Pourquoi l’information est plus ou moins complète ?

En ces temps de suspicion, les investisseurs cherchent à savoir ce qu’il y a dans les fonds.

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"Pourquoi est-ce que sur votre site il n’y pas les inventaires de tous les portefeuilles ? "

Nous publions sur le site public une synthèse des portefeuilles des fonds. Cela prend plusieurs formes, dont la Boîte de Style qui d’un coup d’œil permet de savoir si un fonds est plutôt investi en grandes, moyennes ou petites capitalisations. Pour cela nous demandons aux sociétés de gestion de bien vouloir nous communiquer régulièrement les inventaires de portefeuille de leurs fonds. Certaines sociétés de gestion nous communiquent régulièrement leurs inventaires, d’autres pour des raisons de confidentialité nous communiquent ces informations plus rarement, ou jamais.

Prenons le cas du fonds BNP Paribas Europe Dividende par exemple. Sa Boîte de Style indique que ce fonds est plutôt investi en grandes capitalisations avec un profil valeur. Pour l’investisseur il est intéressant de pouvoir identifier le profil de style du fonds dans lequel il est investi. Les actions de style "valeur" ont souvent un comportement défensif alors que les actifs "croissance" tendent à particulièrement bien performer en phase de marché haussier.

Cette Boîte de Style donne en fait une image synthétique du fonds. Elle est obtenue en définissant pour chaque actif du fonds quel est son style

Les différents points du graphique précédent représentent les actifs détenus par le portefeuille ; à chacun d’eux est attribué un profil en termes de capitalisation et de style. Ainsi, l’action Nestlé est classée en grande capitalisation (en fait en "géant") croissance. On voit que le fonds compte quelques moyennes et petites capitalisations boursières, mais de façon marginale. La taille de chaque point indique son poids dans le portefeuille.

Consolider les informations

On peut consulter la liste des 10 premières valeurs du portefeuille, en date de fin septembre. On constate que Nestlé, représentant 3,3% des actifs du fonds, arrive en quatrième position.

Autre enseignement intéressant : le fonds compte une soixantaine de lignes dont les 10 premières ne représentent guère plus de 34% du total. Il arrive parfois sur des fonds de convictions que les gérants prennent des paris forts sur certaines valeurs. On obtient alors des portefeuilles où les 3 ou 4 premières lignes pèsent chacune entre 7 et 10%, et le Top 10 plus de 60%. Si ces "poids lourds" du portefeuille sont très corrélés, alors on court le risque d’avoir un fonds en fait moins diversifié que ne le laisse supposer le nombre de lignes de son portefeuille.

Sauf cas particulier, comme par exemple lorsque l’on cherche les fonds qui détiennent un actif spécifique tel que le fonds LuxAlpha, c’est moins l’analyse de chaque valeur prise individuellement qui présente de l’intérêt que l’appréciation du portefeuille dans son ensemble.

Ainsi, à fin septembre le fonds BNP Paribas Europe Dividende affichait-il un bon niveau de diversification globale, avec entre autres 20% des actifs dans les secteurs de l’information dont 14% pour les télécommunications. En revanche on constate que les valeurs du secteur financier pesaient alors 30% du portefeuille.

Des pratiques très diverses

Les statistiques qu’il est possible de calculer à partir de l’inventaire d’un fonds (allocation sectorielle, allocation géographique, capitalisations, etc) sont utiles pour l’analyse du fonds lui-même. Mais elles ont aussi un rôle à jouer dans le cadre de la construction d’un portefeuille de fonds bien diversifié. Elles permettent de mesurer l’exposition globale d’un portefeuille de fonds aux différentes classes d’actifs et d’identifier le cas échant des expositions que l’on juge trop importantes, par exemple à la Russie ou aux télécommunications.

On le voit, l’intérêt de connaître la composition d’un fonds est de mieux identifier les moteurs de performance et les risques associés. Et d’obtenir ainsi une vision plus complète des différentes classes d’actifs du portefeuille de fonds que l’on a constitué.

S’agissant de la communication de ces inventaires, il convient de noter que la législation varie d’un pays à l’autre. Si aux Etats-Unis les sociétés de gestion doivent communiquer leurs inventaires de portefeuille tous les trimestres, en France elles doivent le publier dans leur rapport annuel (1 fois par an). En outre, l’AMF indique que tout investisseur en OPCVM peut obtenir communication "de la composition du portefeuille de l’OPCVM (situation en fin de semestre, voir le prospectus pour les modalités d’obtention de ces informations)".

Pour information, indiquons qu’au Lichtenstein cette information est publiée tous les trimestres, comme en Espagne, en Suède ou encore à Taïwan. Qu’elle est disponible sur une base mensuelle au Portugal ; et 2 fois par an en Chine.

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A propos de l'auteur

Frédéric Lorenzini

Frédéric Lorenzini  est Directeur de la Recherche de Morningstar France.