EdRAM privilégie toujours les actifs risqués

Le scénario d’une reprise de l’économie mondiale favorise les obligations de la périphérie et le haut rendement, ainsi que les actions européennes selon EdRAM.

Jocelyn Jovène 26.03.2014
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Le scénario d’une reprise de l’économie mondiale semble se confirmer. Les investisseurs peuvent donc maintenir une exposition aux actifs risqués, en privilégiant des stratégies de portage (« carry ») dans l’univers obligataire, les actions des pays développés, de préférence européens et les obligations convertibles ont indiqué mardi des responsables de la gestion d’EdRAM.

Remontée des taux

Après avoir largement digéré la phase du « tapering » et de première remontée rapide des taux longs américains, l’attention du marché se focalise désormais sur la partie intermédiaire de la courbe des taux.

« Le timing de la remontée des taux va devenir central pour les investisseurs », a souligné Philippe Uzan, directeur des gestions d’EdRAM. « Cela aura un impact très sensible sur la forme de la courbe des taux, ainsi que sur la performance des secteurs en Bourse, sur le dollar et sur le marché obligataire européen ».

Au plan macro-économique, si la Fed a mis en avant la semaine dernière un panel plus large de statistiques plutôt qu’un seul indicateur (taux de chômage), les gérants d’EdRAM considèrent important de suivre de près l’évolution des salaires, qui ont commencé à donner des signes d’amélioration tout récemment.

Le carry plutôt que la duration

« Le tapering est ‘pricé’ dans le prix des obligations », a estimé Guillaume Rigeade, gérant obligataire chez EdRAM et membre de l’équipe Allocation et dette souveraine.

On devrait assister à une évolution divergente des courbes des taux aux Etats-Unis, où l’on devrait voir un aplatissement, et en Europe où l’on tendrait plutôt vers une pentification.

Dans un environnement de remontée des taux (EdRAM voit 3,50% pour le 10 ans américain fin 2014), les investisseurs doivent plus se focaliser sur les sources de rendement et faire attention au risque de duration.

Face à la normalisation des politiques monétaires, des opportunités d’investissement existent toujours dans les obligations souveraines de la périphérie de la zone euro (Italie, Portugal). En revanche, les obligations « core » (Allemagne) et « semi-core » (France, Pays-Bas) sont à éviter car très exposées au risque de taux.

Dans l’univers du crédit, le mouvement de baisse des spreads a été cohérent avec la normalisation des taux et l’amélioration de la conjoncture. Mais là encore, les stratégies de portage sont à privilégier, ce qui conduit Guillaume Rigeade à regarder le haut rendement, les financières (notamment la dette subordonnée).

Les actions européennes privilégiées

Si aux Etats-Unis, le potentiel de revalorisation semble désormais limité après la hausse quasi-rectiligne de Wall Street depuis 5 ans, les investisseurs ont commencé à procéder à des mouvements de rotation sectorielle.

Les valeurs de biotechnologie et Internet aux Etats-Unis, que certains observateurs voient en situation de surchauffe voire de bulle, ont entamé un mouvement de correction à la suite des propos de la Fed.

« Désormais, la variable la plus importante pour les actions américaines est la croissance du chiffre d’affaires plutôt que l’amélioration des marges qui avait joué un rôle moteur jusqu’ici », estime Philippe Uzan.

En Europe, « on doit retrouver de la croissance bénéficiaire après une nouvelle année de léger recul », a-t-il souligné. Le gérant anticipe d’ailleurs un début de rattrapage des profits des entreprises européennes sur les sociétés américaines et privilégie la revalorisation des sociétés « domestiques » par rapport à celles exposées à la croissance mondiale.

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.