Un sommet atteint 8 minutes après l’IPO d’Alibaba

« L’indice S&P 500 a atteint son pic à 2.019 points environ 8 minutes après le lancement le 19 septembre de l’introduction en Bourse d’Alibaba », notent les stratégistes de Bank of America Merrill Lynch (BofAML) dans une note datée du 15 octobre.

La tension sur les marchés est palpable, comme l’illustrent les indicateurs de volatilité. L’indice de volatilité VSTOXX, qui est basé sur les options d’achat et de vente échangées sur les valeurs composant l’indice Euro Stoxx 50, a atteint 35,5, son plus haut niveau depuis mi-2012, alors qu’il ne se traitait qu’à 19 il y a seulement une semaine.

Dans une lettre envoyée aux investisseurs ce jeudi, les spécialistes d’OFI AM évoquent « une volatilité de séance qui rappelle 2011-2012 ». L’accumulation de facteurs de peur sur les marchés expliquent ce regain de volatilité : détérioration d’indicateurs récents concernant l’économie américaine (ventes au détail, enquête d’activité de l’état de New-York), la montée d’une risque sanitaire (Ebola) en plus des risques géopolitiques…

Tentative de prise de recul

Pour BofAML, la correction est pilotée par un « choc de croissance » (à travers les Bourses européennes et les marchés de l’énergie) et « par la crainte d’une chute des résultats plutôt que par la peur de taux plus élevés ».

Cette analyse est partagée par plusieurs gérants, lesquels évoquent la prise en compte d’un scénario « noir » par les marchés – essentiellement la perspective d’un affaissement de la croissance économique mondiale.

Comme d’autres gérants d’actifs, Fidelity considère que les marchés connaissent une « correction de milieu de cycle » propice à s’exposer aux marchés actions, plutôt qu’à les déserter.

Verre à moitié plein

« Du point de vue du cycle de marché à long terme, nous sommes toujours dans un contexte de marché haussier qui, selon moi, a encore de belles années devant lui », observe ainsi Dominic Rossi, responsable des investissements actions du gérant américain.

« Face à la perte de repère actuelle, les baisses concomitantes des matières premières et de l’euro ne sont pas considérées. Elles sous-tendent pourtant la nécessaire poursuite de l’interventionnisme des banques centrales et doivent ramener progressivement les investisseurs à une lecture du verre à moitié plein, à l’œuvre depuis deux ans », note de son côté les spécialistes de Ginjer Asset Management dans un courrier électronique.

BofAML estime même que la « capitulation » des investisseurs serait proche, et prend pour témoin plusieurs indicateurs : le niveau de liquidités dans les portefeuilles (remonté à 4,9% dans la dernière enquête de la banque), les flux qui retournent vers les marchés monétaires, le recul des « gagnants » d’hier (dollar, technologie, santé, banques, haute rendement, dette de la zone euro) au profit des « perdants » (petites capitalisations).

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.