La revanche du Soleil Levant

Le marché japonais semble maintenant être hors du radar des investisseurs, mais il pourrait réserver des surprises à l'avenir.

Valerio Baselli 17.10.2012
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Près d'un an et demi après le tsunami qui a dévasté les côtes du Japon, provoquant l'arrêt de la centrale nucléaire de Fukushima, la Bourse de Tokyo semble être sur la voie de la guérison. L'indice MSCI de la région a bondi de 5,7% au cours des 12 derniers mois (en euro, au 11 Septembre 2012).

Un marché oublié

Pourtant, le marché japonais semble avoir été mis de côté par les grands investisseurs mondiaux. "Il suffit de penser que même les analystes des banques d'investissement ont en effet abandonné la couverture du marché japonais : la moitié des actions de l’indice Topix n’est pas suivie», déclare Sam Perry, gérant des fonds Pictet Japanese Equity Selection et Pictet Japanese Equity Opportunities. "En conséquence, les progrès des sociétés japonaises sont ignorés".

Les raisons sont nombreuses et sont profondément enracinées dans l'histoire récente. Depuis l'éclatement de la bulle bancaire du début des années 90, le Japon se retrouve embourbé dans un contexte de déflation et de croissance faible, que les politiques monétaires ont essayé de combattre, en vain. Comme si cela ne suffisait pas, les récentes catastrophes naturelles ont mis à rude épreuve l'économie du pays et causé d'énormes pertes à l'industrie.

En outre, les fondamentaux japonais sont loin d'être favorables. À court terme, l'économie est fortement affectée par la crise de la dette souveraine en Europe et par le ralentissement économique mondial, chinois en premier lieu, ce qui se reflète sur les exportations, qui souffrent déjà à cause de l'appréciation du yen.

Des valorisations au plus bas

Dans un tel scénario, les investisseurs internationaux se détournent d'un marché qui au cours des vingt dernières années n’a pas donné de grandes joies. Pourtant, quelque chose semble avoir changé.

"Les valorisations des sociétés japonaises n'ont jamais été aussi attrayantes", déclare Perry. "Au cours des 40 dernières années, il y a eu seulement trois jours où le Price-to-book ratio moyen (c'est à dire le rapport entre le prix du marché d'une action et sa valeur comptable) a été à son niveau actuel, de 0,8". En plus, la rentabilité des actionnaires est en augmentation. Selon les données de Pictet, le taux de dividendes des actions japonaises est de l’ordre de 2,6%, largement supérieur à celui des actions américaines.

Un secteur bancaire sain

"Le secteur bancaire japonais est très différent de ce qu'il était il y a dix ans", affirme Sam Perry. "Après plusieurs injections de capitaux, fusions, nationalisations des banques les plus faibles et le nettoyage (forcé) des mauvaises dettes, le système bancaire japonais se retrouve avec des bilans solides, un ratio d’endettement très bas et des liquidités disponibles en grande quantité." Cette disponibilité commence à être utilisée pour accorder des crédits aux entreprises et acheter des actifs sur les marchés mondiaux, remplaçant ainsi les banques occidentales qui n'ont plus les moyens de le faire.

Adieu la déflation ?

La Banque du Japon (BoJ) a mis à jour ses estimations de croissance du PIB à 2,3% pour l'année en cours (les estimations précédentes prévoyaient une croissance de 2%). Une bonne partie de ces ajustements positifs tient aux investissements de long terme liés à la reconstruction des zones touchées par le tsunami, qui d’après le gouvernement auront le plus gros impact au cours de 2013.

"Le retour à la croissance économique et la reconstruction qui n'a pas encore produit ses effets positifs, nous donnent à penser que, finalement, après plusieurs faux départs, le Japon est sur le point de sortir de la déflation", explique le gérant de Pictet.

Leader technologique

Enfin, il ne faut pas oublier que les entreprises japonaises sont des leaders dans certains domaines, en particulier dans la technologie. "Les investisseurs ont l'impression que les entreprises japonaises ne sont plus compétitives, mais Sony et Sharp ne représentent certainement pas l'ensemble du marché", rappelle Perry. «Dans nos portefeuilles il y a des sociétés dans lesquelles nous croyons beaucoup, comme Murata, qui produit des composants pour les smartphones, et Nippon Ceramic, société innovante dans le domaine de l'efficience énergétique".

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A propos de l'auteur

Valerio Baselli

Valerio Baselli  est éditorialiste sénior chez Morningstar.