Kraft Heinz empêtré dans les difficultés, mais sous-évalué

Après avoir pris beaucoup de retard sur ses concurrents, Kraft Heinz semble décidé à investir de manière plus soutenue dans l'innovation et le marketing.

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Kraft Heinz est parvenu à afficher une deuxième période consécutive de croissance organique à 2% au cours du quatrième trimestre, cette bonne nouvelle qui tranchait avec les performances passées a été complètement occultée par le repli des marges, une enquête de la SEC sur sa compabilité (gendarme boursier américain) et une baisse du dividende trimestriel de 0,625 dollar à 0,40 dollar.

La sanction boursière a été à la mesure de ces déceptions, le titre chutant de 31% en cinq séances de Bourse.

Au cours du trimestre, la marge opérationnelle ajustée s’est contractée de 440 points de base à 21,1%, dont 260 points de base liés à l’érosion de la marge brute à 32,4% (en partie à cause de l’inflation des coûts de production et de transport).

Ces difficultés devraient perdurer, mais nous pensons que la décision du groupe d’accroître ses dépenses pour soutenir ses marques (marketing, innovation produit) et ses outils (gestion des catégories, commerce en ligne) vont dans le bon sens.

Depuis plusieurs années, le groupe agro-alimentaire accusait un net retard sur ses concurrents en matière de dépense marketing et en R&D.

Nous prévoyons de réduire notre estimation de juste valeur de 60 dollars par action, mais estimons que le titre est sous-évalué.

L’attention centrée uniquement sur la gestion des coûts et la rentabilité s’est faite au détriment du positionnement concurrentiel du groupe, ce qui a pénalisé la croissance de ses ventes (26,3 milliards de dollars en 2018 contre 27,4 milliards au moment du rapprochement entre les deux entités).

La démonstration la plus claire de cette perte de compétitivité s’est matérialisée dans l’annonce d’une charge de 15 milliards de dollars pour dépréciation des actifs (Canada, Oscar Meyer, produits fromagers).

Le groupe devrait engager une revue de ses activités et céder celles qui sont le moins profitables, ce qui devrait lui permettre de concentrer ses efforts marketing et d’innovation, et réduire par la même occasion son niveau d’endettement (dette nette sur EBITDA ajusté de 4,4x fin 2018).

L’enquête de la SEC ne porterait que sur des sommes modestes, de l’ordre de 25 millions de dollars, qu’il faut relativiser au regard des 12 milliards de dollars d’achats réalisés par le groupe, hors matières premières.

 

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