Mouvement de balancier entre value et growth

Entre 2003 et 2007, les titres décotés ont largement surperformé les valeurs de croissance, avant que l’inverse ne se produise.

Jocelyn Jovène 15.07.2013
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Source: MSCI, données en base 100.

Depuis le début de la crise financière, les investisseurs ont privilégié les valeurs à croissance visible et de qualité ("growth") plutôt que les valeurs décotés ou "value" (graphique).

"New Normal"

La faillite de Lehman Brothers en septembre 2008 et la récession qui a suivi ont contraint au désendettement l’ensemble des agents économiques, érodant le potentiel de croissance de la plupart des pays développés, avec aujourd’hui un contrecoup sur la croissance des pays "émergents".

Certains commentateurs ont évoqué un « new normal » pour qualifier cette situation de croissance durablement molle. A ce jour, les injections massives de liquidités par les banques centrales n’ont pas vraiment réussi à replacer les pays développés sur une trajectoire de croissance plus soutenue (les Etats-Unis repartent doucement, l’Europe est en récession et le monde émergent ralentit).

Dans ce contexte, la croissance visible offerte par certaines entreprises – présentes dans des secteurs comme le luxe, les boissons, les produits d’hygiène et de beauté, ou la santé – a été activement recherchée par les investisseurs. Jusqu’à une période récente, ces titres ont également été recherchés car ils avaient des caractéristiques quasi-obligataires (visibilité sur le coupon, faible risque de défaut).

La qualité se paie

"La logique pour des investisseurs qui retiennent un biais qualité dans leurs portefeuilles est toujours pertinente", écrivaient les stratégistes de Citi dans une note datée du 4 juillet. "Dans un monde où les risques macro-économiques demeurent, nous continuons de privilégier les valeurs de qualité en raison de leur capacité à offrir croissance bénéficiaire, rentabilité et appréciation de leur cours de Bourse."

David Finch, stratégiste chez  Exane BNP Paribas, considère même qu’il est justifié de payer certains titres relativement cher, compte tenu du potentiel de croissance offert sur le long terme : "Payer 20 fois les résultats d’une entreprise qui connaîtra une croissance de 20% sur les 10 prochaines années représente un investissement deep value. Payer 5 fois les résultats pour une entreprise dont les profits seront nuls dans 5 ans ne l’est pas", écrit-il dans une note datée du 15 juillet.

En somme, la qualité se paie et tant que la croissance économique restera incertaine, les titres de qualité ont de bonne chance de rester les valeurs préférées des investisseurs.

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.