Ce que l’on vous dit (ou pas) sur votre fonds obligataire

Les points essentiels qui doivent selon nous figurer dans les reportings des fonds obligataires

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Nous avons récemment publié un article sur le jargon des fonds obligataires qui faisait un tour d’horizon des éléments à prendre en compte avant d’investir dans ce type de fonds. Mais encore faut-il que les investisseurs puissent connaître ces éléments. Avant d’acheter un fonds, ils peuvent consulter les fiches produit ou « reportings » qui sont disponibles sur les sites internet des sociétés de gestion. Ces reportings, le plus souvent mis à jour tous les mois, donnent la performance du fonds et permettent (ou en tout les cas devraient permettre)  d’en savoir plus sur le positionnement du portefeuille et la stratégie poursuivie par le gérant.

Les pratiques de communication et de transparence varient fortement d’une société de gestion à l’autre et avec elles, la qualité de ces « reportings ». Dans leur recherche qualitative des fonds, les analystes Morningstar accordent une grande importance à la qualité de la communication des sociétés de gestion avec les investisseurs. Cette communication est, à notre avis, un bon indicateur de la culture d’investissement d’une société de gestion et de son attitude globale envers les porteurs de parts de ses fonds. Le « reporting » obligataire, sans noyer l’investisseur sous un déluge de données, doit fournir suffisamment d’informations pour lui permettre de comprendre les risques pris par le fonds et ses moteurs de performance.

Duration

La duration du portefeuille, qui est l’un des facteurs les plus importants au moment d'investir dans un fonds obligataire, est vraiment un strict minimum à fournir aux investisseurs. Elle doit être présentée avec la duration de l’indice de référence pour fournir un élément de comparaison. Idéalement, il est même souhaitable de disposer de l’évolution historique de la duration du fonds et de celle de son indice. Le positionnement du portefeuille sur les différentes parties de la courbe des taux (court-moyen-long), par rapport à son indice, offre un niveau de détail supplémentaire qui est utile.

Qualité de crédit

La qualité de crédit est un autre facteur clé qui va influencer le risque et la performance d'un fonds obligataire. La qualité de crédit moyenne du portefeuille est donc une information essentielle mais pas suffisante. En effet, seule la répartition des actifs par notation de crédit, comparée à l’indice, permet d’avoir une vision plus précise du type de risque en portefeuille. Cette donnée est d’autant plus importante pour les fonds d’emprunts privés où l’exposition aux obligations à haut rendement (« high yield ») joue un rôle important dans le rendement et la volatilité. Parallèlement, la répartition du portefeuille par classe d’obligations est tout aussi importante, en particulier pour les fonds obligataires diversifiés. Ces derniers investissent en effet sur un large spectre d’obligations : gouvernementales, garanties par l’Etat et supranationales, sécurisées (« covered bonds ») et privées. Connaître l’allocation du fonds sur ces différents types d’obligations par rapport à son indice donne une idée des paris en place et du positionnement plus ou moins offensif du portefeuille. Pour les fonds investis uniquement en obligations privées, l’allocation du portefeuille par secteur économique est également fort utile. Les différents secteurs peuvent se comporter de façon très différente en fonction de conditions de marché, comme l’ont montré le comportement des obligations du secteur bancaire en 2008 et 2009.

Devises

Pour les fonds investis en obligations internationales, en plus de tous les éléments cités plus haut, un bon reporting doit fournir la répartition du portefeuille par pays et devises, les deux pouvant être différents l’un de l’autre si le fonds a recours des instruments de couverture du risque des changes. Le marché des changes est en effet particulièrement volatil, notamment sur les monnaies des pays émergents. Sur un fonds obligataire, l’exposition devises peut avoir un impact très significatif sur la performance et la volatilité qui sera plus important que la duration ou la qualité de crédit. C’est donc un  facteur à ne surtout pas négliger.

Produits dérivés

Une grande majorité de gérants obligataires utilisent les produits dérivés pour gérer leur portefeuille. Un « reporting » de bonne qualité doit à notre avis prendre en compte les produits dérivés dans tous les calculs de données que nous avons déjà évoqués. C’est le seul moyen pour l’investisseur d’avoir une image fidèle des risques supportés par le fonds. Après les déboires provoqués par certains de ses produits dérivés lors de la crise du crédit, il nous semblerait également de bon augure d’indiquer aux investisseurs si le fonds a recours à ces produits, le type d’instruments utilisés, leurs valeurs comptable et économique.

Commentaire de gestion

Enfin, le « reporting » doit comporter un commentaire du gérant sur ses choix de gestion. Lors de nos recherches, nous trouvons trop souvent des commentaires de gestion vagues sur les évolutions du marché au cours du mois ou trimestre écoulé. Nous pensons que ces commentaires seraient beaucoup plus instructifs s’ils étaient replacés dans le contexte du fonds lui-même par rapport à ces évolutions : positionnement du portefeuille sur les principaux points précités, principales décisions d’achat et de vente accompagnées des raisons qui y ont conduit et explication de la performance.

Quelques exemples...

Dans les faits, toutes ces informations sont malheureusement souvent incomplètes ou tout simplement absentes des « reportings » fournies par les sociétés de gestion. Il existe néanmoins quelques exceptions. Parmi les fonds notés qualitativement par Morningstar, les fiches mensuelles du fonds HSBC Euro Government Bond par exemple nous semble de bonne facture tout comme celle des fonds Elan Euro Souverain ou AXA WF Euro Crédit Plus.

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A propos de l'auteur

Mathieu Caquineau, CFA

Mathieu Caquineau, CFA  Analyste fonds senior, Morningstar France