SLJ Macro : le « tapering » aurait dû débuter en septembre

La baisse du chômage risque de placer la Fed dans une situation compliquée en matière de politique monétaire.

SLJ Macro Partners 10.12.2013
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Cet article fait partie de la série "Perspective", qui regroupe des contributions externes. Le texte suivant a été rédigé par Stephen Jen, fondateur et associé au sein de la société de gestion global macro SLJ Macro Partners.

James Bullard de la Réserve fédérale de St Louis a indiqué hier qu’il serait souhaitable de débuter le « tapering » en décembre, pour prendre acte de l’amélioration des statistiques économiques américaines.

Maintenant que le consensus table plutôt sur un mouvement de baisse des achats d’actifs de la Fed en mars prochain, je me demande si la Fed ne pourrait pas surprendre à nouveau, car c’est ce qu’ils font.

Depuis la publication du rapport sur l’emploi américain vendredi dernier, j’ai lu de nombreux commentaires mais aucun n’a mentionné l’importance du taux de chômage à 7%. Le 19 juin dernier, lorsque Ben Bernanke avait suggéré l’idée que la Fed pourrait réduire ses achats d’actifs dès l’automne de cette année pour arrêter complètement le QE3, il avait mentionné un taux de chômage de 7% comme le niveau avec lequel coïncidera l’arrêt du QE3 : « lorsque les achats d’actifs se termineront, le taux de chômage devrait se situer autour de 7%, la croissance économique solide permettant de créer plus d’emplois. »

Si, depuis le 19 juin, la Fed a clairement pris ses distances avec cette référence au taux de 7%, la réalité est que la Fed n’a même pas commencé à réduire ses achats d’actifs alors que le taux est de 7% - soit le niveau auquel elle avait indiqué que les achats d’actifs seraient terminés.

La Fed cherche à prendre du retard sur l’économie, mais c’est déjà le cas – le retard est précisément de 3 mois. Je connais les nombreuses raisons techniques qui poussent la Fed à attendre mars pour agir, mais à ce moment-là, le taux de chômage pourrait bien se situer vers 6,7%.

Cela signifierait que le début du « tapering » interviendrait trop près d’un taux de chômage qui se rapprocherait des 6,5% qui est le niveau possible (bien que peu probable) auquel une hausse des taux directeurs devrait débuter – ou bien que la réalisation du « tapering » pourrait coïncider alors que le taux de chômage évoluerait bien en-deçà du niveau de 6,5%.

On pourrait penser que la Fed cherche à maintenir une distance temporelle suffisante entre la fin du QE3 et le resserrement de sa politique monétaire…

En d’autres termes, en retardant son « tapering » trop longtemps, la Fed va (i) prendre le risque de réduire ses achats d’actifs alors que le taux de chômage sera passé sous la barre des 6,5%, au moment où le marché spéculera sur le timing de la hausse des taux directeurs, estimant que cette hausse interviendra immédiatement après le QE3 et/ou (ii) devoir réduire ses achats d’actifs à un rythme bien plus rapide qu’anticipé pour éviter la situation (i).

Toutes ces complications en termes de tactique sont dues au fait que la Fed aurait dû commencer à agir en septembre dernier.

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A propos de l'auteur

SLJ Macro Partners

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