La volatilité : l’utiliser, y faire face ou l’éviter ?

Responsable de la gestion alternative chez BNPP AM, Antoine Gautier donne une autre vision de ce qui est habituellement considéré comme un risque.

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La crise a marqué un tournant: à tout moment, les marchés peuvent prendre pour cible n’importe quel acteur (y compris un Etat) à la crédibilité ou la situation financière fragile qui, devant refinancer sa dette, est confronté à un accès limité à la liquidité. Ces crises de liquidité sont fréquentes et se traduisent par des pics de volatilité. Les autorités monétaires et budgétaires pourraient intervenir, mais chaque nouvelle intervention accroît la défiance des investisseurs à l’égard du système financier et laisse peu de souplesse pour endiguer la crise suivante.

La volatilité a récemment fait son retour: entre fin juillet et le 9 septembre, la volatilité de l’indice Eurostoxx 50 (VSTOXX) s’est envolée, passant de 28 à près de 54. Vu le manque de visibilité entourant la croissance économique ou le résultat des interventions politiques, il est difficile de positionner les portefeuilles. C’est pourquoi nous abordons ici le thème de la volatilité et certaines stratégies selon nous efficaces dans cet environnement.

La volatilité – mesure de la vitesse relative à laquelle le prix d’un titre augmente et baisse – peut être établie à partir des prix de marché de ce même titre (volatilité historique) ou de ses produits dérivés négociés sur le marché (volatilité implicite). Lors d’un choc de marché, la volatilité s’accroît, tout comme les cours des indices de volatilité ou des options sur la volatilité correspondants. Les régimes de volatilité changeant fréquemment, les façons de l’aborder aussi ; voici les trois qui, selon nous, fonctionnent le mieux.

Utiliser la volatilité

Il est possible de tirer parti d’une volatilité élevée et de l’aversion au risque. Par exemple, être long de volatilité peut être intéressant sur le plan tactique : la propension naturelle au retour vers la moyenne de la volatilité implicite offre des opportunités d’achat de couvertures lorsque la volatilité retrace après s’être hissée à un niveau élevé. En termes d’allocation d’actifs, étant donné les potentielles fortes fluctuations des actifs sous-jacents, il convient de réévaluer fréquemment l’exposition et le niveau de volatilité au sein d’un portefeuille. Une autre approche de la volatilité du marché serait de recourir à des stratégies de « Covered Call », c’est à dire vendre des options d’achat à court terme sur les titres détenus en portefeuille. C’est une approche d’investissement défensive sur les marchés actions dont les gains sont également liés au niveau de la volatilité. A mesure que les marchés actions baissent, les primes tirées de la vente des options servent de protection et de source de profits supplémentaires. Une telle stratégie implique de faire attention aux échéances des options d’achat qui sont vendues. Celles à plus court terme sont à privilégier car elles captent une part importante de la volatilité implicite et présentent peu de risque de valorisation défavorable en cas d’augmentation de la volatilité.

 Faire face à la volatilité

Il est possible de faire face à la volatilité en adoptant des stratégies sur actions à faible volatilité – telles que la « minimum variance » ou l'« Overlay » de risque. Ces stratégies permettent d’optimiser le profil risque/rendement d’un portefeuille d’actions. L’objectif de la première est de maximiser le potentiel de performance par unité de risque, sachant que les actions les moins risquées tendent à générer de meilleures performances ajustées du risque que les actions plus risquées1.

Dans l’environnement volatil actuel, ces stratégies peuvent constituer une alternative intéressante car elles ont tendance à concentrer les investissements aux segments de marché défensifs, qui présentent une faible volatilité et possèdent un bêta peu élevé. Une stratégie d’« Overlay » de risque offre quant à elle, une solution aux engagements à long terme des institutionnels tout en gérant les contraintes à court terme. Elle réduit l’exposition au risque lorsque le ratio de financement ou le capital disponible sont au plus bas et la renforce lorsque la situation s’améliore. Cet ajustement de l’exposition totale en risque d’un portefeuille se fait grâce aux produits dérivés, donc sans entraver la sélection des titres. Ainsi, la pondération des actifs risqués est ajustée en fonction de l’évolution des marchés afin d’atteindre un objectif prédéterminé.

Eviter la volatilité

Enfin, on peut recourir à des investissements qui ne sont pas valorisés sur la base d’un prix de marché quotidien2 et qui évitent donc, en grande partie, la volatilité. Par exemple, les fonds privés regroupent des investissements dans des actifs non publics tels que des sociétés non cotées, des infrastructures et d’autres actifs réels. Il s’agit de stratégies à long terme dont l’horizon d’investissement moyen est de huit à dix ans. Leur rentabilité est fondée sur des critères de sélection stricts : leurs performances opérationnelles au cours de plusieurs cycles économiques complets et la capacité des équipes de gestion à suivre les entreprises dans leur développement. En effet, ces actifs sont détenus pendant de nombreuses années et leur valorisation est déterminée par les résultats financiers des sociétés, l’ensemble des flux de capitaux privés, les taux de rentabilité, le coût de la dette, le sentiment des investisseurs et le comportement des marchés actions.

Investir dans ces produits permet aux investisseurs de se diversifier en se protégeant contre la volatilité à court terme des marchés financiers cotés.

Grâce à leurs différents régimes de volatilité, les marchés actuels offrent diverses opportunités, utilisées soit en tant que source d’alpha comme dans le cas de certaines stratégies à performance absolue, soit pour réduire une exposition au risque. Quoiqu’il en soit, expérience et savoir-faire sont les clés de la réussite pour éviter les écueils de ces périodes très risquées.

1 Source : Recherche BNP Paribas Investment Partners (BNPP IP)
2 Des actifs qui ne sont pas « marked to market »

Les avis exprimés dans la rubrique Perspectives n'engagent que leurs auteurs. Pour apporter une contribution à cette rubrique, contactez Frédéric Lorenzini, Directeur de la recherche.  

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A propos de l'auteur

Morningstar Europe Editor  .